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En troisième lieu, je donne des détails sur la maison de Jeanne d'Arc à Domremy, qui

est et sera de plus en plus un lieu de pèlerinage pour les Français.

Dans un quatrième chapitre, je m'occupe de la légende qui s'accrédita sur l'entrevue de Jeanne avec le roi, et où apparaît si bien cette auréole de merveilleux dont le peuple se plut à entourer, dès la première heure, la future libératrice.

Au cinquième chapitre, je publie les lettres de Jeanne, parmi lesquelles celles qui sont adressées à diverses villes manifestent admirablement quelle grande confiance le bon peuple avait en elle.

Au sixième chapitre, je fais intégralement connaître, en les rapprochant du splendide cantique de Debora, les stances de Christine de Pisan, monument non encore vulgarisé de l'admiration enthousiaste de la France pour l'héroïne qui venait de vaincre les Anglais et de faire sacrer le roi.

Enfin, je consacre un dernier chapitre à ce

Mystère du siège d'Orléans, où l'on sent d'un ́ bout à l'autre l'inspiration populaire, et qui est un des trésors trop ignorés de notre vieille France. La même année 1456 vit clore le procès de réhabilitation et représenter le drame naïf consacré à l'exaltation de la Pucelle.

Quelque soin que j'aie apporté au livre intitulé JEANNE D'ARC, LIBÉRATRICE DE LA FRANCE, je ne me flatte point d'avoir réussi à y faire revivre en sa vérité cette sublime fille, sainte image de la France au combat.

Du moins, m'est-il permis d'affirmer que dans les réponses de Jeanne, au PROCÈS DE CONDAMNATION, et dans les dépositions des témoins, au PROCÈS DE RÉHABILITATION, en dépit de l'insuffisance de ma double traduction, on trouvera des pages dignes d'être lues et relues par les Français et surtout par les Françaises. C'est l'évangile du patriotisme.

C'est aussi l'évangile de la tolérance. Il n'existe contre l'inquisition aucun réquisitoire qui ait l'éloquence de ces deux procès.

>>

distingués

<< Pauvre Jeanne d'Arc! disait naguère Sainte» Beuve, avec une humour mêlée d'exagéra» tions. Elle a eu bien du malheur dans ce que » sa mémoire a provoqué d'écrits et de compo»sitions de diverses sortes... Des historiens Henri Martin et Michelet >> lui doivent d'avoir fait des chapitres bien » systématiques' ou un peu fous', et la dernière >> histoire qu'on a d'elle, par M. Wallon, une >> histoire que l'Académie française a eu la >> complaisance extrême de couronner, est bien » la faiblesse même 3, et, de plus, une œuvre >> imprégnée d'un léger esprit de superstition.

» J'EN VIENS DONC A PENSER QU'IL N'Y A RIEN de tel » POUR HONORER LE MIRACLE DE LA PATRIOTIQUE » JEUNE FILLE QUE LE VRAI TOUT SIMPLE, ET CE QUI » PERMET D'EN APPROCHER LE PLUS, LE JOURNAL DE » SES ACTIONS ET LES PIÈCES MÊMES DE SON PROCÈS. »

J. F.

1. Chez Henri Martin il n'y a que quelques pages suspectes d'esprit de système. Le reste, quelque opinion qu'on ait sur sa thèse, est de l'histoire vraie.

2. Pour délirer comme Michelet, il faut du génie.

3. L'œuvre de M. Wallon n'est ni faiblement consciencieuse, ni faiblement instructive.

AVERTISSEMENT

L'exposé officiel du Procès de réhabilitation, mal ordonné et diffus, ne supporte pas la comparaison avec l'exposé officiel du Procès de condamnation, chefd'œuvre de méthode et de précision.

J'aurais donc infligé aux lecteurs une besogne fastidieuse, interminable et stérile, si j'eusse traduit littéralement tous les documents dont il sera ici question.

D'une part, adopter les divisions les plus logiques et présenter les matières dans leur ordre le plus naturel; d'autre part, dégager les documents des ronces de la scolastique qui y surabondent et en donner la fleur : voilà la tâche que je me suis imposée. Qu'on veuille bien comparer mon interprétation avec le fouillis des textes latins correspondants, et on constatera, je l'espère, que j'ai mis procédure et plaidoyers dans leur meilleur jour, sans encourir le reproche d'infidélité.

Il va de soi que je n'abrège pas les pièces capitales, telles que les questionnaires, les dépositions, la sentence. On en lira la traduction intégrale, qui jusqu'à ce jour n'avait jamais été faite.

LIVRE PREMIER

PREMIÈRES PHASES DU PROCÈS

« J'ai quitté ma demeure et j'ai traversé » de longs chemins pour venir tomber à » vos genoux. Vous voyez une mère qui » pleure sa fille suppliciée et calomnice. >> Laissez-vous toucher par mes larmes: >> ayez pitié de mes cheveux blancs; voyez » sur mon visage ridé les traces de ma » douleur! Ma cause est juste. Réparez » l'iniquité que vous avez commise! » EURIPIDE.

I. L'INDIFFÉRENCE DU ROI CHARLES VII

Tandis que Jeanne était jugée, condamnée, brûlée, calomniée par le tribunal ecclésiastique de Rouen, sous la pression des Anglais, le roi Charles VII s'était tu.

Admettons qu'il ait été impossible au roi de France de racheter la Pucelle ou de la délivrer par les armes. Du moins aurait-il pu faire des démarches en sa faveur auprès du Pape et auprès du concile général réuni à Bâle, pour prévenir sa condamnation.

Mais non; Charles VII ne fit rien pour sauver celle qui avait sauvé son royaume. Bien plus, gêné par les bienfaits reçus, il affecta de les oublier.

Son ingratitude était encouragée par ses conseillers, notamment par l'archevêque Regnault de Chartres et

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