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l'étude comparée de l'histoire politique et du droit de ces trois nations présente tant d'attraits. L'auteur déplore le peu d'intérêt que la France actuelle paraît attacher aux recherches historiques sur le droit; on regarde, dit-il, le code civil comme un droit naturel légalement sanctionné, que le bon sens de chaque citoyen comprend ou doit comprendre ; un gouffre profond paraît séparer le présent du passé. C'est à M. Guizot qu'appartient le mérite d'avoir réveillé les études historiques, par ses Essais sur l'histoire de la France, par son Cours d'histoire de la civilisation française, par son Cours d'histoire moderne, et par l'impulsion qu'il a donnée comme ministre à ces études. M. Warnkoenig cite aussi les noms de MM. Raynouard, Capefigue, Augustin Thierry, Amédée Thierry, Chateaubriant, Barante, Fauriel, Michelet (dont l'Histoire de France, et les Origines du Droit français sont l'objet d'un examen détaillé), Taillandier et Klimrath. Il place MM. Raynouard et Guizot en regard de MM.de Savigny et Eichhorn; il compare M. Capefigue à M. de Raumer, et M. Michelet à feu Niebuhr; enfin il cite honorablement les Mémoires de la société d'histoire de la France, ceux des antiquaires de France, et l'Institut historique. 5. Rapport de la commission nommée par le conseil central de salubrité publique, pour vérifier l'état des habitations de la classe ouvrière à Bruxelles et proposer les moyens de l'améliorer; par M. Ducpétiaux, inspecteur-général des prisons de Belgique. Bruxelles, Voglet. 1838.

Partout où il y a des infortunes à soulager, on retrouve le nom de l'honorable M. Ducpétiaux. Le rapport qu'il vient de publier révèle non seulement un ardent désir de faire le bien, mais aussi des idées d'une extrême justesse sur la manière d'y parvenir.

La partie statistique de ce travail ne présente aucun fait nouveau ; à Bruxelles, comme ailleurs, la classe ouvrière est parquée dans des réduits malsains, manquant d'air et de lumière : la mortalité parmi les enfants est de 15 sur 31,et il est rare de rencontrer des vieillards. La moyenne du salaire réuni d'une famille d'ouvriers ne dépasse pas 8 ou 10 fr. par semaine ; souvent même ce salaire manque entièrement: en général la dépense excède la recette. Les secours distribués par les maîtres des pauvres sont insuffisants pour remédier au mal; car ils ne s'élèvent guère qu'à 8 fr. 60 c. par indigent. Du reste, l'état moral de la classe ouvrière est généralement bon.

La cause normale du malaise des classes ouvrières, c'est l'isolement: le remède à ce mal est dans l'association. M. Ducpétiaux, au nom de la commission, demande l'établissement de bâtiments vastes et bien construits, distribués en logements indépendants les uns des autres, et appropriés aux besoins d'une famille de 4 ou 5 personnes. Outre ces logements, il y aurait des locaux communs, tels que cuisine, buanderie, infirmerie, salle de bains, chauffoir, etc. M. Ducpétiaux entre dans des détails pleins d'intérêt sur cette réalisation si simple du principe de la mutualité; non seulement il en résulterait bien-être et progrès moral pour les ouvriers, mais il y aurait aussi avantage pour les capitalistes qui consacreraient des fonds à cette entreprise philanthropique. Nous appelons de tout notre pouvoir l'attention publique sur la proposition de M. Ducpétiaux. C. W.

6. Précis de l'histoire du droit civil en France; par M. Poncelet, professeur à la faculté de droit de Paris. Paris, Joubert. 1838.

Toute œuvre destinée à populariser les études d'histoire du droit mérite une attention spéciale, et nous applaudissons à l'idée qu'a eue l'éditeur Joubert de publier en un volume séparé le précis historique placé en tête de la quatrième édition du Commentaire de M. Boileux. Le meilleur commentaire des codes, M. Poncelet l'a dit ́avec raison, c'est l'histoire de leur génération. Toutefois, si ce précis, rédigé sur les leçons de l'honorable M. Poncelet, est de nature à inspirer le goût des études historiques, s'il en fait entrevoir l'intérêt et l'utilité, nous ne pouvons dissimuler qu'il ne réunit pas toutes les qualités qui conviennent à un livre élémentaire. Dans un précis, il faut, avant tout, un plan, une division rigoureuse. Que cette division soit basée sur un ordre systématique, à l'exemple de M. Laferrière, pour le droit français; sur l'ordre naturel des faits, sur la chronologie, à l'exemple de Hugo, pour l'histoire du droit romain, peu importe; mais il faut à l'esprit humain un guide qui le fasse reconnaître dans l'immense variété historique. Il faut de plus une étude sérieuse de la therminologie qu'on emploie; et les définitions données, p. 32, 44, 50, etc., nous semblent très-contestables. Toutefois, c'est une tentative méritoire que celle qui cherche à rattacher notre droit civil aux éléments dont il est sorti; le précis de M. Poncelet ne demande qu'à être développé. C. W.

7. Traité de législation et de jurisprudence, suivant

l'ordre du code civil; par M. Hennequin, avocat à la cour royale de Paris. Paris, Videcoq, 1838.

Les grands titres sont comme les grandes réputations; ils imposent des devoirs et des responsabilités; ils constituent des promesses dont le public s'empare et dont il entend demander compte.

Qu'à la suite d'un titre solennel et riche d'espérances vienne un livre bon en lui-même, mais autre que celui qu'on attendait, le lecteur désappointé oublie ce que l'auteur donne pour s'irriter de tout ce qu'il ne donne pas. C'est une réflexion qui frappe tout d'abord, lorsqu'on lit l'ouvrage intitulé: traité de législation et de jurisprudence, par M. Hennequin. On s'attendait à y trouver, comme la préface l'indique, une heureuse alliance entre les doctes labeurs de l'école historique et les cadres spéculatifs de l'école expérimentale; on pensait y voir notre code civil expliqué par sa génération, rattaché aux éléments variables qui font l'histoire, et jugé par les principes de droit immortel qui dominent les hommes et les choses. Et puis, quand on a cherché tout cela sans le trouver, on se surprend à être presqu'injuste envers l'auteur; on ne lui sait plus assez de gré de la pureté parfaite et de l'élégante précision de son style. S'il adopte un nouvel ordre de matières, s'il commence son traité par l'examen des droits réels,on se dit que cette méthode n'est point neuve, qu'elle a été appliquée au code civil, il y a fort long-temps déjà, par M. le professeur Zachariæ de Heidelberg. Si M. Hennequin développe, sur la propriété, quelques idées de haute philosophie et de logique rigoureuse; si l'état de notre législation fluviale et forestière lui inspire des réflexions pleines de sagesse; si l'insolence des monopoles provoque, de sa part, des critiques aussi sévères que fondées, on croit reconnaître qu'il y a là plus de mémoire que de génie, plus d'habile synthèse que d'analyse puissante.

Un livre aussi bien écrit ne peut être ni un mauvais livre ni un livre médiocre; mais c'est un livre sans indépendance doctrinale, ou, comme diraient quelques uns, sans originalité scientifique. Venu après Toullier, après Troplong, Duranton, Demante, etc., il a le tort de trop leur ressembler; il fait penser au mot que Sterne a emprunté au spirituel Burton: « Les auteurs sont comme les pharmaciens : ils versent leurs drogues de bouteilles en flacons et de flacons en bouteilles. » C. W.

8. Des sociétés par actions; par M. L. Wolowski, avocat

à la cour royale de Paris, directeur de la Revue de législation et de jurisprudence.

Dans les questions de droit commercial, les principes de droit commun et les théories vulgaires d'administration n'offrent pas toujours les meilleurs éléments de solution. Des rapports spéciaux comme ceux du négoce, réclament des institutions spéciales : le maniement des capitaux industriels a besoin de liberté, pour devenir fécond; mais il a besoin de règles, sous peine d'être exploité par la mauvaise foi. Telles sont les idées qui ont servi de point de départ à M. Wolowski, dans son travail sur les sociétés en commandite par actions. L'auteur examine avec une sévère impartialité les abus de l'agiotage et le projet de loi du gouvernement. Les abus sont la conséquence d'un principe bon en lui-même, mais mal défini : le projet est une mesure peureuse qui tue une faculté pour n'avoir pas à la diriger; au lieu d'organiser, il anéantit! On pouvait faire mieux, à la condition de faire autrement: le développement du système de M. Wolowski, sur la manière de constituer les sociétés par actions, d'une manière fructueuse, est la meilleure critique du projet du gouver

nement.

9. Théorie de l'emprisonnement, ses principes, ses moyens et ses conditions d'application; par M. Charles Lucas, inspecteur-général des prisons, membre de l'institut. T. II et III. Paris, chez Legrand et Descauriet.

Ces deux volumes, qui complèteront l'ouvrage de notre savant collaborateur (V. notre t. IV, 1re série, p. 10), paraîtront simultanément dans le courant du mois de mai. Nous empruntons aux épreuves que l'auteur nous a communiquées une indication des principaux chapitres.

Le tome II, consacré à l'exposé du système d'éducation pénitentiaire, comprend deux titres : le premier, composé de cinq chapitres, traite des causes de la criminalité et de la nature des obstacles qu'elles opposent à l'éducation pénitentiaire; examen successif, sous le rapport de l'organisation humaine, de la position sociale, et de la mauvaise édu cation; examen des cas et des causes d'incorrigibilité. Le titre 2 se divise en trois sections; la première, intitulée des principes et des moyens de l'éducation pénitentiaire, comprend 4 chapitres, où le système pénitentiaire est considéré par rapport à l'éducation des besoins, qui doit créer les moyens, et à l'éducation des passions qui doit développer les motifs de ne pas nuire. La deuxième section, relative à l'éducation des be

soins, ou au développement des habitudes de régularité, de tempérance, de travail et d'épargne, se compose de dix-sept chapitres, où l'auteur traite successivement des habitudes régulières, ou de la vie du détenu, sous le rapport de son mouvement quotidien et extra-quotidien; des habitudes sanitaires, des habitudes sobres, de la base et de la li mite rationnelle du régime alimentaire et matériel, admissible dans l'intérieur des prisons; des habitudes laborieuses ou du travail péni» tentiaire; des habitudes économiques, ou des principes d'admission du salaire, de son organisation, sous le rapport de son taux, de son emploi et de sa répartition; du produit appréciable de la journée da détenu valide, et des moyens de rendre ce produit suffisant pour couvrir ses frais de nourriture, vêtement et entretien, et pour défrayer les besoins de la quotité disponible et de la masse de réserve; de l'influence des travaux et des salaires des détenus, sur les travaux et les salaires des ouvriers libres; de l'absence de tout principe pénitentiaire en France, dans le régime des maisons centrales en général, et dans l'organisation actuelle du travail en particulier. La troisième section, concernant l'éducation des passions ou les habitudes morales et religieuses, comprend cinq chapitres consacrés à l'influence, par voie d'enseignement et d'application, des motifs moraux et religieux sur les déterminations de la liberté humaine; il traite successivement de l'entretien oral, de la lecture, de l'entretien épistolaire, de l'entretien mental; enfin de l'influence de la célébration du culte sur le développement des habitudes religieuses, et de l'action comparée, sous ce rapport, du catholicisme et du protestantisme. Enfin, après avoir, dans les sections précédentes, développé les príncipes et les moyens d'action d'éducation collective, la quatrième section s'occupe de l'éducation individuelle: de l'épreuve, de l'intimidation et de la rémunération: du classement mobile des moralités. Le tome II se termine par nn appendice fort étendu, intitulé: Réponse aux écoles opposantes en général, et à l'école pensylvanienne en particulier. C'est dans cet appendice que l'auteur réfute l'emploi de la réclusion solitaire comme base du système pénitentiaire.

Le tome III comprend les cinquième et sixième parties, relatives aux conditions d'application. La 5e partie contient 19 chap., où l'auteur traite successivement du minimum et du maximum de la population, de la durée des détentions, de l'étendue des circonscriptions et du mode des transfèrements, des voitures cellulaires, du système de la régie et du système de l'entreprise dans l'organisation des travaux et

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