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PRÉFACE.

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Denys Godefroy a publié pour la première fois la chronique suivante, sans indiquer le manuscrit d'après lequel il l'avait retrouvé. Il lui a été impossible de retrouver aucun manuscrit de cette chronique, qui donne un si grand nombre de détails intéressants sur l'arrivée de Jeanne d'Arc à la cour, et sur la levée du siége d'Orléans par les Anglais; mais qui s'arrête avant la prise de Jeanne d'Arc à Compiègne, époque à laquelle commence le manuscrit d'Orléans, publié en tête de ce volume. En réunissant les deux ouvrages, on a une histoire contemporaine qui met en état de suivre cette héroïne dans toutes les circonstances de sa vie. J'ai ajouté à cet Appendice, quelques documents qui complèteront cet intéressant épisode.

J.-A. BUCHON.

DE

LA PUCELLE.

S'ENSUIVENT les gestes, et aucunes choses advenues du temps du très chrestien et très noble roy Charles VII de ce nom, qui eut le royaume après le trespas de feu son père, Charles VI, lequel trespassa l'an mil quatre cent vingt-deux, le vingt-uniesme jour d'octobre: auquel temps les choses estoient dans le royaume de France en petit estat; et y eut divers exploits de guerre, et grandes divisions presque partout. Or, il y avoit en Auvergne un grand seigneur terrien, nommé le seigneur de Rochebaron, qui possédoit plusieurs belles terres et seigneuries, et tenoit le parti du duc de Bourgongne, et par conséquent du roy d'Angleterre; lequel eut en sa compaignie un Savoisien, nommé le seigneur de Salenove, et se mirent sus, accompagnés de bien huict cents hommes d'armes et les archers; et tenoient les champs, et faisoient beaucoup de maux, et endommageoient le pays en diverses manières. La chose vint à la congnoissance du comte de Perdriac, fils du feu comte d'Armagnac, du mareschal de France, nommé La Fayette, et du seigneur de Groslée, séneschal de Lyon, et bailly de Mascon,

MONSTRELET. T. IX. CHRON. DE LA PUCELle.

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lesquels assemblèrent gens, le plus diligemment qu'ils peurent, et se mirent sur les champs, en intention de rencontrer lesdits de Rochebaron et Salenove. Et de faict, ils les trouvèrent, et pensèrent frapper sur eux; mais ils n'attendirent pas, et s'enfuirent très laschement et déshonnestement, et se retirèrent en une place, nommée Bousos. Tout au plus près d'icelle place il y avoit un moulin, auquel un arbalestrier mit le feu; et fut si fort et véhément qu'il entra en la ville, dont on ne se donnoit de garde; tellement que les Bourguignons et Savoisiens en furent surpris, et les capitaines trouvèrent moyen de se sauver, et s'en allèrent ; aucuns de leurs gens se vinrent rendre prisonniers et les autres furent tués. Après cela, lesdits seigneurs de Perdriac, le mareschal, et Groslée, allèrent devant la place de Rochebaron, qui fut prise, avec toutes les autres places de ce seigneur; et ceux de leurs gens qui s'en peurent fuir, furent tués dans les montagnes en divers lieux, par les gens du plat pays, que on nommoit brigands; et tout ce pays fut lors réduit en l'obéissance du roy. Cependant, le vicomte de Narbonne et le seigneur de Torsay mirent le siége à Cosne; mais les ducs de Betfort et de Bourgogne assemblèrent gens pour venir en faire lever le siége; et les François voyants qu'ils estoient trop foibles, levèrent d'eux-mêmes leur siége, et s'en allèrent en Guyenne, à une cité vers Bordeaux, nommée Basas, devant laquelle les Anglois mirent le siége. Et finalement lesdits seigneurs françois prirent

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