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sur les anonymes et les pseudonymes de la Provence. L'auteur a voulu sans doute créer un nouveau pseudonymat pour égarer les recherches de ses successeurs. L'ouvrage existe, mais de M. Reboul. Robert n'est qu'un prénom. Mais cette citation est-elle un aveu d'impuissance, ou une vague crainte de ne pouvoir arriver à la hauteur de ces modèles? Nous ne voyons pas pourquoi les ouvrages anonymes qui ont des jésuites pour auteurs ont été volontairement omis par M. Brunet. Il eût bien agi, au contraire, en se servant de ces publications fort bien faites, et par contre en supprimant de son propre travail des mentions du genre de celle-ci : « Ci commence li roman de la Rose, ou lart damours est tout enclose (par Guillaume de Lorris et Jehan de Meung). In-fol. Beau manuscrit sur vélin de 158 feuillets à 2 colonnes. Ce manuscrit, d'une écriture gothique très élégante, est orné de 78 jolies miniatures. Il provient de la bibliothèque MacCarthy. Cette mention appelle plusieurs remarques indispensables à noter ici d'abord le Roman de la Rose ne peut plus passer aujourd'hui pour un ouvrage anonyme; il a été imprimé, et les éditions seraient au moins aussi utiles à indiquer que ce manuscrit; il nous est égal de savoir qu'il est d'une écriture élégante et dans l'espèce les miniatures ne nous intéressent pas; enfin, pour que l'indication eût au moins quelque apparence de valeur, il nous eût été agréable de savoir quel est le possesseur actuel.

Et puis, pourquoi indiquer un manuscrit ? C'était entrer là dans une voie dangereuse, où il aurait été facile de s'égarer fort loin, et je pense que tout renseignement de cette nature devait être soigneusement écarté.

La deuxième partie, réservée aux « Supercheries littéraires » et aux << Pseudonymes » appellerait un grand nombre d'observations du même genre. Holtrop et Campbell (p. 6) ne se sont jamais occupés des incunables imprimés en Belgique et par conséquent ne peuvent mentionner aucun ouvrage sorti des presses de G. Back à Anvers. Les ouvrages de Thérèse Blanc (qui signe Th. Bentzon), d'Olivier Gloux (connu sous le nom de Gustave Aimard), de Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, d'Anatole France et de beaucoup d'autres, devraient être tous indiqués, aucune raison ne dictant le choix qui en a été fait. Des indications telles que celles-ci: LOIGNAT (vicomte de), plusieurs romans, déparent un livre qui a des prétentions à l'érudition. Si M. Brunet voulait pousser ses investigations jusque dans le domaine de la revue d'érudition, car il cite G. P. (Gaston Paris) pour ses articles de la Revue critique, il eût fallu de ce côté aussi essayer d'être complet et s'enquérir de tous les autres pseudonymes. Nous ne nous permettrons pas de lui dévoiler ceux de quelques rédacteurs du Polybiblion, mais nous prendrons la liberté de le lui faire remarquer en terminant, il y a

des ouvrages qui mériteraient de rester toujours anonymes pour ne pas nuire à la bonne réputation de leurs auteurs. H. STEIN.

BULLETIN

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La Mission des juifs et les deux Chars évangéliques, ou la Splendeur de l'Église annoncée par l'histoire et les prophètes inspirés, par l'abbé GOUDET. 2 édit. Delhomme et Briguet, 1890, in-12 de 260 p. Prix: 2 fr. L'auteur de ce compte rendu, n'étant pas théologien, doit faire ses réserves sur les questions d'interprétation scripturaire qui tiennent une grande place dans ce volume. Cependant, M. l'abbé Goudet publie en tête des bénédictions du Saint-Père et de l'éminent évêque de Versailles; nous pouvons donc avoir confiance dans son orthodoxie.

Au point de vue historique et philosophique, son œuvre nous paraît excellente et venir fort à propos pour remettre dans la voie droite l'agitation qui se produit dans le monde entier autour de « la question juive > et qui a sans doute sa raison d'être providentielle. C'est en effet une croyance commune dans l'Église, reposant sur la prophétie de Malachie, sur des textes de l'Evangile et des épîtres de saint Paul qu'après une longue période où les Juifs auront abandonné leur héritage aux Gentils, ils se convertiront et redeviendront le peuple de Dieu. M. l'abbé Goudet développe très longuement cette tradition, ainsi que celle relative à la seconde mission du prophète Elie. Ses aperçus sur le mouvement général de l'histoire, sur le rôle que le Saint Empire romain germanique, qui a subsisté jusqu'en 1802, a dans l'histoire de l'Église, sont fort remarquables. Nous recommandons non moins ses vues sur le caractère de la Révolution et sur le rôle maçonnique considérable des Napoléons. Nous nous permettrons seulement de regretter qu'à la page 32 il croie pouvoir fixer à la fin du deuxième millenaire après Jésus-Christ les grands événements de la chute de la Révolution et de la conversion des juifs. L'exemple des nombreux commentateurs, fort saintes gens et très habiles écrivains, qui se sont livrés à des calculs de ce genre, aurait dû rendre M. l'abbé Goudet plus circonspect; car l'histoire a toujours démenti ces calculs, comme si Dieu eût voulu rappeler à tous qu'il s'est réservé la connaissance de l'ordre des temps. Sous cette réserve nous ne pouvons qu'applaudir aux conclusions finales de M. l'abbé Goudet. Il conclut en approuvant la ligue de défense des peuples chrétiens contre les juifs. Les chrétiens ne sauraient — tant qu'ils restent juifs sous peine d'apostasier eux-mêmes, les admettre dans leur sein sur le pied d'égalité politique, et, lorsqu'ils le font, ils vont à leur corruption et à leur propre ruine; mais l'auteur insiste non moins sur la nécessité de travailler à la conversion des juifs par la justice, par le respect pour leur origine et leur mission religieuse, enfin par la prière. Voilà ce que des chrétiens ne doivent jamais perdre de vue. L'ouvrage du savant prêtre de Versailles est tout à fait dans la ligne et dans la note des écrits de M. l'abbé Joseph Lémann. C'est le meilleur éloge que nous en puissions faire.

C. J.

Nouvelle défense de l'Église, ou Réflexions sur quelques faits du jour. Réponses et souvenirs, par l'abbé CHARLES ROSSIGNOL. 2. série. Paris, Bloud et Barral, 1890, in-12 de 276 p. - Prix: 2 fr.

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Histoires, anecdotes, souvenirs intimes, réflexions à propos d'un fait

qui vient de se passer, réponse à une attaque ou à une objection qui vient de se produire, le tout choisi de façon à tourner au bien des âmes et à la défense de la vérité, voilà de quoi se compose ce livre, impossible à analyser, parce qu'il comprend presque autant de sujets que de pages. Mais l'inspiration générale est une : c'est une apologie de l'Église. La forme est alerte, vive, émue quand il y a lieu, et a bien les qualités qui conviennent à un livre de lectures populaires. Car voilà bien, si je ne me trompe, ce qu'est surtout ce livre, dont les curés, les instituteurs chrétiens et tous ceux qui s'occupent de la jeunesse pourront facilement tirer un excellent parti. P. TALON.

Patriotisme et Religion. Beaux exemples de foi et d'héroïsme chrétien, recueillis dans les annales militaires contemporaines. Grammont (Belgique). Œuvre de Saint-Charles Borromée, in-8 de 208 p., orné de grav. Ce volume fait suite à celui que nous avons déjà recommandé et qui est intitulé: Les Héros chrétiens au XIX• siècle. Il n'est pas moins édifiant et il a sur le premier l'avantage de n'entrer dans aucune controverse politique, en sorte qu'il peut, sans inconvénient, être introduit dans les casernes. On y trouve juqu'à cinquante-neuf traits remarquables faisant ressortir la piété de militaires et marins de tous grades. L'impression qui se dégage de cette lecture est des plus réconfortantes: on y voit que, dans l'armée française, le courage s'allie à des sentiments chrétiens beaucoup plus répandus qu'on ne le croit. Il est impossible de désespérer d'une nation qui donne encore de si beaux exemples de vertu et de foi. C'est là un livre qu'il faut répandre largement dans les bibliothèques populaires et dans les distributions de prix. Il est seulement regrettable que les gravures prêtent au ridicule; mieux vaudrait certainement les supprimer.

COMTE DE BIZEMONT.

Le Clergé sous la troisième république, par FRANÇOIS BOURNAND. Paris, Savine, 1890, in-18 de 445 p. · Prix 3 fr. 50.

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Le Clergé sous la troisième république : il y a là la matière d'un beau livre, éloquent, instructif, douloureux et consolant. Quel dommage que M. Drumont n'ait pas eu l'idée de l'écrire! Quelques fragments disséminés dans ses ardents pamphlets antisémitiques nous font voir assez le parti qu'il aurait su tirer d'un pareil sujet pour nous autoriser à regretter qu'il ne l'ait pas traité. Je n'hésite pas à dire que le livre de M. Bournand ne remplace pas celui que M. Drumont nous aurait donné. C'est un livre qui n'est pas fait il y manque un plan bien arrêté et cette ordonnance logique qui fait que tout s'enchaîne, chapitres, arguments et idées, assurant ainsi l'unité de l'œuvre. Est-ce à dire que le livre de M. Bournand soit dénué d'intérêt ou ne présente pas d'utilité? Non pas. Il y a là une foule de documents sur les politiciens et le clergé, sur les expulsions des religieux, sur les injustices de nos gouvernants, sur le concordat et le budget des cultes, sur les spoliations et les vols dont le clergé a été la victime, sur le clergé et le service militaire, sur le rôle du clergé, qui peuvent être facilement utilisés pour la défense de l'Église, et servir même à écrire cette histoire dont M. Bournand ne nous a donné que quelques fragments mal assemblés. L'auteur peut donc se rendre ce témoignage qu'il n'a pas travaillé pour rien, et nous ne pouvons que l'encourager à poursuivre son œuvre, et à écrire les livres qu'il annonce sur le Clergé des campagnes, le Clergé des villes, le Clergé régulier et le Clergé des colonies. Mais qu'il compose

avec plus de soin, qu'il ordonne mieux ses futurs travaux, qu'il se rappelle qu'un ouvrage bien fait ne se fabrique pas à coups de ciseaux, et que toute composition suppose trois efforts successifs de l'esprit l'invention, la disposition et l'élocution, toutes également nécessaires pour faire un bon livre.

P. TALON.

La Question du charbon de terre, par ALBERT DE LAPPARENT, ancien ingénieur au corps des mines. Paris, Savy, 1890, in-8 de 120 p. - Prix: 1 fr. 50.

Toute d'actualité, l'importante question du « pain industriel » qui passionne si justement l'opinion, fait l'objet de cette nouvelle étude de M. de Lapparent. Dégagée de toutes considérations étrangères, remise dans son véritable cadre, et sous le jour qui lui est propre, cette question complexe et mal connue se trouve complètement élucidée, et peut désormais être appréciée avec connaissance de cause par le lecteur, même le moins familiarisé avec la statistique et l'économie industrielle, grâce au rare talent d'exposition et à la haute compétence de l'auteur. M. de Lapparent ne veut pas être pessimiste et rassure, en terminant, les populations présentes et futures; mais il recommande d'éviter tout gaspillage du précieux combustible, car les divers gisements, malgré leur importance, s'épuiseront à un moment donné, et, quelque éloignée que soit cette échéance, il est d'ores et déjà prudent de compter avec elle. Nous ne saurions trop appeler l'attention sur cette étude aussi concise que substantielle.

D. MARTEL.

L'Exposition universelle de 1889, par MAURICE BRINCOURT, architecte attaché au service des installations à l'Exposition universelle de 1889. Paris, Firmin-Didot, 1890, in-8 de 256 p., orné de 67 grav. - Prix :

2 fr.

Le plan de ce nouveau volume sur l'Exposition est excellent. Cette grande fête (pourquoi ne dirions-nous pas cette grande foire?) qui a duré une demi-année, est rappelée dans tous ses détails, mais d'une façon succincte et toujours intéressante, deux conditions qu'il était assez difficile de réunir. Point de banales déclamations à propos du Centenaire, mais seulement quelques passages discrètement sympathiques touchant la personne du successeur de M. Grévy. Imprimé avec goût et fort bien illustré, l'ouvrage de M. Maurice Brincourt se lit avec plaisir.

E.-C. LA GRETTE.

La Tour Eiffel, par H. GIRARD. Paris, Firmin-Didot, 1890, in-8 de 110 p. orné de 12 grav. Prix : 0 fr. 50.

Le grand clou » de l'Exposition a déjà fait couler beaucoup d'encre, et il est probable que longtemps encore il tentera la verve des auteurs, car il peut donner matière à des études très variées, selon le point de vue spécial auquel on se place. M. Henry Girard a voulu payer son tribut littéraire au« colosse de fer, » et dans son intéressante brochure il passe en revue le projet, l'étude, la construction, ainsi que les avantages présents et futurs de cette tour déjà célèbre dans l'univers entier. Avec ce thème, épuisé en apparence, l'auteur a su rester original. D. MARTEL.

Traité de photographie par les procédés pelliculaires, par GEORGE BALAGNY. Paris, Gauthier-Villars, 1889, 2 vol. in-8 de vII-132 et 138 p. Prix : 8 fr.

Depuis l'apparition des plaques sèches au gélatino-bromure d'argent, on a cherché à fixer cette substance sur une surface non rigide et non cassante comme le verre et pouvant se transporter facilement en voyage. M. Balagny, qui a étudié cette question pendant ces huit dernières années, vient de consigner, dans un ouvrage sur les Procédés pelliculaires, les résultats de ses recherches et de ses travaux. Le premier volume renferme, après quelques généralités sur divers procédés pelliculaires anciens et sur l'origine des plaques souples, la théorie et la pratique des trois développements au fer, à l'acide pyrogallique et à l'hydroquinone. Le deuxième volume traite spécialement des papiers pelliculaires et donne les applications des procédés pelliculaires pour le procédé au charbon, pour la phototypie, pour la télégraphie optique et l'enregistrement des dépêches sur bandes de plaques souples, etc. En résumé, ces deux volumes comprennent tout ce qui s'est dit et fait sur les procédés pelliculaires depuis l'origine de la photographie, et ils doivent être dans la pensée de leur auteur, le point de départ de l'« inaltérabilité » en matière de photographie.

J. P.

La Photographie à la lumière du magnésium, par le Dr J.-M. EDER, traduit de l'allemand par HENRY GAUTHIER-VILLARS. Paris, GauthierVillars, 1890, in-18 de vi-63 p. avec fig. Prix: 1 fr. 75.

Ce n'est que depuis 1887 que l'on connaît la « lumière-éclair » (Blitzlicht), qui est produite soit par du magnésium pur, soit par un mélange de magnésium, de chlorate de potasse et de sulfure d'antimoine. Cette lumière est assez intense pour permettre aux amateurs de faire instantanément pendant la nuit de charmantes photographies de groupes, des intérieurs d'appartements, et même des portraits qui ne le cèdent en rien à ceux que l'on prend dans l'atelier à la lumière du jour. Elle a en outre pour les savants de nombreuses applications scientifiques. Après avoir décrit les débuts du magnésium et l'ancienne lampe pour brûler le magnésium en ruban, l'auteur parle des anciens mélanges explosifs au magnésium, de la poudre actuelle du magnésium et des appareils d'éclairage pour produire l'éclair magnésique, soit à l'air libre, soit dans l'oxygène pur. Il donne ensuite des détails pratiques fort utiles pour obtenir de bons négatifs au moyen de la lumière-éclair; il ajoute quelques notions sur les révélateurs à l'acide pyrogallique et à l'hydroquinone. Cet ouvrage est illustré d'un grand nombre de gravures qui rendent plus compréhensible la description des appareils. Il se termine par un appendice des plus intéressants sur l'emmagasinement de la fumée et l'inflammation de la poudre, deux détails essentiels que l'amateur ne doit pas négliger. J. P.

Les Exercices du corps, par GASTON BONNEFONT. Paris, Jouvet, 1890, in-16 de vIII-260 p., illustré de 83 grav. sur bois. Prix 2 fr. 25.

Il y a des titres qui, tout en étant parfaitement justifiés, comme par exemple celui qui précède, font penser à des choses ardues, peu récréatives. Bien des gens, en voyant ce simple intitulé: Les Exercices du corps, n'auront peut-être pas immédiatement l'idée de lire les pages auxquelles il s'applique parce qu'ils s'imagineront qu'elles sont fatigantes, ennuyeuses

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