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accomplis dans le poumon lui-même perdirent de l'importance qu'on leur avait attribuée. Les surfaces respiratoires ne furent plus que ce qu'elles sont en effet, un lieu d'absorption et d'exhalation, un lieu où le sang échange les gaz qu'il tient en dissolution contre l'oxygène de l'atmosphère. Les combustions, les destructions et transformations de matières organiques; en un mot, les opérations les plus importantes de l'hématose furent transportées à l'autre extrémité du cercle circulatoire, dans les capillaires généraux.

Les progrès de la chimie organique ont démontré que ce n'est pas tout à coup, mais par une suite d'oxydations, de combustions lentes, que les matériaux du sang sont détruits ou transformés. Avant donc d'atteindre la forme définitive sous laquelle ils doivent être rejetés au dehors, ils passent tous par une série d'états intermédiaires qui leur font perdre une partie de leur carbone et de leur hydrogène. C'est au milieu de ces oxydations, de ces combustions successives que prennent naissance l'acide carbonique et l'eau dans lesquels on retrouve la totalité de l'oxygène absorbé et dont la production s'accompagne d'un dégagement de chaleur. Parmi ces états intermédiaires par lesquels passent les matières ternaires, Mitscherlich avait surtout signalé l'acide lactique. Il pensait que la première action de l'oxygène absorbé sur les matières sucrées était leur transformation en acide lactique. Cet acide, en présence des carbonates alcalins, s'emparait de leur base et mettait en liberté de l'acide carbonique qui était éliminé par le poumon. Les lactates alcalins, à leur tour, subissaient

un nouveau degré d'oxydation, passaient à l'état de carbonates, qui ne tardaient pas eux-mêmes à être décomposés par de nouvelles doses d'acide lactique produites aux dépens des sucres de l'économie. Dans ces dernières années, M. Verdeil (1) a signalé l'existence d'un acide quaternaire qui serait, pour les matières azotées neutres, l'analogue de ce qu'est l'acide lactique pour les matériaux ternaires. Cet acide, que M. Verdeil a appelé pneumique, se formerait dans la substance organisée du parenchyme du poumon, et non dans le sang qui en parcourt les vaisseaux. Au moment où le sang veineux traverse l'organe pulmonaire, l'acide pneumique décomposerait les carbonates alcalins, mettrait de l'acide carbonique en liberté, et serait lui-même entraîné dans le torrent circulatoire sous forme de pneumate de soude, pour y subir sans doute un nouveau degré d'oxydation et être transformé ou détruit à son tour. Il se passe certainement beaucoup d'actions de ce genre pendant la circulation. Ces transformations diverses que subit la matière organique, avant d'être éliminée, sont fort importantes à connaître pour la théorie de l'hématose et de la nutrition; mais, pour nous, elles ont moins d'intérêt, parce que, quels que soient le nombre et la nature de ces oxydations et transformations successives, nous savons que, en définitive, la somme de chaleur produite est la même que si la combustion était assez intense pour ramener, du premier coup, les matériaux du sang à leur forme ultime d'élimination.

(1) Traité de chimie anatomique et physiologique, t. I, p. 166, et t. II, p. 460.

La seule conclusion que nous désirions déduire de cette discussion, c'est que, l'acide carbonique étant formé dans les capillaires généraux pour être dissous dans le sang veineux ou combiné avec la soude en attendant que quelque acide le mette en liberté, les produits de l'exhalation pulmonaire ne proviennent pas d'une combustion actuelle, mais traduisent, en réalité, les effets d'une combustion antérieure au moment où ils s'échappent au dehors. Par conséquent, ainsi que le prouvent d'ailleurs les expériences de Spallanzani et d'Edwards sur des animaux placés dans l'azote ou dans l'hydrogène, l'échange de gaz entre le sang veineux et l'atmosphère ambiante peut continuer à se manifester encore quelque temps, même dans le cas où toute introduction nouvelle d'oxygène dans le torrent circulatoire aurait été arrêtée. Ceci nous prouve combien étaient illusoires les expériences de Brodie sur les animaux décapités et insufflés. Au moment de la décollation, en effet, le sang veineux était riche en acide carbonique et en carbonates. La rutilance acquise par le sang à son passage dans le poumon, l'absorption de l'oxygène et l'exhalation de l'acide carbonique, pouvaient bien indiquer la persistance de l'endosmose gazeuse, mais ne prouvaient en aucune façon la continuation des phénomènes de combustion dans la trame des organes. Le refroidissement des animaux, en cas pareil, n'est donc pas un argument valable contre la théorie qui place la source de la chaleur animale dans l'action exercée par l'oxygène sur les matériaux combustibles du sang.

Résumé. Nous pouvons

maintenant résumer en peu

de mots cette analyse des phénomènes de la respiration, et caractériser les principales phases du rôle que l'oxygène absorbé joue dans l'économie.

Aux diverses surfaces respiratoires, poumon, peau, branchies, etc., le sang veineux, saturé d'acide carbonique, laisse, par un simple jeu de forces physiques, échapper ce gaz, qui est expulsé au dehors. En même temps, sous l'empire de forces physiques et chimiques, une portion déterminée de l'oxygène ambiant pénètre dans le sang, se fixe sur les globules et les artérialise. La fonction de ces surfaces est donc l'élimination de l'acide carbonique, produit impropre à l'entretien de la vie, et l'introduction dans l'économie d'une certaine proportion d'oxygène, agent de toutes les transformations que doivent subir les matériaux extraits des aliments ingérés, et versés incessamment dans le torrent circulatoire par le travail de la digestion.

Transporté avec les globules dans les capillaires généraux, l'oxygène absorbé agit, par des combustions lentes et successives, sur les matières ternaires et quaternaires fournies par le travail digestif, et sur les matières organiques incessamment séparées des tissus de l'économie. De ces réactions, accompagnées, dans certaines circonstances, de véritables dédoublements, résultent la génération, aux dépens de l'albumine, des éléments constitutifs de divers organes, la formation d'une certaine quantité de graisse, et la production des substances qui sont les derniers termes de transformation des éléments organiques et organisés de l'économie avant d'être expulsés au dehors. De ces matières éliminées par les divers

émonctoires du corps des animaux, les unes appartiennent encore au monde organique, comme l'acide hydrotique pour la peau, les acides cholique et choléique pour le foie, l'urée et les acides urique et hippurique pour les reins; les autres sont complétement minéralisées, ce sont l'acide carbonique, l'azote et l'eau, qui s'échappent par les surfaces respiratoires. Ces produits de la combustion des matériaux du sang sont destinés les uns à éliminer l'azote, les autres à chasser au dehors le carbone et l'hydrogène.

Calcul de la quantité de chaleur produite.

Les réactions si nombreuses et si diverses de l'oxygène absorbé sur les matériaux organiques de l'économie aboutissent définitivement à une double combustion, à la transformation du carbone en acide carbonique et de l'hydrogène en eau. Cette double combustion est bien certainement une source de chaleur assez puissante pour rendre compte de tous les phénomènes de température propre observés chez les animaux; mais, dans l'état actuel de la science, est-il possible de calculer exactement la quantité de chaleur produite par les phénomènes physico-chimiques de la respiration?

L'eau et l'acide carbonique, produits dans la trame des capillaires généraux et exhalés par les surfaces respiratoires, peuvent provenir de deux sources. L'une est la combinaison de l'oxygène des matériaux du sang avec leur hydrogène et leur carbone; l'autre est la combinaison de l'hydrogène et du carbone de ces mêmes maté

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