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Tous les actes de la vie embryonnaire témoignent de ce fait; et, n'est-ce pas exactement à la fin du dixième cycle quadriseptimanaire que l'enfant se détache du corps de la mère? puis, comme si le compte des jours devait se refléter dans celui des années, n'est-ce pas à l'âge de trois, de sept, de quatorze, de vingt et un et de vingt-huit ans que surviennent les principaux événements de la vie indépendante?'

La physiologie moderne a découvert que la périodicité cataméniale, qui est également quadri-septimanaire, dépend essentiellement de ce qu'on a appelé l'ovulation spontanée. Tous les vingt-huit jours un œuf parvient à sa maturité et se détache spontanément, comme le fruit mûr tombe de l'arbre qui l'a nourri. Ce qui se passe pour l'œuf arrive pour tous les autres produits plastiques de l'organisme : leur maturité coïncide avec des époques déterminées; seulement ces époques sont moins manifestes et attendent encore, pour la plupart, leur détermination

exacte.

Messieurs, je crois avoir démontré, d'abord, que les phénomènes de la vie sont soumis à trois espèces de périodicité, ou plutôt, que les trois phases de la vie, représentées par le sang, les nerfs et les tissus, ont chacune leur propre périodicité; puis, que la périodicité que j'appelle physiologique diffère essentiellement de la périodicité physique et astronomique.

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A un examen superficiel, il est vrai, la marche des êtres individuels semble être réglée selon l'horloge du monde l'observation met en parallèle, d'une part, les alternatives de la veille et du sommeil, d'une autre, celles du jour et de la nuit; elle rattache à certaines heures de la journée le réveil de l'appétit et les variations de la cir

culation du sang; elle enregistre des périodes dont la durée correspond au retour de certaines phases de la lune. Mais en y regardant de près, on découvre, d'abord, que ces rapprochements n'ont qu'une valeur approximative, puis, qu'il y a, dans les ètres vivants, d'autres phénomènes périodiques auxquels les temps astronomiques ne sont applicables que comme des mesures arbitraires. En un mot, les organismes, tout en obéissant aux conditions extérieures de la planète, possèdent en eux-mêmes une mesure d'après laquelle s'écoule leur existence : ils sont libres comme les passagers sur le navire qui les transporte à travers l'Océan.

De même que l'espace et le temps sont la mesure du monde en général, la forme et le rhythme sont les attributs propres de tout organisme individuel. La forme, c'est la restriction de l'espace; le rhythme, c'est la limitation du temps. Nous appelons type de l'espèce la loi qui fixe l'une et l'autre.

Dans l'étude du monde inorganique, l'analyse mathématique est parvenue, par l'abstraction, à identifier les nombres et les figures. Un rapport semblable doit exister, dans les êtres vivants, entre les formes et les périodes.

Il existe même en dehors de la nature, dans les créations du génie humain. L'harmonie de la forme et du rhythme, c'est le langage de la poésie. Et ce fut une idée familière aux Grecs, que de comparer la succession régulière des phénomènes à la beauté des proportions. Dans plusieurs endroits de ses dialogues immortels, Platon a mis en parallèle la musique et l'architecture. Parmi les penseurs modernes, Jean-Paul Richter a appelé la belle architecture de la musique crystallisée.

Tout se tient dans le monde des phénomènes parce

que tout part d'un principe commun. Mais l'unité n'est pas la confusion; l'harmonie n'est possible qu'entre des éléments divers et indépendants.

Dans la voie de la vérité, comme dans celles de la justice et de la beauté, définir les différences, c'est faire comprendre les affinités.

Je termine, comme j'ai commencé, en rendant hommage à la tendance qui harmonise les productions diverses de l'intelligence, tendance si heureusement réalisée par le rapprochement, au sein d'une même classe de l'Académie, de toutes les sciences, et par la réunion des trois classes des sciences, des lettres et des beaux-arts, sous le titre d'Académie royale de Belgique.

M. Liagre a lu ensuite sa notice consacrée à la vie et aux travaux de feu M. J.-B. Brasseur, membre de l'Académie, né à Esch sur l'Alzette le 24 juin 1802, décédé à Liége le 13 mai 1868.

M. L. De Koninck donne à son tour lecture de sa notice consacrée à la vie et aux travaux de M. F.-J. Cantraine, membre de l'Académie, né à Ellezelles le 1er décembre 1801, décédé à Gand le 22 décembre 1863.

Ces deux notices, destinées à l'Annuaire de 1869, prendront place dans ce Recueil.

M. le secrétaire perpétuel proclame ensuite les résultats suivants du concours annuel de la classe, ainsi que des élections faites dans la séance de la veille :

CONCOURS DE 1868.

Quatre questions avaient été inscrites au programme du concours de cette année.

Un mémoire portant pour devise : L'imagination se lasserait plutôt de concevoir que la nature de produire (Pascal), a été envoyé en réponse à la quatrième question :

- Faire connaître la composition anatomique de l'œuf dans diverses classes du règne animal, son mode de formation et la signification des diverses parties qui la con

stituent.

Conformément aux conclusions des rapporteurs, la classe a décerné sa médaille d'or à ce travail ayant pour auteur M. Edouard Van Beneden, docteur en sciences naturelles, à Louvain.

M. Edouard Van Beneden est venu recevoir la récompense académique qu'il a remportée avec la plus grande distinction.

ÉLECTIONS.

Pendant le courant de l'année 1868, la classè a perdu l'un de ses membres, M. J.-B. Brasseur, décédé le 13 mai dernier.

Dans sa séance d'hier, elle a procédé à l'élection pour cette place vacante-section des sciences mathématiques

et physiques et les suffrages se sont portés sur M. STEICHEN, déjà correspondant.

Cette élection sera soumise à l'approbation de Sa Majesté.

La classe avait perdu aussi trois de ses associés de la section des sciences mathématiques et physiques et un associé de celle des sciences naturelles. Les suffrages se sont portés sur :

MM. REGNAULT, de l'Institut impérial de France; le lieutenant général BAEYER, chef de la division topographique à Berlin; KIRCHHOFF, professeur à l'université d'Heidelberg; PAOLO SAVI, directeur du Musée d'histoire naturelle de l'Université de Pise, pour les places vacantes par les décès de MM. JAMES SOUTH, DAVID Brewster, MATTEUCCI et FLOURENS.

OUVRAGES PRÉSENTÉS.

Fétis (F.-J.).

Fantaisie symphonique pour orgue et orchestre, composée pour le 50me anniversaire du rétablissement de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Bruxelles, 1868; p. in-4o.

Lacordaire (Th.). — Histoire naturelle des insectes: Genera des coléoptères. Tome VIII. Paris, 1869; in-8°.

Commission académique pour la publication des œuvres des grands écrivains du pays. OEuvres de Froissart, publiées avec les variantes des divers manuscrits, par M. le baron Kervyn de Lettenhove. Chroniques, tome VI, 1556-1564. Bruxelles, 1868; in-8°.

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