franche d'un choix délibéré, mais plutôt celle d'insurmontables contradictions. Il en va de même de sa vie indépendante, sans durable et profonde attache sentimentale. Combien de fois ce solitaire n'a-t-il pas maudit la solitude, combien de fois ce dandy qui se moquait du mariage bourgeois n'a-t-il pas rêvé d'un nid d'amour ! Déchiré entre l'ange blanc et l'ange noir, entre ses rêves de sultan et ses soumissions volontaires, entre son désir d'aimer et sa peur d'aimer, fasciné par l'échec, Barbey reste figé dans ses contradictions qui ne lui permettent aucun choix et qui font de lui un éternel "chevalier de Malte de l'amour pour qui toute femme est impossible” (47). 47) C'est ainsi qu'il signait certaines de ses lettres à Mme de Bouglon. 3 Vue de la maison natale Aquarelle par Edouard Monmélien (Vers 1905) 41 x 30 cm. Joël Dupont Jules-Amédée Barbey est né à Saint-Sauveur-le-Vicomte le 2 novembre 1808, non dans la maison de ses parents mais dans celle de son oncle de Montressel chez lequel sa mère était en visite. C'était une belle maison de maître du XVIIIe siècle qui existe encore. 4 Ruines du château de Saint-Sauveur Aquarelle par Lefèvre de Montressel, grand-oncle de Barbey 37 x 32 cm. Musée de Saint-Sauveur Ce superbe château-fort du XIVe siècle domine encore malgré tous les bombardements la partie basse du bourg. Le musée Barbey d'Aurevilly y a été logé. 5 Henri Lefèvre de Montressel (1756-1819) Huile sur toile 76 x 59 cm. Collection particulière Le chevalier de Montressel, grand-oncle et parrain de Barbey, ancien officier et chevalier de Saint-Louis, eut un rôle dans la chouannerie sous le nom de Télémaque et racontait ses souvenirs à son filleul. Il eut une certaine influence sur lui et lui laissa à sa mort une somme importante, que Barbey d'ailleurs dépensa vite. 6 Louis-Hector-Amédée- Ango (1739-1805) Huile sur toile Collection particulière Le grand-père maternel de Barbey, né à Versailles, fut lieutenant général de baillage et impressionnait son petit-fils par son attachement à la monarchie. Ce portrait était "dans la salle à manger de (son) père”, puis passa, ainsi que le précédent et le suivant, à Barbey d'Aurevilly lui-même. 7 Madame Barbey née Ernestine-Eulalie Ango (1787-1858) Musée de Saint-Sauveur La mère de Barbey, jolie femme un peu capricieuse, joua un très grand rôle... négatif, semble-t-il, dans sa vie. Toute dévouée à son mari, mais moins à ses enfants, on lui attribue un comportement assez désagréable envers son fils aîné, auquel celui-ci fit allusion plus tard dans ses lettres. Alors même qu'elle était près d'accoucher de lui, elle aurait refusé d'interrompre une partie de cartes, et l'enfant aurait failli succomber. Barbey lui reprochait aussi de l'avoir trouvé laid, dans son adolescence, et en resta marqué. Il se brouilla avec ses parents après ses études, quand, affichant des idées trop libérales pour ces ultra-royalistes, il décida de tenter l'aventure à Paris. Ils ne se reconcilièrent et ne se revirent que bien plus tard, après son retour à la religion. 8 Document notarié comprenant la signature de Madame Barbey ainsi que celles du chevalier de Montressel et des grands-parents de Jules Barbey d'Aurevilly. 1817 Musée de Saint-Sauveur 9 Etat-civil de Jules-Amédée Barbey d'Aurevilly Acte de naissance le 2 novembre 1808 Archives de la Manche Saint-Lô “Je suis venu au monde un jour d'hiver sombre et glacé, le jour de soupirs et de larmes que les morts, dont il porte le nom, ont marqué d'une prophétique poussière." (Ce qui ne meurt pas) 10 Passeport intérieur du chevalier Théophile Barbey (père de Barbey d'Aurevilly) accompagné de ses deux enfants Papier, 40 × 13 cm. Musée de Saint-Sauveur Le seul portrait connu du père de l'écrivain a disparu pendant la dernière guerre. On voit ici un de ces “passeports" indispensables à l'époque pour tout voyage en France. Les deux enfants sont Jules et Léon. 11 Portrait de Jules Barbey d'Aurevilly âgé de 25 ans environ Dans: Léa* (Edition originale), 1907. In-8°. Musée de Saint-Sauveur Cette œuvre de jeunesse est illustrée avec ce portrait, gravé par Maccard d'après le médaillon en couleur sur émail de Adolphe-David Finck, détruit. * Pour les ouvrages de Barbey d'Aurevilly, le nom d'auteur n'est pas mentionné. 12 Portrait de Léon Barbey d'Aurevilly (1809-1876) Huile sur toile 92 × 72 cm. Collection particulière Jules eut trois frères, dont il était l'ainé. Celui dont il resta le plus proche, par l'âge et par l'esprit, était Léon. Celui-ci, après avoir fait ses études en compagnie de son frère, évolua différemment. Son catholicisme fut plus profond, plus persévérant et surtout plus tôt déclaré que celui de l'écrivain, puisqu'il se fit prêtre, et entra dans la congrégation des prédicateurs Eudistes. Il avait également des talents de plume, et il écrivit des poèmes aussi bien que des ouvrages d'édification. 13 Le Momus normand n° 1 et 11, 1832 Joël Dupont Revue fondée par Léon Barbey en 1832. La mère de Barbey y publia des poèmes. 14 Léon Barbey d'Aurevilly Amour et haine S. 1. n. d. (vers 1833). Joël Dupont Recueil de poèmes, dont un, "la Blanche Caroline", est dédié à Jules. Celui-ci évoquera cette légende dans Une vieille maîtresse. 15 Lettre de Barbey d'Aurevilly à son frère Léon 8 mars 1872 Musée de Saint-Sauveur 16 Ernest Barbey du Motel (1812-1873) Collection particulière Le plus jeune des frères de Jules Barbey d'Aurevilly fut le seul à se marier. Son aîné se moqua de lui et plus encore de sa femme, qui d'ailleurs le lui rendit bien. 1859 (vers l'époque de la réconciliation de Barbey avec ses parents) Crayon et lavis 65 x 50 cm. Musée de Saint-Sauveur 18 Passeport intérieur de Edelestand Du Méril 1838 40 cm. Musée de Saint-Sauveur Edelestand (1801-1871), cousin germain de Barbey, fils du docteur Jean-LouisFrançois Pontas Du Méril, fut un philologue de valeur. Il étudia les dialectes normands et le théâtre ancien. A Valognes et à Caen il aimait “éveiller” l'intellect de son jeune cousin. Ils fondèrent ensemble, et avec Trébutien, plusieurs revues qui furent d'ailleurs des échecs : la Revue de Caen, puis la Revue critique de la philosophie, des sciences et de la littérature. La vie peu à peu les fit diverger mais il resta toujours en correspondance avec Barbey. Il lui légua une rente annuelle de 2 000 F à faire servir par les Courmont, ses neveux. "Depuis plus de 30 ans, Edelestand Du Méril un bénédictin solitaire (Les Oeuvres et les hommes) Ouvrages des Du Méril 19a Poésies inédites du Moyen Age... éditées par Edelestand du Méril Paris, Franck, 1854 Bibliothèque historique |