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les principes de la liberté et de l'égalité,'aura organisé une forme de gouvernement libre et populaire.

25. Il sera fait état des dépenses de la République française pour l'établissement de la liberté du peuple Batave, et des sommes qu'elle aura reçues ou des dépenses que le peuple Batave aura payées pour le compte de la République.

» 26. La nation française promet et s'engage de prendre avec le gouvernement qui sera établi par le peuple Batave tous les arraugemens convenables pour le paiement des sommes qui pourront lui être dues, et d'acquitter fidèlement les avances qu'elle pourrait devoir au peuple Batave.

» 27. Au cas que l'intérêt du peuple Batave exigerait qu'après l'établissement de son gouvernement les troupes de la République française restassent encore sur son territoire, la nation française promet et s'engage de prendre toutes les mesures qui sont en son pouvoir pour lui accorder secours et protection.

» 28. La nation française renouvelle au peuple Batave la déclaration solennelle qu'elle a faite de traiter comme ennemis les peuples qui, refusant la liberté ou l'égalité, ou y renonçant, voudraient conserver, rappeler ou traiter avec les tyrans qui les ont gouvernés, ou avec leurs complices et les castes privilégiées; elle renouvelle aussi la promesse solennelle qu'elle a faite de ne poser les armes qu'après l'affermissement de la souveraineté et de l'indépendance du peuple sur le territoire duquel les troupes de la République française sont entrées, et qui aura adopté les principes de l'égalité, et établi un gouvernement libre et populaire.

» 29. Le conseil exécutif enverra le présent décret par des courriers extraordinaires aux généraux commandant les troupes de la République française sur le territoire batave, et prendra les mesures nécessaires ponr en assurer l'exécution. >>

PROCLAMATION du peuple Français au peuple Bätave; rédigée par Barrère, adoptée par la Convention dans la séance du 2 mars 1793, an 2 de la République.

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Bataves, votre république avait perdu ses titres : les Français les ont trouvés à Breda; les Français viennent, vous les rendre.

» La France esclave vous laissa opprimer par des Prussiens ́altérés d'or et de sang : la France libre vient vous délivrer de vos oppresseurs par des armées avides de gloire et de liberté. C'est à la République à effacer les crimes du despotisme.

» L'histoire atteste les efforts constans que vous avez faits pour être libres, et la reconnaissance imprudente qui a rivé vos fers. Ce n'est pas assez d'avoir arraché de vastes domaines aux fureurs de la mer, et d'avoir obtenu de grands avantages sur l'ambition anglaise; il faut encore vous délivrer de vos tyrans domestiques : vos aïeux luttèrent quatre-vingts ans contre tous les moyens réunis de la superstition et du despotisme; la liberté ne vous demande que quelques jours pour rétablir entièrement votre indépendance.

>> Il est parmi vous un grand nombre de citoyens qui n'ont jamais désespéré de leur patrie, et qui n'ont pas cessé un instant de s'occuper des moyens de recouvrer leurs droits hommes forment déjà un grand parti pour la liberté; elle ne peut que triompher de ses ennemis.

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» Gouvernés depuis plusieurs siècles par des mains étrangères, vous devriez être fatigués de passer comme de vils troupeaux successivement de la maison de Hainaut à celles de Bavière et de Bourgogne, pour être transmis ensuite à celles d'Autriche et de Nassau. Un capitaine général, un ministre salarié des Provinces-Unies est devenu votre maître, votre tyran : c'est ainsi que vous avez tout perdu en vous confiant à un homme. Vos ancêtres ne virent dans leur stadhouder que le premier sujet de l'Etat, que le gardien de leur liberté; mais, même dans ces beaux jours, votre prince était un despote, et la démocratie de quelques villes n'était qu'un faible palliatif à l'aristocratie des nobles et des régens; bientôt les états abandonnèrent toute l'autorité aux stadhouders de la maison d'Orange, et la liberté fut perdue: un chef héréditaire d'une république fut toujours son plus redoutable ennemi.

» Aussi le premier acte que fera pour vous la République française sera de détruire l'ancien gouvernement; il faut extirper à la fois toutes les racines du stadhouderat si vous ne voulez qu'il repousse avec plus de vigueur. Il est dans vos annales un édit solennel d'abjuration et d'indépendance qui posa le terme à la tyrannie de Philippe II: « Les peuples, disiez-vous, ne > sont pas faits pour le prince, mais le prince est fait pour » les peuples; ils ont droit de le chasser quand, au lieu de les » défendre, il est devenu leur ennemi par ses vexations. »

» Tel doit être aujourd'hui le terme de la tyrannie de Guillaume V et de toutes les autorités qui lui étaient dévouées. Que le peuple Batave se ressaisisse donc de ses droits, qu'il délègue lui-même ses pouvoirs, que sa volonté seule soit émise et exécutée! La déclaration des droits de l'homme à proclamer, le stadhouderat à abolir; les sommes énormes que l'adulation servile de vos magistrats prodiguait sous mille formes à la maison de Nassau à faire rentrer dans votre trésor national; les anciennes aristocraties à détruire; la vente des hommes qui se fait au milieu de vous au nom de la compagnie des Indes, vente plus infâme que la presse anglaise, à proscrire; un gouvernement simple et économe à organiser; les impôts sur les premiers besoins du peuple à adoucir ou à supprimer; votre crédit immense, auquel toute l'Europe est associée, à maintenir; la foi publique et les transactions commerciales à conserver : voilà les bienfaits de la liberté et de l'égalité que la République française vous présente. C'est ainsi que nous stipulons pour le genre humain en proclamant sa puissance et en assurant ses droits.

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maîtrisant

>>¡Qu'est-ce que votre stadhouder? Un capitaine général devenu monarque, un sujet devenu maître, un tribun devenu tyran, un élève, un allié de ces Brunswick dont les l'Angleterre, dévorent votre commerce dans les Indes, tandis que les autres ont asservi votre république, ont souillé notre territoire! Qu'est-ce que votre stadhouder ? Un flatteur servile des Anglais, qui lui dictent des lois ainsi qu'à vous; un vassal de la Prusse, qui obéit à ses baïonnettes et à ses intrigues! Est-ce une telle autorité que vous voudriez maintenir ?

» Relisez les pages honorables de votre histoire : dites si votre plus haut degré de gloire et de prospérité ne date point de l'époque où vous aviez eu une espèce d'administration républicaine; dites si ce n'est pas ce régime, plus libre, qui excita l'envie des étrangers, aiguisa la haine de la maison d'Orange, et alluma la colère des rois! Cette époque se renouvelle aujourd'hui pour vous; la liberté, le courage, la vertu vous défendront mieux qu'un stadhouder : la liberté, le courage, la vertu, voilà les seuls chefs des républiques qui ne leur soient jamais dangereux ni funestes.

» Ce n'est pas assez de détruire tous les vestiges de cette auto

rité héréditaire, élevée par la reconnaissance, et terminée par la tyrannie; la liberté ne peut laisser au milieu de vous les traces hideuses de la féodalité et de l'aristocratie nobiliaire ou magistrale : la liberté des personnes n'est rien sans la liberté des terres; il faut les affranchir les habitans des : partout les plus zélés défenseurs des républiques.

campagnes sont

» L'exercice momentané du pouvoir révolutionnaire ne peut alarmer les Bataves. Comment ceux qui n'ont pas

craint d'éterniser l'autorité arbitraire d'un stadhouder ne confieraient-ils pas un instant le pouvoir à une grande nation libre qui vient régler les premiers mouvemens de la liberté, étouffer les partis qui pourraient l'opprimer, et empêcher l'anarchie de naître ?

>> Vous n'écouterez pas les calomnies de nos ennemis ; ils savent bien que la France ne veut dominer ni asservir aucun peuple, mais rétablir chaque nation dans l'exercice de sa souveraineté. Les révolutions ont besoin d'être organisées pour être bienfaisantes, et c'est notre expérience dont nous vous apportons les fruits.

» Il faut dans toutes les révolutions une puissance provisoire qui tempère les excès du zèle, comprime les explosions de la vengeance, dirige vers le bien général les vues de l'intérêt personnel, et modère les mouvemens désorganisateurs du vieil ordre de choses; il faut un pouvoir momentané qui fasse démolir avec méthode l'ancien régime, qui remplace provisoirement les autorités éclipsées, et arrête les dévastations de l'anarchie. C'est un dépôt sacré que nos généraux restitueront au peuple Batave avec la fidélité de républicains aussitôt qu'il aura organisé l'exercice de sa souveraineté.

» Mais en même temps que les généraux français détruiront toutes les autorités stadhoudériennes et les régences aristocratiques, vous les verrez conserver avec un respect religieux les établissemens d'utilité publique, et ceux consacrés à adoucir les maux de l'humanité. Nous savons que vos richesses ne s'annoncent pas par des dépenses fastueuses, mais par des secours prodigués à l'instruction et à l'indigence : les armes de la liberté respecteront partout les asiles multipliés du malheur, les hos

pices ouverts à la vieillesse, et les monumens honorables de la générosité batave.

» En vous portant les secours de nos victoires contre vos oppresseurs nous servons la liberté des mers, et nous ouvrons au commerce les portes des deux hémisphères; nous punissons le gouvernement astucieux de ces orgueilleux insulaires qui, partisans exclusifs d'une constitution féodale et monarchique, poursuivent partout la liberté comme une rivale, et n'ont produit pour toutes les parties du globe que des systèmes de monopole et d'oppression.

» Bataves, les Anglais n'ont relevé plusieurs fois le stadhoudérat que pour vous asservir et vous ruiner; ils voulaient faire de vous les Indiens de l'Europe : c'est à nous de faire des Anglais les Carthaginois de l'histoire moderne. Vous n'avez pas oublié que la perfide amitié du gouvernement britannique tenta contre votre commerce ce que ses flottes n'avaient pu faire, et que cette perfide amitié lui valut des succès.

» On dit que l'Anglais vous envoie des secours... Croirezvous que cet éternel rival de votre prospérité vienne secourir votre indépendance? Croirez-vous que des hommes que vous avez si souvent blessés dans leurs intérêts et dans leur orgueil soient jamais vos alliés fidèles? Il y a bien plus de rapports d'amitié et d'intérêt entre une république agricole et une répu blique commerçante qu'entre deux peuples rivaux en commerce, et parcourant sans cesse les mêmes mers.

» Nous venons d'enlever à vos enneinis domestiques cette même place où les triomphes de Ruyter sur la Tamise forcèrent les Anglais de signer la paix : c'est à Breda que nous signerons la liberté de la Hollande et celle du commerce du monde. La jalousie du commerce est un des fléaux qui affligent le globe nous la détruirons.

» Ecoutez vos ancêtres, qui vous crient du fond de leurs tombeaux : S'il vous reste quelque étincelle de cette vertu géné― reuse qui vous délivra du joug espagnol, et qui posa des barrières à l'Océan, cessez de vous courber devant un maître! Montez sur vos flottes, descendans de Ruyter! Cessez de fléchir sous le joug d'une domination étrangère ou sous le poids d'une oppres

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