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voir qu'elles aient été formées par une action volcanique : il est même certains faits qui paraissent prouver l'intervention de la chaleur; on peut citer, par exemple, la présence, dans le talc du Tyrol, de phosphate de chaux qui a souvent la forme ellipsoidale qu'affecterait une goutte d'une matière à demi liquide, si elle avait été pressée entre les feuillets d'une substance à structure schisteuse; la collection de M. Adam offre un très-bel échantillon sur lequel ce fait peut être observé : or la pression a bien pu faciliter la liquéfaction de la chaux phosphatée; mais comme celle-ci est très-difficilement fusible, il est nécessaire aussi d'admettre l'action de la chaleur.

Les roches talqueuses ont donc été produites par une action mixte, et elles ont été formées à la fois par voie aqueuse et par voie ignée.

Quelles sont maintenant les hypothèses qu'on peut admettre pour expliquer leur formation?

Les volcans actuels présentent bien, il est vrai, dans leurs éruptions, des dégagements de vapeur d'eau; mais le mode de gisement des roches talqueuses et leur nature fait voir que si c'est une action volcanique ancienne qui leur a donné naissance, elle a dû, dans tous les cas, être toute différente de celle qui existe de nos jours, et qu'elle ne saurait même nullement lui être comparée.

On pourrait supposer aussi qu'à des dégagements de vapeur d'eau sont venues se joindre des émanations magnésiennes, et que le talc et la stéalité, après avoir pris naissance dans l'intérieur de la terre, sont apparus tout formés à la manière des roches ignées; mais cette hypothèse, d'ailleurs un peu hardie, est impossible à concilier

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avec l'infusibilité du talc, et surtout avec certains faits bien constatés dans les Alpes en effet, des observations nombreuses faites par Saussure, Bro chant de Villiers, d'Aubuisson des Voisins, et, dans ces derniers temps, par M. Gras (1), ont montré que la stéatite et les roches talqueuses présentent une stratification très-distincte; de plus, elles sont fréquemment intercalées dans des terrains stratifiés contenant des couches calcaires avec fossiles; il n'est pas moins certain qu'elles les recouvrent souvent complétement.

D'après cela, il nous semble préférable d'admettre que les schistes et les gneiss talqueux ou stéatiteux, la protogine, et toutes les roches analogues, ont été formées par voie de métamorphisme à la manière des dolomies, c'est-à-dire qu'elles auraient été produites par des émanations magnésiennes aqueuses analogues aux émanations que donnent encore les volcans en activité, ou peut-être même simplement par l'action de dissolutions chargées de sels de magnésie, comme cela paraît avoir eu lieu pour les dolomies en couches des terrains stratifiés à cette action se serait jointe celle de la chaleur, soit qu'elle fût intervenue postérieurement, soit, ce qui est beaucoup plus probable, qu'elle eût accompagné les émanations magnésiennes. Cette dernière hypothèse me paraît être à peu près la seule qui puisse rendre compte de la présence de l'eau, de la stratification observée dans les roches talqueuses, de leurs relations

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(1) Bulletin de la Société géologique, 2e série, t. I. Introduction à un essai sur la constitution géologique des Alpes de la France et de la Savoie.

de position dans les Alpes, ainsi que de leurs caractères mixtes qui leur assignent une origine à la fois ignée et aqueuse.

RECHERCHES

Sur la Laumonite,

Par MM. MALAGUTI et DUROCHER.

Parmi les minéraux zéolitiques, la laumonite se fait remarquer par l'efflorescence spontanée qu'elle éprouve lorsqu'elle est abandonnée à l'air : elle se trouve dans la nature en masses lamelleuses, demi-transparentes, d'un gris jaunâtre, possédant un éclat soyeux. Si on la laisse exposée au contact de l'air, elle subit une altération qui commence au bout de quelques jours; les lames blanchissent, deviennent peu à peu laiteuses et opaques; alors elles s'exfolient, se délitent et tombent en poussière. Cette altération pénètre de la surface des lames vers l'intérieur; car si on casse un cristal qui a commencé à s'altérer, en profitant des clivages qui sont très-faciles, on peut en extraire un noyau encore intact; ce qui rend d'ailleurs évidente l'influence de l'air dans ce phénomène, c'est qu'il suffit de couvrir la laumonite de gomme pour l'empêcher de s'altérer. Le délitement des cristaux laissés à l'air ne devient complet qu'après un temps plus ou moins long, qui dépend de leur état physique et principalement de la nature du milieu où ils sont placés.

La laumonite du Huelgoet forme des veines ramifiées au milieu du schiste argileux d'un gris noirâtre qui encaisse le filon; souvent le schiste est imprégné de laumonite qui s'y trouve mélangée d'une manière très-intime, et alors il se délite lui-même quand il est exposé à l'air,

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L'altération spontanée de la laumonite a été observée par tous les minéralogistes, mais jusqu'à présent la cause en était restée inconnue. Dans son mémoire sur ce minéral (1), M. Dufrénoy dit qu'elle devient friable par le contact de l'air, sans faire connaître la cause de cette altération; mais dans son traité de minéralogie (2), M. Beudant dit que la laumonite de Bretagne, lorsqu'elle s'effleurit, ne perd pas de son eau.

Nous avons fait quelques expériences pour reconnaître quelle est la cause de l'efflorescence spontanée de la laumonite, et nous avons constaté qu'elle est due à la disparition d'une certaine quantité d'eau, qui est faible à la vérité, et qui avait pu échapper dans les observations dont ce minéral avait été précédemment l'objet.

Présumant que l'altération de la laumonite pouvait être le résultat d'une diminution dans la quantité d'eau qu'il contient, nous avons d'abord cherché si on rendrait l'altération de ce minéral plus rapide, en le plaçant dans des conditions où il fût plus exposé à perdre de l'eau trois expériences comparatives ont été faites simultanément en exposant de la laumonite dans le vide, dans une atmosphère sèche et dans une atmosphère humide.

Le 28 janvier 1845, 1,457 de laumonite en petits fragments ont été mis dans le vide. Un mois après nous y avons reconnu une diminution de poids de 0,033, ce qui fait une perte de 2,26 p. o/o. Les cristaux étaient très-altérés ; ils étaient devenus opaques et tout à fait friables; l'efflorescence avait été très-sensible dès les premiers jours.

(1) Annales des mines, 3e série, tome VIII, p. 506. (2) Traité de mineralogie, par M. Beudant, 2° volume, page 98.

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