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rieuses, je ne m'attendais pas à ce qu'une mort prématurée lui enlevât si tôt celui de ses membres qui, avec le plus de zèle et de persévérance, s'était dévoué à cette noble tâche. Notre excellent confrère, M. Ducpetiaux, ne s'était pas borné à approfondir par de longs et consciencieux travaux ces grandes questions sociales: comme inspecteur général des prisons et des établissements de bienfaisance, il avait contribué à leur utile solution, et la mémoire de ses services restera toujours attachée à ces admirables colonies pénitentiaires de Ruysselede et de Winghen, célèbres dans toute l'Europe. Par un sentiment d'abnégation et d'humilité toute chrétienne, M. Ducpetiaux a prescrit que ses funérailles eussent lieu sans pompe, et la classe n'a pu y porter ni son dernier hommage, ni la manifestation de ses suprêmes regrets. Je crois répondre à votre pensée, Messieurs, en comblant cette lacune, et j'ai l'honneur de vous proposer de faire figurer au procès-verbal de la séance l'expression de ces douloureuses sympathies si profondément partagées par chacun de nous. »

La classe décide, à l'unanimité, que les paroles prononcées par M. le directeur seront insérées au procès-verbal.

Il est donné ensuite connaissance du décès de l'un des associés de la classe, M. Victor-Antoine-Charles de Riquet, duc de Caraman, mort à Paris, le 4 avril dernier, à l'âge de 57 ans.

Le Ministère de la guerre à Paris, l'École impériale des chartes de la même ville, l'Université de Bonn, la ville de Boulogne-sur-Mer, l'Académie d'archéologie de la Société royale de Naples, la Société royale de littérature de Londres remercient pour les derniers envois académiques. 2me SÉRIE, TOME XXVI.

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- La Société des antiquaires rhénans annonce l'ouverture du congrès international d'histoire et d'archéologie, à Bonn, le 14 septembre 1868.

M. Chalon offre une brochure de sa composition,
La république de Saint-Marin. - Remerci-

intitulée

ments.

CONCOURS.

La classe s'occupe des dispositions à prendre pour la mise au concours et le jugement des questions concernant les prix de Stassart pour une notice sur un belge célèbre, pris alternativement parmi les savants, les littérateurs `et les artistes.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Note sur la question de savoir si Trajan, lors de son avénement à l'empire, était gouverneur de la Germanie inférieure ou de la Germanie supérieure; par M. Roulez, membre de l'Académie.

Il est avéré que l'empereur Domitien retira Trajan de l'Espagne pour l'envoyer dans la Germanie (1), et, jusqu'à ces dernières années, tout le monde admettait que celle des deux provinces de ce nom, à la tête de laquelle il

(1) Plin. Secundi, Panegyricus, c. 14.

avait été placé, était la Germanie inférieure. En effet, deux historiens (1) rapportent qu'il se trouvait à Cologne lors de son élévation à l'empire. Trajan a donc été inscrit, à titre de légat de la Germanie inférieure, dans le mémoire que j'ai publié, il y a vingt-cinq ans, sur les magistrats romains de la Belgique (tome XVII des Mémoires de l'Académie).

Un des plus éminents épigraphistes contemporains, M. Henzen, dans son explication de l'inscription latine en l'honneur d'Hadrien, déterrée en 1862 sur l'emplacement du théâtre de Bacchus, à Athènes (2), a, le premier, mis en question l'opinion généralement admise et s'est prononcé pour la Germanie supérieure. Je crois convenable de reproduire ici in extenso son argumentation :

«A cette époque, dit-il, le légat de la Germanie inférieure doit avoir été Vestricius Spurinna, puisqu'un décret du Sénat lui décerna, vers l'année 98 de notre ère, une statue triomphale pour avoir, par la terreur de ses armes, forcé les Bructères d'accepter comme roi un protégé de Rome, et que ce résultat ne peut avoir été obtenu que par le commandant de l'armée du Bas-Rhin. Ensuite, nous n'avons pas connaissance d'une autre guerre, dans cette contrée, qui aurait pu engager Domitien à y envoyer Trajan, tandis que la Germanie supérieure a été le théâtre d'une guerre contre les Suèves dont fait mention une inscription (3) relative à un certain Q. Attius Priscus, qui,

(1) Eutrop., VIII, 2: « imperator autem (Trajanus) apud Agrippinam in Galliis factus est; » Aurel. Vict. Epit. 13: « Hic imperium apud Agrippinam, nobilem Galliæ coloniam, suscepit.

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(2) Annali dell' Istituto archeologico, vol. XXXIV, pp. 146 et suiv. Rome, 1862.

(3) Orelli, Inscripll. 5439.

pour y avoir pris part, comme tribun de la légion I Adjutrix, fut honoré de récompenses militaires par l'empereur Nerva. Or, la susdite légion faisait partie de l'armée du Haut-Rhin; on ne saurait donc douter que la guerre contre les Suèves n'ait été dirigée par le légat de cette province. En troisième lieu, c'est cette guerre qui valut à Nerva le surnom de Germanicus, et la circonstance que le même surnom fut accordé à Trajan, pourrait donner à penser que celui-ci ne le reçut pas seulement comme conséquence de son adoption, mais encore comme le véritable vainqueur des Suèves. Enfin, la mission d'Hadrien dans la Germanie supérieure pour y porter à Trajan les félicitations de l'armée de Moesie, à l'occasion de son adoption par Nerva, permet à peine de douter que Trajan ne fût légat de cette province, et, comme d'après Spartien et l'inscription du théâtre d'Athènes, Hadrien, qui était tribun de la légion V Macedonica, passa en la même qualité à la légion XXII primigenia, stationnée dans les environs de Mayence, on peut conjecturer que ce changement de corps fut provoqué par Trajan dans le but de retenir auprès de lui son jeune parent. Parvenu à la dignité de César, Trajan aura pris probablement les rênes du gouvernement de cette partie de l'empire, comme l'avait fait autrefois Germanicus, et se sera rendu à Cologne. Ainsi s'explique comment il a reçu dans cette colonie romaine la nouvelle de la mort de Nerva et de son propre avénement à l'empire. Une chose certaine, c'est que Trajan ne résidait plus alors dans la Germanie supérieure, puisque, au témoignage du biographe d'Hadrien (1),

(1) Spartian. Vila Hadrian., c. 2: « Trajano a Nerva adoptato, ad gratulationem exercitus missus, in Germaniam superiorem translatus est : ex qua festinans ad Trajanum, ut primus nuntiaret excessum Nervæ,

celui-ci dut sortir de cette province pour lui annoncer la mort de Nerva. Le même historien ajoute que Servianus, mari de la sœur d'Hadrien, que nous savons par le témoi gnage de Pline (1), avoir eu le gouvernement de l'une des deux Germanies, tenta d'empêcher son beau-frère de porter le premier la nouvelle à Trajan. Il faut conclure de ce fait que c'est la Germanie supérieure dont Servianus était légat et qu'il y avait succédé à Trajan. »

Il est difficile de ne pas se rendre à des raisons déduites avec une sagacité égale au savoir avec lequel elles sont réunies; elles ne m'ont cependant pas convaincu. Le dissentiment entre M. Henzen et moi a pour point de départ l'interprétation différente que nous donnons à un passage de Spartien, où l'historien, en parlant d'Hadrien, dit : Trajano a Nerva adoptato, ad gratulationem exercitus missus, in Germaniam translatus est. Je ne saurais trouver, comme lui, dans cette phrase, la preuve qu'Hadrien présenta à Trajan les félicitations de l'armée de Mosie à Mayence plutôt qu'à Cologne. Le mot missus exprime la mission dont il fut chargé, mais le mot translatus ne veut pas dire que pour la remplir il se rendit dans la Germanie supérieure. Ce mot a rapport à un fait subséquent et indique qu'à la suite de sa mission, le jeune tribun militaire fut transféré de l'armée de Mosie à celle du Haut-Rhin (2).

a Serviano, sororis viro..... diu detentus, fractoque consulte vehiculo tardatus, pedibus iter faciens ejusdem Serviani beneficiarium antevenit. (1) Epist. VIII, 25.

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(2) Le sens que j'adopte est confirmé par cet autre passage du mème biographe, qui se lit quelques lignes plus haut: Atque inde Tribunus secundæ Adjutricis legionis creatus: post haec in inferiorem Moesiam translatus est, La pensée de Spartien est indubitablement qu'Hadrien fut créé tribun de la légion II Adjutrix (stationnée vraisemblablement alors dans la Bretagne), et qu'ensuite il passa avec le même grade à une légion de la Mosie (la Ve Macedonica).

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