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plusieurs de ces cocons dans des trous de forme conique (1824). Le tissu de la capsule, la substance spongieuse et le mucus qui baigne les ovules furent examinés par Boulay, et les résultats obtenus par ce savant chimiste furent consignés par le docteur Rayer, dans un mémoire intéressant sur la reproduction de la Sangsue médicinale et de la Néphélis octoculée (1824). Johnson et Achard (1825) publièrent aussi d'importantes observations sur le même sujet, et furent imités en 1826, par Desaux et Chatelain.

Tel était l'état de nos connaissances anatomiques et physiologiques sur les Hirudinées, lorsque j'entrepris, en 1826, une monographie de toute la famille. Mon ouvrage était une simple thèse qui ne méritait pas, sans doute, l'accueil bienveillant qu'on lui a fait. Je ne connaissais pas les travaux importants de Spix, de Kuntzmann et de Bojanus. Avec Cuvier, j'avais pris les deux grandes poches stomacales des Sangsues pour deux cœcums; avec Dugès, j'avais considéré les glandes mucipares et les réservoirs de la mucosité comme un appareil respiratoire. On pouvait aussi me reprocher d'avoir décrit d'une manière obscure ou incomplète le système musculaire, les denticules des mâchoires et les anastomoses des vaisseaux; d'avoir cru trop légèrement, sur l'assertion de Carena, que certaines Glossiphonies sont vivipares, et de n'avoir pas fait mention ni du collier œsophagien, ni du tissu hépathique, ni des glandes salivaires................

Peu de temps après la publication de ma Monographie, Blainville a donné, dans le Dictionnaire des sciences naturelles (1827), un résumé fidèle et complet de tout ce qui avait été écrit sur la structure et les fonctions des Sang

sues et des Hirudinées. Ce beau travail était digne de la réputation de son auteur.

Depuis cette époque, les Hirudinées ont été l'objet d'un grand nombre d'investigations, Grant a fait connaître les œufs de la Ponbdelle muriquée (1827); Weber a présenté quelques détails sur l'organisation des points oculiformes (1827), et un mémoire remarquable sur le développement des embryons (1828). J. Müller et Dugès ont écrit sur le système vasculaire et sur la circulation de la Néphélis et des Sangsues (1828). Ce dernier professeur a développé et appliqué dans un savant mémoire l'idée philosophique de la multiplicité des organismes (1832). Audouin a publié quelques notes sur la structure des Ponbdelles et des Glossiphonies (1829). Delle Chiaje (1832) et Wagner (1834), se sont occupés aussi de l'anatomie de la Sangsue de mer. Brandt a rédigé une admirable monographie sur les organes et les fonctions de la Sangsue médicinale (1833). Morren a étudié les organes génitaux de l'Aulastome (1834); Filippi, le système nerveux, les organes sexuels et le développement embryonnaire de la Glossiphonie sexoculée (1839 ); Guyon, les mœurs et le danger de la vraie Sangsue de cheval ou Hemopis (1838-43), et Brightwell, l'accoupleplement et les œufs de la Piscicole Géomètre (1842); F. Müller a montré les rapports de structure qui unissent aux Glossiphonies les Hirudo marginata et tessulata (1844). Enfin, tout récemment (1845), Chevallier a calculé, d'une manière rigoureuse, la quantité de sang que pompent les Sangsues officinales, suivant leur poids ou leur volume; Frey est revenu sur l'embryogénie de la Néphélis octoculée, et Blanchard a fait connaître la curieuse organisation de la Malacobdelle.

4o De la position des Hirudinées dans les diverses classifications générales.

Chez les anciens, les Sangsues étaient comprises parmi les animaux qu'ils avaient désignés sous le nom d'exsanguia, animaux qu'ils ne regardaient pas comme tout à fait privés de sang; mais comme pourvus d'un fluide qui n'était pas de couleur rouge. Cette division fut appelée plus tard animaux à sang blanc ou à sanie.

Plusieurs auteurs placèrent ces Annelides parmi les poissons et les reptiles. Ray les considéra comme des insectes, sans métamorphose, apodes, aquatiques et pourvus d'un corps grand et étroit (1710). Linné les rangea d'abord parmi ses Vermes reptilia, après les Lombrics (1746) et plus tard parmi ses Vers intestinaux entre les Sipunculus et la Myxine. Müller les fit entrer dans les Vers terrestres ou fluviatiles qui ne sont ni testacés, ni infusoires, et qu'il a nommés Helminthica. Elles se trouvent dans la section de ceux qui sont dépourvus de soies ou de cils (Helminthica mutica).

Blumenbach, dans son Manuel d'histoire naturelle (1779), Gmelin, dans son Systema naturæ (1788), et Bruguiere, dans son Helminthologie (1791), laissèrent les Sangsues parmi les Vers intestinaux; lorsque Cuvier, n'ayant appliqué cette dénomination qu'aux animaux parasites des animaux vivants, plaça ces Annelides parmi les Vers proprement dits privés d'épines ou de soies (1798). Cette séparation fut adoptée par Lamarck, dans son Système des animaux sans vertèbres (1801), et par Bosc, dans son Histoire des vers (1802), qui désignèrent sous le nom de Vers extérieurs tous ceux de

POSITION DANS LES CLASSIFICATIONS.

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ces invertébrés qui ne vivaient pas dans l'intérieur des animaux.

Reconnaissant plus tard que parmi les Vers extérieurs, un certain nombre d'animaux se distinguaient par la couleur rouge du sang, par un double système de vaisseaux compliqués, par un corps formé d'anneaux......... Cuvier proposa d'en établir un groupe séparé sous le nom d'animaux à sang rouge (1802). Lamarck adopta cette classe, dans le Prodrome de son cours, en 1812; il la plaça dans un rang plus élevé que celle des insectes, et changea son nom en celui d'Annelides ( Annulata, Annularia, Annulosa). Les Sangsues appartiennent à la seconde section de ses Annelides cryptobranches.

Duméril a rangé les Sangsues parmi les Vers endobranches caractérisés par l'absence de tout système respiratoire extérieur; elles se trouvent entre les Dragoneaux et les Planaires (1806).

Oken a mis ces animaux dans l'ordre des Vers (Wurzelkerfe) et dans la tribu des Vers lisses (Glattwürmer) (1815).

Cuvier les a placés, en 1817, parmi ses Annelides abranches, et Lamarck, en 1818, parmi ses Annelides apodes.

Carus les range dans le second ordre (Annelides) de sa classe de Thoracozoaires (1818), et Goldfuss dans sa section des Gymnodermes (1820).

Latreille en a fait des Annelides enterobranches (1825); Blainville les a considérés d'abord comme des Entomozoaires apodes (1822), et ensuite comme des Myzocé

phalés (1828); enfin, Dugès en a composé l'ordre des Hirudiniens, qui se trouve dans sa classe des Lombricistes ou Annelides, qui est la première de son sous-règne des Astacaires ou Articulés (1838).

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