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Corps oxygénés ternaires. MM. Favre et Silbermann ont déterminé expérimentalement la chaleur de combustion de trois alcools liquides; leurs résultats sont très inférieurs à la somme des quantités de chaleur que fournirait la combustion directe de tout le carbone et de tout l'hydrogène qui entrent dans leur composition. Mais on peut supposer que leur oxygène, combiné avec un nombre égal d'équivalents d'hydrogène, existe à l'état d'eau; alors ces alcools sont représentés par la formule (C2H2)" + H2O2. Est-il permis d'admettre que leur chaleur de combustion est égale à la somme des quantités de chaleur dégagée par la combustion directe des éléments de l'hydrogène carboné (C2H2)"? L'exactitude de cette dernière hypothèse mérite d'être vérifiée par la comparaison des résultats de l'expérience directe avec ceux du calcul.

1° Chaleur de combustion de l'alcool vinique (C1H*) + H202 :

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3o Chaleur de combustion de l'esprit de bois (C2H2)

+ H2O2:

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La série des alcools fournit les mêmes résultats que les carbures d'hydrogène. Pour l'alcool vinique, la différence entre la chaleur de combustion calculée et la chaleur de combustion déterminée par l'expérience est si minime, qu'elle rentre dans les limites des erreurs d'observation. Pour les deux autres, la différence est tantôt en faveur du résultat expérimental, tantôt en faveur du nombre déduit du calcul; mais, dans l'un comme dans l'autre cas, elle est trop considérable pour être négligée. Quelle que soit l'hypothèse admise sur le groupement moléculaire de leurs éléments constituants, les corps oxygénés ternaires se conduisent donc comme les corps binaires, et, dans la détermination de leur chaleur de combustion, il est impossible de remplacer l'expérience directe par le calcul.

La quantité de chaleur produite par la combustion d'un poids donné de carbone et d'hydrogène n'est pas la même quand ces corps sont à l'état libre que quand ils sont combinés l'un avec l'autre ou avec d'autres corps; elle varie même suivant la combinaison dans laquelle ils sont engagés. Par conséquent, lorsque l'oxygène agit sur un groupe de matières organiques, il ne suffit pas de peser l'acide carbonique et l'eau qui en résultent pour calculer exactement la quantité de chaleur produite. Pour une pareille détermination, il faudrait, de toute nécessité, connaître le poids et la nature de chacune des sub

stances brûlées, et tenir compte du degré d'oxydation auquel chacune d'elles est parvenue. Nous aurons à revenir sur ces considérations, quand nous apprécierons la valeur et la signification des travaux entrepris pour mesurer la quantité de chaleur produite, chez les animaux, par les phénomènes physico-chimiques de la respiration.

CHAPITRE III.

TEMPÉRATURE DES ANIMAUX.

Les recherches entreprises dans le but de déterminer la température des animaux sont très nombreuses; malheureusement les résultats n'en sont pas très exactement comparables, parce qu'ils n'ont été obtenus ni dans des conditions identiques, ni avec des instruments d'égale sensibilité. Ainsi, pour les animaux supérieurs, les uns ont choisi la bouche pour lieu d'observation, d'autres l'aisselle, d'autres le rectum; et, comme la chaleur est loin d'être uniformément répartie dans le corps des animaux, déjà cette circonstance jette un peu de vague et d'incertitude sur la valeur relative des déterminations de température fournies par les divers auteurs. Martine, J. Hunter, J. Davy, Newport et la plupart des observateurs ont employé, dans leurs recherches, le thermomètre à mercure; MM. Becquerel et Dutrochet se sont servis des aiguilles thermo-électriques. Nous verrons plus tard que, soit pour certaines déterminations de température locale

chez les animaux supérieurs, soit pour apprécier exactement l'état thermique de certains animaux inférieurs, et surtout des végétaux, les appareils thermo-électriques peuvent seuls donner des résultats acceptables. Il ne faudrait pourtant pas exagérer les inconvénients de ce manque d'homogénéité dans les instruments et les procédés d'observation. En analysant avec soin les faits particuliers, en tenant compte des circonstances au milieu desquelles ils ont été recueillis, en ne rapprochant qu'avec une certaine réserve les matériaux fournis par les divers observateurs, il nous sera toujours possible d'éviter l'erreur et d'asseoir nos conclusions sur des bases incontestables.

ARTICLE PREMIER.

TEMPÉRATURE DES ANIMAUX SUPÉRIEURS.

L'étude comparative de la température des animaux et de celle du milieu, air ou eau, dans lequel ils vivent, les a fait partager en deux groupes très naturels. Le premier comprend les mammifères et les oiseaux, pour lesquels a été longtemps et exclusivement réservée la dénomination d'animaux à sang chaud, parce qu'on les considérait, à tort, comme les seuls êtres vivants doués d'une température propre; dans le second groupe rentrent tous les autres animaux, encore généralement connus sous le nom impropre d'animaux à sang froid. Chez ces derniers, la production de chaleur est assez faible pour avoir été mise en doute par quelques physiologistes. Longtemps, en effet, on a pu croire que leur tempéra

ture se confond avec celle du milieu ambiant et la suit exactement dans toutes ses variations ; des faits nombreux fournis par des moyens d'observation plus exacts ont fait justice de cette erreur.

SI.

Température des oiseaux et des mammifères.

Oiseaux.—De tous les êtres organisés, les oiseaux sont ceux dont la température est la plus élevée. Ce fait, universellement reconnu, a été mis hors de toute contestation par les travaux de Martine, de J. Hunter, de J. Davy, de M. Despretz, de MM. Prévost et Dumas, etc., etc. Il résulte des recherches de ces observateurs que, à l'âge adulte et sous l'influence d'une alimentation suffisante, la température des oiseaux ne s'abaisse pas normalement audessous de 39o,44, et ne s'élève pas au-dessus de 43o,90. Mammifères. — Quoique placés à un degré supérieur de l'échelle animale, les mammifères ont une température sensiblement moins élevée que celle des oiseaux. Les résultats nombreux dont la science s'est successivement enrichie nous permettent d'établir que la température des animaux appartenant à cette première classe des vertébrés oscille entre 35°,50 et 40°,50, s'élevant ainsi par sa limite supérieure au même degré que celle des oiseaux. Malgré leur présence continuelle dans l'eau, les cétacés ne font pas exception à cette règle; il n'en est pas de même des mammifères hibernants. Quoique leur organisation leur assigne une place très élevée dans l'échelle des êtres, ces derniers animaux, par les phénomènes de calorification, se confondent presque complé

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