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les squelettes que nous possédons à Louvain, et je me suis convaincu que le travail de M. Van Bambeke est fait avec soin et sagacité.

La lecture de ce travail m'a confirmé de plus en plus dans l'idée, que le nombre de vertèbres, de côtes, etc., n'est pas aussi constant que des cétologues semblent le croire. Et comme chez eux la symétrie, de la tête surtout, est rarement complète, que les deux moitiés sont généralement dissemblables, il existe des différences individuelles plus grandes qu'ailleurs, et il faut un plus grand nombre d'individus pour l'établissement des espèces. Il y a cependant des cétologues pour lesquels toute modification, si minime qu'elle soit, suffit pour la création de nouveaux types.

Le Tursio décrit par M. Van Bambeke a treize côtes d'un côté et quatorze de l'autre, comme le squelette du Mysticetus de Bruxelles; dans un autre Tursio de Helgoland également, nous en trouvons quinze, et dans un squelette de la Méditerranée nous n'en voyons que douze. Nous avons vu un Globiceps à dix côtes et un autre à onze, un Narval à onze côtes et un autre à douze, des Orques avec douze, treize ou quatorze côtes.

Quant au nombre de vertèbres, s'il est vrai qu'il ne varie pas avec l'âge, au moins il n'est pas tout à fait le même dans les divers individus d'une espèce. La Balanoptera rostrata Fabr., si remarquable par ses quarante-huit vertèbres, en a quelquefois quarante-neuf, et nous avons vu à Bergen un squelette de mâle et un squelette de femelle, tous les deux des fiords de Norwége, et dont l'un n'a que quarante-cinq vertèbres et l'autre quarante-neuf. M. Flower en a compté cinquante, si je ne me trompe. Lacepède fait mention de quarante-six.

Le travail de M. Van Bambeke enrichit la science de quelques faits individuels de plus, et comme les cétologues pourront trouver dans cette notice des renseignements utiles, nous avons l'honneur d'en proposer l'impression dans les Bulletins de l'Académie. »

Rapport de M. Poelman.

« Je me joins à mon savant collègue, M. Van Beneden, pour proposer d'imprimer dans le Bulletin de l'Académie le travail de M. Van Bambeke, ainsi que la planche qui l'accompagne. >>

Rapport de M. Th. Lacordaire.

< M. Van Beneden se portant garant de l'exactitude des descriptions de M. Van Bambeke, que je n'ai pu vérifier moi-même faute de matériaux, je me rallie volontiers aux conclusions de notre savant confrère de Louvain. »

Conformément aux conclusions du rapport de M. Van Beneden, auxquelles adhèrent MM. Poelman et Lacordaire, second et troisième commissaires, la classe vote l'impression du travail de M. Van Bambeke dans les Bulletins ainsi que de la planche qui l'accompagne.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

La première côte des cétacés, à propos de la notice du docteur J.-E. Gray, sur la distribution des baleines; par P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie.

En publiant ma notice sur la distribution géographique des baleines, dans le Bulletin du mois dernier, j'espérais provoquer des observations de la part de quelques naturalistes qui se sont occupés de ces animaux, tant au point de vue des espèces que de leurs stations et de leurs émigrations.

Dans le n° IV des Ann. and Mag. of nat. hist. du mois d'avril dernier, M. le docteur J.-E. Gray, directeur du British museum, a bien voulu s'occuper de ce travail et m'adresser quelques observations critiques. C'est à la dernière séance de l'Académie que notre savant confrère, M. le professeur Lacordaire, a eu l'obligeance de m'informer de cette publication.

Le docteur Gray dit que je n'ai pas figuré sur ma carte la baleine que l'on prend dans la mer des Indes, depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu'à la Nouvelle-Hollande.

Le docteur Gray a raison. Je n'ai pas figuré la zone occupée par cette baleine, pour le motif que je ne connais pas l'espèce qui occupe cette zone. Est-ce la B. emarginata du docteur Gray, établie sur trois fanons, est-ce la B. australiensis du même savant, qui était d'abord la Macleayius australiensis, et qu'il a créée d'après la photographie qui

lui a été envoyée d'une région cervicale conservée au musée de Sydney, ou est-ce la B. australis? Les baleiniers ne lui donnent pas un nom propre, et dans l'incertitude, j'ai préféré attendre.

Si le docteur Gray avait fait attention à ce que j'ai dit, page (20) 14 de ma notice, il se serait assuré que je suis loin d'ignorer l'existence d'une baleine dans ces parages. Voici, en effet, comment je me suis exprimé :

« Si nous osions émettre un avis a priori, nous dirions » que la baleine que l'on prend depuis le cap de BonneEspérance jusqu'en Australie, doit être nouvelle pour » la science. >>

D

Le jour où nous saurons positivement quelle est l'espèce qui hante ces parages, nous la ferons figurer sur notre carte, qui, on ne doit pas l'oublier, ne donne que la distribution géographique des baleines bien connues.

Le savant naturaliste du British museum dit ensuite que l'on ne possède pas d'os ou d'autres débris de baleine de la côte de Sibérie, et que l'on ne peut assurer que c'est un Mysticetus qui habite ces régions.

Le docteur Gray a parfaitement raison.

Les musées ne renferment aucun débris, mais les baleiniers ont fait des observations, que la zoologie est en droit de mettre à profit, surtout quand les faits sont si rares et si difficiles à constater.

Les résultats des diverses observations semblent d'accord pour admettre, au nord du Pacifique, deux espèces de baleines ayant les îles Aléoutiennes pour limites: l'une, au sud, se rendant de la côte ouest d'Amérique à la côte est d'Asie; l'autre, au nord, passant par le détroit de Behring et remontant, au milieu des courants d'eaux froides, la côte de Kamschatka jusqu'à la mer du Japon.

La première n'est guère connue que par les baleiniers et sur ses fanons: c'est la baleine Japonica, du docteur Gray. Le musée de Copenhague en possède un fœtus, si je ne me trompe; la seconde est, pensons-nous, la baleine du Groënland ou une espèce voisine, et c'est elle qui passe du nord du Pacifique au pôle arctique. Nous n'avons pas beaucoup de faits pour étayer cette opinion, mais il y en a parmi eux qui ont une certaine valeur.

On a trouvé depuis longtemps, dans des baleines capturées ou échouées dans la mer de Behring, et jusque sur la côte de Corée, des crocs et des harpons européens, qui n'ont pu être lancés qu'au nord de l'Europe, et ces observations datent d'une époque où aucun navire européen n'était entré encore dans le Pacifique pour y faire la pêche de la baleine. Par contre, on a trouvé, au Spitzberg, dans le corps de baleines capturées, des harpons en silex, qui ne paraissent en usage que sur les côtes de l'Amérique russe. On ne connaît pas d'autre contrée où de pareils engins sont employés pour cette pêche. Voilà donc des baleines qui ont passé du Spitzberg au détroit de Behring, d'autres qui sont venues de la côte de l'Amérique russe au Spitzberg, et, si nous ajoutons que Zorgdrager distinguait déjà deux sortes de baleines franches au Nord, à l'époque où cette pêche était florissante, nous avons tout lieu de supposer qu'il existe une baleine qui passe de l'Océan glacial arctique dans la mer Pacifique.

Il est vrai, deux cétologues autorisés, tout en connaissant parfaitement tous ces faits, Eschricht et le professeur Reinhardt, ne croient pas que ce passage, ou cette émigration, soit pour cela régulière; ils disent: un animal blessé peut fort bien suivre une route nouvelle et s'égarer dans d'autres directions. Il est à remarquer cependant que l'on

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