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et maigrit lorsqu'il travaille. De ce rapprochement, Mayow conclut que les particules motrices, cédées au muscle par le sang artériel sont des substances sulfureuses (combustibles) de la nature de la graisse. La consommation de ces particules motrices, de ces éléments sulfureux (combustibles) du sang, augmente donc à mesure que les contractions musculaires deviennent elles-mêmes plus considérables et plus prolongées; de là résulte la nécessité reconnue de proportionner la matière alimentaire des animaux au travail qu'on leur impose; car, ajoute-t-il, cruoris massa ab alimentis quotidie renovatur.

Mais la contraction musculaire ne dépend pas seulement des particules motrices du sang artéricl; le muscle ne peut entrer en action qu'à la condition d'être soumis à l'influence des esprits animaux, car la section ou la ligature d'un nerf suffit pour rendre impossibles les contractions du muscle dans lequel il se distribue. Mayow n'hésite pas à affirmer que ces esprits animaux ne sont autre chose que des particules d'esprit nitro aérien. Dans les poumons l'air cède au sang son esprit nitro-aérien; le cerveau fixe, emmagasine les particules d'esprit nitro-aérien du sang que lui apportent les artères et, par l'intermédiaire des nerfs, les distribue à l'économie sous le nom d'esprits animaux. La contraction du muscle est le résultat du conflit des particules motrices, sulfureuses (combustibles) et des esprits animaux (par

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ticules d'esprit nitro-aérien) que lui apportent d'une part les artères et d'autre part les nerfs.

Si pendant le travail la respiration s'accélère, c'est que l'air doit fournir au sang une plus forte proportion d'esprit nitro-aérien, pour renouveler les esprits animaux à mesure qu'ils sont dépensés. Si l'animal qui travaille a besoin de prendre une nourriture plus abondante, c'est que la contraction musculaire entraîne nécessairement une consommation plus considérable de particules motrices, sulfureuses (combustibles) du sang1.

La lecture attentive des travaux de J. Mayow nous autorise en définitive à donner les propositions suivantes comme résumé exact de ses doctrines physiologiques

:

Il est impossible de parler du traiter de Motu musculari, sans signaler à l'attention des physiologistes le très-remarquable article consacré par J. Mayow à l'examen de cette question: Qua ratione saltus perficitur? - Willis avait émis cette singulière opinion que la contraction des muscles ne peut pas détacher du sol le corps de l'animal, et avait invoqué une prétendue force élastique des organes pour expliquer les phénomènes du saut. J. Mayow s'élève avec raison contre cette tendance à se contenter d'explications vagues et mal définies, analyse avec soin les conditions au milieu desquelles le saut s'exécute et montre que, pour se préparer au saut, l'homme doit nécessairement fléchir ses articulations. Il montre ensuite comment les muscles extenseurs en se contractant violemment, redressent rapidement les articulations et communiquent au corps tout entier une vitesse qui l'entraine, comme un projectile, dans la direction de la résultante de ces impulsions partielles. C'est donc à J. Mayow qu'appartient la gloire d'avoir découvert et nettement formulé, dès 1674, la véritable théorie du saut.

Le sang fournit les matériaux de toute nutrition; les éléments constitutifs du sang sont sans cesse renouvelés par la digestion.

Dans les poumons l'air cède au sang un de ses éléments, l'agent de toute combustion, l'esprit nitro-aérien ; au moment où s'opère ce mélange, le sang change de couleur, de noirâtre devient rutilant, de veineux devient artériel.

Le placenta est l'organe de la respiration du foetus; c'est un poumon utérin.

La chaleur animale résulte de la fermentation du sang développée par le conflit de l'esprit nitro-aérien et des éléments sulfureux (combustibles) du sang artériel.

La contraction musculaire est le résultat du conflit, dans l'intérieur du muscle, des éléments sulfureux (combustibles) du sang artériel et des particules d'esprit nitro-aérien distribuées aux muscles par les nerfs sous la dénomination d'esprits animaux.

Ainsi donc Mayow rapportait les trois grandes manifestations dynamiques des animaux (la calorification, la contractilité des muscles, l'action du système nerveux) à l'action réciproque de l'esprit nitroaérien de l'air et des matières sulfureuses (combustibles) du sang, c'est-à-dire à l'affinité chimique. Il traduit nettement sa pensée dans cette phrase remarquable de son traité de Motu musculari.

« Quoad artificium autem machinæ animalis,

« illud in co consistit, quod partes corporis tanta <«< concinnitate formentur, ut a causis vulgaribus << effectus plane stupendi in eadem producantur. »

Il ne faut pas s'attendre à trouver dans les publications de J. Mayow les preuves expérimentales, irrécusables de la vérité de ces belles propositions ; ajoutons même qu'il serait injuste de les exiger de lui. La science à son époque n'était pas assez avancée pour lui permettre d'asseoir ses doctrines sur de telles bases. Un siècle devait s'écouler avant que Lavoisier vînt constituer la chimie à l'état de vraie science et donner aux physiologistes les moyens de déterminer avec exactitude le rôle joué par les actions chimiques dans le travail de la nutrition. Sans doute les obscurités de langage, les vaines hypothèses, les explications erronées fourmillent dans les divers traités de J. Mayow; mais le fond de sa doctrine physiologique est vraie. În demeure étonné de tout ce qu'il lui a fallu de rectitude de jugement, de puissance d'intuition et de génie pour, avec le peu de matériaux dont il pouvait disposer, pénétrer si avant dans l'analyse des phénomènes de la vie.

ARTICLE HI

ACTIVITÉS DU SYSTÈME NERVEUX

Sous l'influence de la radiation solaire, les surfaces vertes des végétaux jouissent de la faculté de décomposer l'acide carbonique, de retenir le carbone et de rendre l'oxygène à l'atmosphère; dans ces circonstances, elles consomment la chaleur solaire et l'utilisent pour créer la matière organique aux dépens de la matière minérale. Mais, dans l'obscurité, ces mêmes surfaces vertes contractent de tout autres rapports avec le milieu ambiant, elles consomment l'oxygène de l'air, brûlent la matière organique et produisent de la chaleur comme les animaux. La fleur par ses pétales et ses organes sexuels, la graine qui germe, la racine enfouie dans le sol, fonctionnent d'une manière permanente comme les surfaces vertes dans l'obscurité, sont de vrais appareils de combustion, d'oxydation. L'antagonisme entre les végétaux et les animaux, bien que réel, n'est donc ni assez complet, ni assez permanent pour que les rapports des êtres vivants avec l'atmosphère puissent servir à tracer une ligne de démarcation absolue entre les deux règnes du monde organisé.

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