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sans morgue, ni pose! si bien que c'est la fille noble qui est ici la paysanne, tandis que la fille du parvenu singe les demoiselles. Pierre, malgré la distance des races, est instinctivement attiré vers Urgèle, et il se trouve ainsi partagé entre deux jeunes filles dont l'une a ouvertement sa promesse et l'autre secrètement son amour.

Toute l'action de Chante-Pleure roule sur les angoisses, les indécisions et les tergiversations de l'oscillant docteur qui n'épouse ni Urgèle, ni Cécile. Une imprudence de celle-ci qui s'est fait enlever par le cuistre Caviol, arrêté à temps, rend impossible son mariage avec Pierre, et la malheureuse enfant en meurt de chagrin. Quant à la « fée» Urgèle, pour sauver ses parents de la ruine, elle consent à donner sa main à un gentilhomme du voisinage, très riche d'écus mais fort pauvre d'esprit. Et le docteur? Il s'unit devant le maire et le curé avec Louise Nadal, honnête fille de gros fermiers, qui certainement sera une excellente femme de ménage, d'activité discrète, de recueillement paisible ce qu'il fallait, en fin de compte, à ce demi-Parisien irrésolu.

Il y aurait long à dire sur les « intentions » de ce roman. Quand M. Pouvillon, avec une impartialité qui l'honore, décrit et flétrit les tyranniques procédés des maires de village, esclaves soumis de l'opportunisme triomphant; les tripotages des élections; la prêtrophobie inconsciente de l'oncle Lortal; le voltairianisme faisandé de l'instituteur Caviol on applaudit, parce que l'on sent que le romancier n'a rien exagéré. Mais, lorsqu'il s'agit des Religieuses du couvent où Cécile se réfugie après son imprudence, l'auteur ne retrouve plus la même justesse, la même sincérité. De même dans le récit des derniers moments de la fille de l'oncle Lortal. Il s'en dégage une ironie de mauvais ton qui irrite et froisse. Enfin, tout en faisant ressortir les vertus, la loyauté, les sentiments élevés des Fabri et des Vore, M. Pouvillon ne donne-t-il pas plutôt des caricatures que des portraits de ces représentants de la noblesse rurale? Sauf Urgèle qui a de la poésie plein le cœur et pas un des préjugés de famille, sauf son père, qui se ruine par trop de générosité, tous les autres sont : ou ridicules, comme le chevalier de Fabri, avec ses goûts démodés de fauconnerie; ou insupportables comme Mme de Vore avec son orgueil, sa sécheresse d'âme et sa dévotion mal entendue; ou antipathiques et insignifiants, comme son fils Mikaël. C'est trop généraliser et il existe certainement une noblesse rurale différente de celle de Chante-Pleure, respectueuse de la tradition, vénérant le passé, mais ouverte aux choses de l'intelligence, préoccupée des questions sociales, sachant être de son temps. Je ne vois dans le roman de M. Pouvillon qu'un personnage réellement vrai, tout d'une pièce, toujours logique avec lui-même, ne se démentant jamais c'est l'oncle Lortal, le terrien cossu, âpre au

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