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muth et antimoine, et servent à mettre la pile en rapport avec les fils du galvanomètre. Pour garantir les faces de l'appareil contre tout rayonnement latéral, on se sert de deux tubes prismatiques de cuivre T, T', noircis sur leur face intérieure, de 4 à 5 centimètres de longueur, qui coiffent exactement les deux extrémités de la pile. Chacun de ces tubes, d'ailleurs, est muni d'un opercule mobile S, S', qui tantôt obture complétement, tantôt laisse ouverte son extrémité libre.

Quand on veut faire une observation de chaleur rayonnante, on abaisse ces deux opercules et l'on attend que l'aiguille du galvanomètre se fixe au zéro de la graduation; cela indique que les deux faces de la pile sont en équilibre de température. Alors on relève l'opercule du côté de la source de chaleur rayonnante, et la face correspondante de la pile est seule échauffée par le flux de chaleur incidente, tandis que l'autre est tenue à l'abri de tout rayonnement. De cette manière, l'effet traduit par la déviation de l'aiguille du galvanomètre est dû tout entier à la chaleur rayonnante émanée de la source qu'on se propose d'étudier.

Dans les limites dans lesquelles sont comprises les observations faites avec les piles thermo-électriques, les différences de température des deux faces de l'instrument sont directement proportionnelles aux intensités des courants électriques produits. Pour comparer entre elles les diverses températures observées, il suffit donc d'avoir un moyen d'apprécier, dans chaque expérience, l'intensité du courant électrique. Sans doute les déviations de l'aiguille du galvanomètre sont d'autant plus considérables

que le courant a plus d'intensité, mais il n'y a pas exacte proportionnalité entre ces deux éléments: une aiguille s'étant écartée, par exemple, de 10 de sa position d'équilibre sous l'influence d'un courant donné, s'écartera de moins de 20 et de moins de 30° sous l'influence d'un courant d'intensité double ou triple. Il faut donc, expérimentalement et pour chaque galvanomètre, étudier les rapports qui existent entre les intensités du courant et la marche de l'aiguille influencée. La science possède des procédés exacts pour dresser des tables qui permettent de déduire l'intensité du courant électrique du nombre de degrés dont l'aiguille s'est écartée de sa position d'équilibre. Ce n'est pas ici le lieu d'exposer ces moyens; il nous suffit de dire qu'à l'aide de ces tables une fois construites, on parvient à établir rigoureusement les rapports qui existent entre les températures des divers flux de chaleur rayonnante reçus sur une des faces de la pile, puisque ces rapports sont les mêmes que ceux des intensités des courants observés. La pile thermo-électrique n'étant pas employée pour la détermination de la température des êtres vivants, nous ne pousserons pas plus loin l'étude de cet instrument; ce que nous en avons dit nous paraît suffisant pour comprendre la théorie d'un appareil du même genre, qui a rendu de grands services à la physiologie expérimentale: nous voulons parler des aiguilles thermo-électriques.

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Tous les autres métaux jouissent, comme l'antimoine et le bismuth, de la propriété de devenir le siége de cou

rants électriques, quand ils sont accouplés deux à deux et que leurs soudures sont maintenues à des températures différentes. Nous devons ici nous borner à l'étude du for et du cuivre, qui seuls ont servi à la construction d'instruments employés dans les recherches de physiologie. Si aux deux bouts d'un barreau de fer F (fig. 11) on soude deux barreaux de cuivre C, C, et si les extrémités

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M et N de l'appareil sont mises en rapport avec le fil d'un galvanomètre G, tant que les deux soudures B, B' seront à la même température, l'aiguille aimantée restera immobile, aucun courant électrique ne se manifestera. Mais, du moment qu'une des deux soudures est chauffée, l'aiguille du galvanomètre est mise en mouvement par un courant dirigé de manière à traverser la soudure la plus chaude, en marchant du cuivre vers le fer. Si la soudure B est chauffée, le courant se dirige dans le fil du galvanomètre de N en G et de G en M; si, au contraire, on chauffe la soudure B', le courant marche en sens inverse et parcourt le fil du galvanomètre de M en G et de G en N. Cette propriété a été mise à profit pour construire des aiguilles, composées de deux métaux, assez déliées pour être enfoncées dans les tissus des êtres vivants, et destinées tantôt à donner leur température absolue, tantôt simplement la

différence de température de deux points de leur corps. L'appareil se compose de deux aiguilles, dont chacune constitue un véritable couple d'une petite pile thermoélectrique. Elles ont, d'ailleurs, été employées sous deux formes différentes.

M. Becquerel (1), qui le premier a introduit ces appareils dans les recherches de physiologie, s'est surtout servi d'aiguilles à soudure médiane (fig. 12). Chacune d'elles est

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composée d'un til de fer et d'un fil de cuivre, de même diamètre et de même longueur, soudés bout à bout; elles sont unies par leur extrémité fer au moyen d'un fil de même métal, assez long pour permettre de les écarter considérablement l'une de l'autre; par le bout opposé elles sont fixées au fil du galvanomètre.

Les aiguilles à soudure termino-latérale, plus spécialement employées par M. Dutrochet (2), se composent d'un fil de fer F (fig. 13) recourbé sur lui-même, soudé par chacune de ses extrémités et latéralement avec un fil de cuivre C de même diamètre. Lorsque la soudure est faite, on a soin de recouvrir les deux fils d'un vernis, tant pour

(1) Annales de chimie et de physique, 2o série, t. LIX, p. 113. (2) Annales des sciences naturelles, 2a série, BOTANIQUE, t. XIII, p. 5.

les isoler l'un de l'autre que pour les mettre à l'abri de l'action des agents chimiques que peuvent contenir les

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corps dans lesquels ces aiguilles sont plongées. Cette petite pile thermo-électrique est mise en communication avec le galvanomètre, par les extrémités des fils de cuivre. Dans l'appareil de M. Becquerel comme dans celui de M. Dutrochet, l'égalité de température des sou. dures est indiquée par l'immobilité de l'aiguille du galvanomètre au zéro de la graduation; la déviation de l'aiguille et le sens de cette déviation annoncent l'existence d'une différence de température, et font connaître celle des deux soudures qui est la plus chaude; enfin, à l'aide d'une étude préalable de la marche de l'instrument, l'étendue de la déviation donne, en degrés centigrades, la valeur de la différence de température des deux soudures.

Pour construire la table indicative de la valeur, en degrés centésimaux, de la déviation de l'aiguille du galvanomètre, on peut employer un procédé fort simple. L'une des soudures est placée dans un bain d'huile à la température de l'air ambiant, l'autre dans un second bain d'huile dont la température est un peu supérieure à celle de l'atmosphère et qui se refroidit très lentement; deux

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