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DE

RAPPORTS, OPINIONS

ET

DISCOURS

PRONONCÉS A LA TRIBUNE NATIONALE

DEPUIS 1789 JUSQU'A CE JOUR.

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LIVRE PREMIER.

DISCOURS ET DISCUSSIONS SUR DIFFÉRENS SUJETS.

Un trône écroulé, un roi captif, de puissans partis se heurtant exaspérés aux lueurs de la guerre civile, des cités envahies par l'étranger, enfin un vaste empire, une population immense menaçant de s'abîmer sous les efforts combinés de toutes les vengeances et de tous les despotismes : voilà la France au mois d'août 92.

:

L'Assemblée législative achevait son existence au milieu de ce chaos à sa voix se levaient d'innombrables bataillons; de toute part le civisme chargeait de ses offrandes l'autel de la patrie: mais cette Assemblée, qui au 10 août avait accompli sa mission comme par un coup de foudre, était restée sans pouvoirs pour reconstruire, sans force pour imposer aux partis, sans but pour diriger le zèle du peuple; assise sur des débris, et liée par son mandat, elle attendait le pouvoir constituant qu'elle-même avait convoqué.

La Convention paraît. Dès ses premiers jours, dès ses

premières minutes elle a fait trembler l'Europe, elle a rendu l'espoir à la masse des bons citoyens, elle a paralysé les ennemis de la liberté : l'ordre a reparu.

L'abolition de la royauté en France est proclamée devant des rois vainqueurs.

La République est fondée sur les débris d'un trône que l'Europe en armes a juré de relever.

Enfin un roi est jugé par ceux mêmes qu'il nomme encore ses sujets, et à la vue des potentats accourus pour le défendre. Ces grandes délibérations, qui ont révélé « le plus incon» cevable et le plus terrible phénomène du corps entier de » l'histoire,» sont consignées dans notre précédent volume. Remontons maintenant à des circonstances également importantes, mais que nous avons dû écarter d'abord afin de ne point surcharger le tableau des événemens qui ont donné une nouvelle ère au monde. C'est la partie politique des relations avec l'étranger que nous allons présenter, nous bornant à une simple mention de ce qui déjà fait l'objet d'un grand nombre d'ouvrages consacrés à nos annales militaires.

DIPLOMATIE.

La Convention venait d'ouvrir ses séances; ses premiers décrets, reçus avec enthousiasme par le peuple, avaient frappé d'étonnement et de crainte les puissances coalisées : aussitôt elles méditent une démarche diplomatique. Quoique maître des frontières et de plusieurs villes, le roi de Prusse propose d'entrer en négociation : le général Dumourier transmet ces ouvertures suspectes au conseil exécutif, et ce conseil, digne interprète de la France nouvelle, répond au roi de Prusse par un arrêté portant que LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE NE TRAITE POINT AVEC DES ENNEMIS QUI SONT SUR SON TERRITOIRE ;

qu'en conséquence il est ordonné aux généraux francais de n'entendre à aucune proposition sans que préalablement les troupes prussiennes aient évacué le territoire de la République.

Cet acte mémorable, que nous verrons consacrer en prineipe dans plusieurs Constitutions, et bientôt s'anéantir avec

elles ; cet acte est du moins resté pour ses premiers auteurs un titre à la reconnaissance nationale: il était signé Rolland, Servan, Clavières, Danton, Monge, Lebrun. (1)

C'est le 25 septembre 1792 que le conseil exécutif avait pris cette décision. Le 26 un de ses membres, Lebrun, en douna connaissance aux représentans du peuple: elle fut reçue aux acclamations générales. Le ministre présenta ensuite le compte-rendu de son département.

COMPTE-RENDU à la Convention nationale par Lebrun, ministre des affaires étrangères. (Séance du 26 septembre 1792, an 1er de la République.)

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Citoyen président, en conformité du décret qui enjoint aux membres du conseil exécutif de rendre compte à la Convention nationale de l'état de leurs travaux et de la situation des différentes parties, de la République française, je viens rendre celui du département qui m'a été confié. Je n'y mettrai, messieurs, d'autre art que la franchise la plus entière, et cette tranquillité d'âme que doit inspirer, même au milieu des daugers les plus apparens, le sentiment de la force d'un grand peuple, qui sera libre puisqu'il veut l'être.

» Avant l'époque du 10 août la nation française avait pour ainsi dire perdu toute sa considération au dehors : c'était le fruit des perfides intrigues d'une cour qui faisait entrer notre avilissement comme élément essentiel dans les projets de contrerévolution qu'elle méditait; c'était le fruit de la publicité que les conspirateurs n'avaient pas craint de donner à leurs complots, tant ils se croyaient assurés du succès!

» En effet, messieurs, et cette circonstance vous paraîtra sans doute assez remarquable, j'ai eu occasion de me convaincre que, dans les contrées les plus éloignées comme chez nos plus proches voisins, on avait eu d'avance des notions certaines et très étendues sur tous les fils de cette vaste conjuration, qui devait nous être si fatale. Les mêmes causes qui donnaient aux armées combinées tant de sécurité et de confiance 2 aux rebelles émigrés tant de présomption et de jactance,

(1) On se rappelle que c'est à ces six ministres que l'Assemblée législative confia le pouvoir exécutif après le 10 août. (Voyez tome IX.)

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