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Cette zone renferme un certain nombre de fossiles qui n'ont pas encore été étudiés d'une manière complète. Il y a plusieurs espèces de trilobites. M. Hébert y a cité, à Mondrepuits Grammysia Hamiltonensis, Chonetes sarcinulata, Tentaculites ornatus et des Cypridines, quelquefois en si grand nombre, qu'elles semblent constituer toute la roche. Nous avons retrouvé les mêmes fossiles en aussi grande quantité à Macquenoise; plus loin, vers l'E., ils sont moins abondants. Cependant, nous avons encore pu constater leur présence au moulin du Mesnil, près d'Oignies, à Fepin, sur les bords de la Meuse, et à LouetteSaint-Pierre.

Les schistes fossilifères sont superposés à des arkoses formées de grains de quartz hyalin de la grosseur d'un pois, réunis par un ciment feldspathique ou talqueux. Cette roche, que Dumont nomme bien à tort poudingue, avait été désignée, dès 1828, par M. d'Omalius, sous le nom de grès de Weismes, que nous lui laisserons ou plutôt que nous modifierons en arkose de Weismes. A Fepin on rencontre, entre les bancs d'arkose, des schistes grisâtres qui renferment des empreintes stéatiteuses de plantes; à Gdoumont, près de Malmédy, la partie supérieure de l'arkose passe à un grès schistoïde qui renferme de nombreux fossiles.

L'arkose de Weismes n'existe pas partout; ainsi, elle manque sur la lisière SE. du massif de Rocroy, et il est rare qu'on puisse la voir en place; presque toujours les couches ont été démantelées, remaniées, et l'on trouve à la surface du sol des blocs d'arkose, plus ou moins volumineux, ensevelis dans une espèce d'arène, assez semblable à celle qui provient de la désagrégation du granit,

mais plus argileuse et formant un sol très-humide, remarquable par sa stérilité.

Au milieu des schistes bigarrés, il existe des bancs d'arkose qu'on ne peut distinguer de l'arkose de Weismes, et qui montre d'autant mieux la liaison de ces deux couches, que l'arkose de Weismes renferme, elle aussi, parfois des bancs subordonnés de schistes rouges.

La couche la plus inférieure de l'assise des schistes de Gedinne est un poudingue à gros éléments. Les cailloux roulés, qui atteignent quelquefois la grosseur de la tête (et il y en a de plus gros encore), sont des quartzites provenant des couches sous-jacentes du terrain ardennais. Ils sont accompagnés de fragments de schistes ou phyllades également ardennais. Le ciment est tantôt quartzeux, tantôt schistoïde. Dumont a donné au poudingue, formé de fragments de schistes ou à ciment schistoïde, l'épithète de phylladifère. Ce poudingue, que nous désignerons sous le nom de poudingue de Fepin, parce qu'il présente, près de ce village, un de ses plus beaux développements, ne se rencontre que d'une manière très-irrégulière, présentant, dans certains points, une épaisseur de 20 à 30 mètres, et près de là disparaissant tout à coup. On peut dire que son développement est en raison inverse de celui de l'arkose de Weismes; il semble que ce soient deux formations contemporaines, et que le poudingue se soit produit là où les flots battaient avec violence le rivage ardennais. Toutes les fois que le poudingue et l'arkose se trouvent ensemble dans les mêmes endroits, le poudingue est à la base et l'arkose le recouvre en stratification concordante, comme le montrent les coupes fig. 5, 6, 8, 14 et 16.

Le tableau suivant indiquera la composition du terrain rhénan de Dumont.

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Les schistes de Gedinne, que nous désignerons souvent, par abréviation, sous le nom de Gedinnien, sont immédiatement superposés au terrain ardennais, et ils en recouvrent indifféremment tous les systèmes. Ainsi, on les voit reposer sur le système salmien à Spa, à Werbomont, elc.; sur le système revinien à Mondrepuits, Macquenoise, Milourd, Fepin, Quarreux, Ondinval, etc.; sur le système devillien à Oignies, Tournaveaux, etc. Cette disposition est déjà une marque d'indépendance par rapport aux couches sous-jacentes; tandis que celles-ci plongent, sans exception, vers le S., plus ou moins E. ou O., la base du gedinnien une inclinaison toute différente et en rapport avec sa position. Adossée aux massifs ardennais, elle plonge · comme eux vers le S. lorsqu'elle repose sur leur contour méridional, simulant ainsi une stratification concordante;

(1) L'un de nous a employé, dans des publications antérieures, le nom de Grauwacke à Leptœna Murchisoni, pour désigner cette assise; il y renonce dans ce travail pour ne pas se servir d'un terme inusité en Belgique.

au contraire, sur leur contour septentrional, elle incline vers le N., c'est-à-dire dans un sens tout à fait opposé à celui des roches ardennaises. Il n'y a, à cette règle, que de très-rares exceptions que nous discuterons ultérieure

ment.

§ III.

De l'ensemble passons aux détails, et, pour plus d'ordre, examinons séparément le contour de chaque massif ardennais en commençant par celui de Stavelot, puisque c'est là que Dumont a donné les principales preuves à l'appui de son opinion. Voici comment il s'exprime : « D'après ce » qui précède, il est aisé de voir que l'étage inférieur du » système gedinnien a partout une direction et une in> clinaison indépendantes de celles du massif ardennais › contre lequel il s'appuie, et que l'inclinaison diverge à > partir de ce dernier, en formant avec l'horizon un angle » qui dépasse rarement 35°. La discordance qui existe entre » la stratification du terrain rhénan et du terrain ardennais » est donc rigoureusement démontrée. Voici, du reste, quelques faits particuliers qui ne laisseront aucun doute » sur ce point (1). »

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Rigoureusement, dit Dumont, nous ne croyons pas qu'il y ait un seul géologue pour accepter un pareil raisonnement. Ce n'est pas une différence de 40 à 50° dans l'inclinaison qui peut faire admettre une discordance dans nos terrains primaires si fortement plissés. On pourrait trouver de nombreux exemples de faits analogues entre les cou

(1) A. Dumont, Mémoire sur les terrains ardennais et rhénan, 2o part., pp. 79 et 80.

ches d'un même système et même entre les bancs d'une même carrière. Il faut cependant reconnaître que la généralité de cette différence d'inclinaison est un argument qui possède une certaine valeur.

Les faits particuliers cités par Dumont sont les sui

vants :

« 1° Sur la nouvelle route de Werbomont à Stavelot, > les bancs de poudingue (il nomme poudingue ce que » nous appelons arkose) gedinniens, et les schistes rou» geâtres et verdàtres qui les accompagnent ont une in> clinaison 0.18°N.=54°, tandis que le phyllade et le > quartzophyllade salmien ont une inclinaison S. 27° E., > très-voisine de la verticale. Les deux systèmes se tou» chant, la discordance entre leur stratification est évi» dente. D

› Plus loin, en suivant la même route, on voit encore » un lambeau de poudingue gris-verdâtre et de schiste Drouge gedinniens dont l'inclinaison O. 7° S. =20°. Le » quartzophyllade qui se trouve près de ce point offre une > inclinaison S. 2o E.=4o. La stratification des deux sys» tèmes y est aussi par conséquent en discordance (1). »

La première coupe citée a été probablement altérée par les éboulements, car elle est loin d'offrir l'évidence que lui attribue Dumont. L'arkose y est en bancs démantelés dont il est assez difficile d'établir la disposition (fig. 1): un seul bloc très-réduit est au contact du phyllade ardennais, et on pourrait voir là des roches remaniées dont la disposition transgressive n'aurait aucune importance pour la question qui nous occupe.

(1) Loc. cit., p. 80.

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