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avant le premier jour de février prochain, et que le très honorable lord Grenville, principal secrétaire d'état de sa majesté pour les affaires étrangères, fasse connaître cet ordre de sa majesté au susdit M. Chauvelin. »

Nota. Si après la lecture de cette correspondance il pouvait rester quelques doutes sur la complicité de la cour d'Angleterre dans la ligue des despotes contre la liberté française, l'examen des notes suivantes suffirait pour les dissiper : on y voit à découvert la politique du cabinet britannique et les motifs qui le dirigent dans la guerre actuelle; l'envoyé du roi d'Angleterre y prend ouvertement le langage des ministres de Léopold et de Frédéric-Guillaume, et enchérit encore sur leur injustice et leur insolence à notre égard. Ces notes, dont les deux premières sont antérieures à cette rupture que lord Grenville et Pitt affectent maintenant de nous reprocher dans leurs discours, tandis qu'ils l'ont obtenue par leurs efforts et leurs intrigues contre l'intérêt et la volonté mêine de leur alliée, ces notes doivent servir à elles seules de réfutation à leur hypocrite langage dans le parlement.

Notes remises par lord Auckland, ministre plénipotentiaire de sa majesté britannique aux états-généraux des Provinces- Unies. La Haie, le 16 novembre 1792.

« Le soussigné, ambassadeur extraordinaire et ministre plénipotentiaire de sa majesté britannique, s'acquitte des ordres qu'il vient de recevoir du roi en informant leurs hautes puissances les états généraux des Provinces-Unies que sa majesté, voyant le théâtre de la guerre tellement rapproché des frontières de la république par des événemens qui ont eu lieu récemment, et sentant l'inquiétude qui peut naturellement résulter d'une pareille situation, croit devoir aux liaisons qui subsistent entre elle et la république de renouveler à cette occasion à leurs hautes puissances l'assurance de son inviolable amitié, et de sa détermination d'exécuter en tout temps avec la plus scrupuleuse fidélité toutes les différentes stipulations du traité d'alliance si heureusement conclu en 1788 entre sa majesté et leurs hautes puissances.

» Sa majesté, en faisant cette déclaration à leurs hautes puissances, est très loin de supposer de la part d'aucune des puissances belligérantes la probabilité d'une intention de violer le territoire de la république ou de s'immiscer dans les affaires intérieures de son gouvernement; le roi se persuade que la conduite que leurs hautes puissances ont tenue jusqu'ici de concert avec sa majesté, et les égards auxquels la situation du roi et de

la république leur donne de justes droits, suffisent gner tout sujet d'appréhension.

pour éloi» En conséquence le roi est dans la pleine confiance que les événemens de la guerre ne sauraient amener au dehors aucune circonstance qui puisse être préjudiciable aux droits de leurs hautes puissances, et sa majesté leur recommande fortement de mettre une attention et une fermeté soutenue à réprimer toute tentative qui pourrait être faite pour troubler la tranquillité de ces provinces au dedans. Sa majesté, en ordonnant au soussigné de faire cette communication à leurs hautes puissances, est dans la ferme attente que rien ne saurait contribuer plus efficacement au bonheur et aux intérêts mutuels des deux pays que la durée de cette union intime qui a été établie entre eux pour le maintien de leurs propres droits et sûreté, ainsi que pour l'affermissement du bien-être et de la tranquillité de l'Europe en général.

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Signé AUCKLAND. »

La Haie, le 25 janvier 1793.

<< Hauts et puissans seigneurs, le soussigné, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de sa majesté britannique, s'empresse, en conséquence des ordres exprès du roi, de mettre sous les yeux de vos hautes puissances des copies de toutes les pièces qui ont été échangées depuis le 27 décembre dernier jusqu'au 20 de ce mois, entre lord Grenville, secrétaire d'état de sa majesté, et M. Chauvelin.

» Le roi, hauts et puissans seigneurs, est dans la ferme persuasion que les sentimens et les principes exprimés au nom de la Grande-Bretagne sont parfaitement conformes à ceux qui animent votre république, et que vos hautes puissances sont disposées à concourir pleinement aux mesures que la crise actuelle exige, et qui sont une suite nécessaire de ces sentimens et de ces principes.

>> Les circonstances qui nous ont menés à cette crise sont trop récentes, et la conduite du roi est trop connue pour que le soussigné soit dans le cas d'entrer dans de longs détails.

» Il n'y a pas encore quatre ans que quelques malheureux, se qualifiant du nom de philosophes, ont eu la présomption de se croire capables d'établir un nouveau système de société civile. Afin de réaliser ce rêve de la vanité il leur a fallu bouleverser et détruire toutes notions reçues de subordination, des mœurs et de religion, qui ont fait jusqu'ici la sûreté, le bonheur et la consolation du genre humain. Les projets de destruction n'ont que trop réussi; mais les effets du nouveau système

qu'ils ont voulu introduire n'ont servi qu'à démontrer l'ineptie et la scélératesse de ses auteurs. Les événemens qui se sont si rapidement succédés depuis lors surpassent en atrocité tout ce qui a jamais souillé les pages de l'histoire : les propriétés, la liberté, la vie même ont été les jouets de la rage effrénée des passions, de l'esprit de rapine, de la haine, de l'ambition la plus cruelle et la plus dénaturée. Les annales du genre humain ne présentent pas d'époque où, dans un aussi court espace de temps, on ait commis tant de crimes, causé tant de malheurs, fait verser tant de larmes; enfin dans ce moment même ces horreurs paraissent être parvenues à leur comble. Pendant tout ce temps le roi, environné de son peuple, qui jouissait par la protection divine d'une prospérité sans exemple, n'a pu voir les malheurs d'autrui qu'avec un sentiment profond de pitié et d'indignation; mais, fidèle à ses principes, sa majesté ne s'est jamais permis de s'immiscer dans les affaires intérieures d'une nation étrangère : elle ne s'est jamais écartée du système de neutralité qu'elle avait adopté.

» Cette conduite, que le roi a vu avec plaisir observée également par vos hautes puissances, dont toute l'Europe a reconnu la bonne foi, et qui aurait dû être respectée à tant d'autres titres, n'a pas réussi à mettre sa majesté, ses peuples et cette république à l'abri des trames les plus dangereuses et les plus criminelles.

Depuis quelques mois des projets d'ambition et d'agrandissement, alarmans pour la tranquillité et la sûreté de l'Europe entière, ont été publiquement avoués; on s'est efforcé de répandre dans l'intérieur de l'Angleterre et de ce pays des maximes subversives de tout ordre social, et l'on n'a pas même eu honte de donner à ces détestables tentatives le nom de pouvoir révolutionnaire. Des traités anciens et solennels, garantis par le roi, ont été enfreints, et les droits et les territoires de la république ont été violés.

» Sa majesté a donc cru dans sa sagesse devoir faire des préparatifs proportionnés à la nature des circonstances. Le roi a consulté son parlement, et les mesures que sa majesté avait trouvé bon de prendre ont été accueillies par l'assentiment vif et unanime d'un peuple qui abhorre l'anarchie et l'irréligion, qui aime son roi et qui veut sa constitution.

» Tels sont, hauts et puissans seigneurs, les motifs d'une conduite dont la sagesse et l'équité ont assez prouvé jusqu'ici au roi votre concert et votre coopération.

>> Sa majesté dans tout ce qu'elle a fait a constamment veillé au maintien des droits et de la sûreté des Provinces-Unies. La déclaration que le soussigné a eu l'honneur de remettre à vos

hautes puissances le 16 novembre dernier, et l'arrivée d'une petite escadre destinée à protéger les parages de la république pendant que ses propres forces se rassemblaient, en fournissent la preuve. Vos hautes puissances ont reconnu ces dispositions du roi dans tout ce que sa majesté a déjà fait : elles ne les retrouveront pas moins dans les mesures qui se préparent. Én conséquence sa majesté se persuade qu'elle continuera à éprouver de la part de vos hautes puissances une parfaite conformité de principes et de conduite. Cette conformité peut seule donner aux efforts réunis des deux pays l'énergie nécessaire pour leur commune défense, opposer une barrière aux maux dont l'Europe est menacée, et mettre à l'abri de toute atteinte la sûreté, la tranquillité et l'indépendance d'un état dont vos hautes puissances assurent le bonheur par la sagesse et la fermeté de leur gouvernement.

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Signé AUCKLAND. »

Note de milord Auckland, ambassadeur britannique, et du comte de Starhemberg, envoyé extraordinaire de l'empereur, présentée le 7 avril 1793 aux états-généraux.

« Hauts et puissans seigneurs, il est connu que vers la fin du mois de septembre de l'année dernière S. M. britannique et V. H. P. ont donné de concert l'assurance solennelle que dans le cas où le danger imminent qui menaçait dès lors les jours de leurs majestés très chrétiennes et de leur famille se réalisât, S. M. et L. H. P. ne manqueraient pas de prendre les mesures les plus efficaces pour empêcher que les personnes qui se seraient rendues coupables d'un crime aussi atroce trouvassent aucun asile dans leurs états respectifs (1). Cet événement, qu'on pressentait avec horreur, a eu lieu, et la vengeance divine paraît ne s'être pas longtemps fait attendre (2). Quelques uns de ces détestables régicides sont déjà dans le cas de pouvoir être soumis au glaive de la loi; les autres sont encore au milieu du peuple qu'ils ont plongé dans un abîme de maux, et auquel la famine, l'anarchie et la guerre civile préparent de nouvelles calamités. Enfin tout ce que nous voyons arriver concourt à nous faire regarder comme prochaine la fin de ces malheureux, dont la démence et les atrocités ont pénétré d'épouvante et d'in

(1) A la fin du siècle précédent la cour d'Angleterre avait réclamé et obtenu des autres cours la même mesure contre les juges de Charles Ier.

(2) Il est à remarquer que cette note, adressée aux états-généraux après l'entière évacuation de la Belgique, est datée du jour même de la désastreuse affaire de Nerwinde.

dignation tous ceux qui tiennent aux principes de religion, de morale et d'humanité.

» En conséquence les soussignés soumettent au jugement éclairé et à la sagesse de V. H. P. si elles ne trouveraient pas convenable d'employer tous les moyens qui sont en leur pouvoir pour défendre l'entrée de leurs états en Europe ou de leurs colonies à tous ceux des membres de la soi-disant Convention nationale ou du prétendu conseil exécutif qui ont pris part directement ou indirectement audit crime, et, s'ils étaient découverts et arrêtés, de les faire livrer entre les mains de la justice pour servir de leçon et d'exemple au genre humain.

» Fait à La Haie, le 18 mars 1793. »

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Les états généraux accédèrent avec empressement à cette proposition, «< attendant de l'équité et de la sagesse de tous les » gouvernemens de l'Europe, et en particulier de LL. MM. l'empereur et le roi de la Grande-Bretagne, qu'ils voudraient » bien également ne pas accorder d'asile dans leurs états à ceux qui se sont permis des attentats aussi énormes contre le gou» vernement de la Hollande (1). »

>>

>>

La déclaration de guerre au stadhouder agrandissait le champ de la victoire. De la Belgique, qu'elles occupaient tout entière, les armées de la République se portèrent sur la Hollande, et bientôt on apprit le siége et la capitulation de Bréda (le 24 février 93). C'est alors que la Convention nationale, distinguant toujours les peuples de leurs oppresseurs, fit un appel aux Bataves, peuple déjà célèbre par son amour pour la liberté.

Le décret du 15 décembre (2) prescrivait des règles géné

(1) Les patriotes hollandais s'étaient réunis en société; ils avaient adressé leurs hommages à la Convention nationale, reçu les Français comme des frères, etc.

(2) Rectification à faire dans le décret du 15 décembre, rapporté plus haut, page 34.

L'article 3 de ce décret, tous les agens, etc., avait été adopté d'après un amendement de Buzot; dans la séance du 22, même mois, la Convention le rapporta, sur la motion de Couthon, qui le regardait comme attentatoire à la liberté des choix et à la souveraineté des peuples : la

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