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Suivant le rapport existant entre les deux forces que je viens de mentionner, rapport évidemment déterminé par l'intensité de la lumière et de la température, une plante produira de l'oxygène ou de l'acide carbonique en proportions fort variables, ou bien n'émettra ni l'un ni l'autre de ces deux gaz. C'est ainsi qu'il peut arriver que l'organisme d'un végétal placé dans un lieu faiblement éclairé reste en quelque sorte stationnaire pendant des mois entiers, comme j'ai eu l'occasion de l'observer. »

M. Boussingault s'est demandé ce qui adviendrait si on laissait l'embryon d'une graine se développer dans l'obscurité, c'est-à-dire dans des conditions telles que, les feuilles ne pouvant jamais décomposer l'acide carbonique de l'air, la force éliminatrice persiste seule. Nous devons nous contenter ici d'analyser l'expérience relative à la végétation du Maïs; les autres graines soumises simultanément à ce genre d'observation ont donné des résultats identiques.

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M. Boussingault a semé 22 graines de Maïs dans un sol de pierre ponce humecté avec de l'eau et les a laissées se développer dans une chambre obscure. Au bout de vingt jours, chaque plant portait trois feuilles d'un jaune pâle dont les plus grandes avaient 30 centimètres et les plus courtes 8 centimètres de longueur; les tiges avaient 8 à 10 centimètres de hauteur sur 3 à 4 millimètres de

diamètre. Les racines, d'un blanc mat, étaient contournées, très-déliées; quelques-unes de ces fibrilles mesuraient 28 centimètres.

Les 22 graines ensemencées contenaient 1o,202 d'eau et 8,636 de matière sèche.

Les 22 plants récoltés contenaient 68,751 d'eau et seulement 48,529 de matière sèche.

Pendant leur développement, ces 22 plants avaient donc emprunté au sol et fixé 67,529 d'eau; en même temps, près de la moitié de la matière sèche des graines, 48",107, avait été détruite. Poussant plus loin l'analyse, M. Boussingault a montré que les plants contenaient exactement la même quantité de matières minérales et de substances albu

minoïdes que les semences; la perte avait done exclusivement porté sur les matières grasses et amylacées. Il s'est assuré enfin que, pendant la végétation, une certaine quantité d'amidon avait été transformée en glucose et en cellulose et assimilée par les plants.

Lorsque la végétation s'opère dans l'obscurité et sur un sol dépourvu de toute espèce d'engrais, la plante donc n'emprunte rien à l'air ambiant et forme les parties solides de ses tissus aux dépens des matériaux organiques de la graine. Mais comme, dans ces conditions, l'absorption de l'oxygène, la combustion des matières organiques et l'exhalation d'acide carbonique continuent, il en résulte qu'après

que

dessiccation, la plante parvenue à son maximum de développement pèse en réalité beaucoup moins la graine qui lui a donné naissance. Ces expériences établissent nettement que, dans l'obscurité, une plante développée, ayant tige, feuilles et racines, se comporte comme un animal, que la durée de son existence est limitée et dépend de la quantité de matières organiques déposées dans la graine, à côté de l'embryon, pour lui servir de nourriture. Comme l'animal, la plante dans l'obscurité absorbe donc l'oxygène de l'air, brûle les matières grasses et amylacées de ses aliments, produit de la chaleur, de l'eau et de l'acide carbonique.

L'identité ne s'arrête pas là; elle est complète. Si l'animal modifie par la combustion une partie de la matière albuminoïde de ses aliments et la transforme par combustion en un composé azoté cristallin, l'urée, que l'on rencontre dans ses excrétions, la plante, dépourvue d'organes excréteurs, fait subir à l'albumine de la graine une modification de même nature et la transforme en asparagine, principe azoté cristallin, qui s'accumule dans les sucs dont ses cellules sont remplies.

Ainsi donc, en résumé,-dans les conditions physiologiques normales :

Pendant toute la durée de la germination, l'embryon se développe aux dépens des matériaux orga

niques de la graine, absorbe de l'oxygène, exhale de l'acide carbonique et produit de la chaleur.

En tout temps, les racines et les fleurs absorbent l'oxygène de l'air, exhalent de l'acide carbonique, vivent aux dépens des matières organiques de la plante qu'elles brûlent et produisent de la chaleur.

Dans l'obscurité, la plante tout entière, et par tous ses organes, se conduit comme un animal, consomme de l'oxygène, exhale de l'acide carboneque, brûle ses propres tissus et produit de la chaleur.

C'est seulement sous l'influence de la radiation solaire directe ou diffuse que les parties vertes du végétal utilisent la chaleur extérieure pour façonner la matière minérale et la transformer en matière organique.

L'énergie potentielle de la matière organique fabriquée pour la plante ne représente donc que la chaleur empruntée à la radiation solaire.

Lorsqu'il brûle, dans ses capillaires généraux, les matières alimentaires fournies par le règne végétal, l'animal ne rend disponible et ne peut utiliser qu'une quantité de force vive calorifique équivalente à la chaleur empruntée par la plante à la radiation solaire.

ARTICLE II

CONTRACTILITÉ MUSCULAIRE

Sous l'influence d'une excitation de nature quelconque, la fibre musculaire se raccourcit. La contractilité est l'énergie essentielle, l'activité propre du muscle; elle se manifeste encore quelque temps après la mort, et la durée de sa persistance est d'autant plus longue que l'animal est plus bas placé dans l'échelle des êtres. A mesure que l'organisation se perfectionne, les diverses parties de l'être vivant sont dans une solidarité plus étroite, et leurs activités spéciales survivent moins longtemps à l'activité de l'ensemble. Chez les poissons et les reptiles, surtout en hiver, on a pu constater que les muscles se contractent encore une semaine après la mort; chez les mammifères et les oiseaux, quelques heures suffisent pour faire disparaître toute trace appréciable de contractilité. Dans ses expériences sur des cadavres de décapités, Nysten' a montré que, chez l'homme, la persistance de la contractilité n'est pas de même durée dans tous les muscles de l'économie; d'après cet habile observateur, les con

1 Recherches de physiologie et de chimic pathologiques. Paris, 1811, page 307.

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