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« Sténon et qui consiste à lier l'aorte sur la première << vertèbre lombaire, peu après le sentiment et le << mouvement disparaissent entièrement dans le << train de derrière, pendant que la circulation et la « vie continuent dans les parties antérieures. Mais « si, après avoir attendu un temps triple et même <«< quadruple de celui au bout duquel tous les signes << de vie ont disparu, on délie l'aorte, le sentiment «<et le mouvement renaissent peu à peu dans les « parties mortes, à mesure que la circulation s'y « rétablit. De même, en liant toutes les artères qui « vont à la tête, on réduirait cette partie à l'état « de mort; et toutes les fonctions intellectuelles << propres à l'animal, sujet de l'expérience, seraient << non pas seulement affaiblies, troublées ou suspen<«< dues comme dans l'asphyxie ou la syncope, mais << totalement anéanties, pendant que le reste du corps << serait bien vivant. Ces mêmes fonctions renaî«< traient ensuite, après qu'on aurait délié les « artères. On voit assez, sans que je m'arrête davan<«<tage sur cette matière, pourquoi ces résurrections partielles sont les seules qui soient au pouvoir du << physiologiste. »>

Si A. Cowper a vérifié les prévisions de Legallois au sujet de la ligature des artères qui se distribuent à la tête, M. Brown-Séquard a réalisé de son côté l'expérience indiquée par Legallois sur la tête après décollation.

Sur un chien, M. Brown-Séquard sépare la tète du tronc; il attend huit ou dix minutes, jusqu'à ce que, depuis quelques instants, le bulbe rachidien et le reste de l'encéphale aient bien évidemment perdu toute trace appréciable d'excitabilité; puis il pratique des injections réitérées de sang défibriné et oxygéné à la fois dans les artères carotides et dans les vertébrales. Quelques mouvements désordonnés apparaissent au bout de deux ou trois minutes, puis les muscles des yeux et de la face exécutent des mouvements coordonnés, véritables manifestations de la vie, qui tendent à faire admettre que les fonctions cérébrales se sont rétablies dans cette tête complétement séparée du tronc. Dans une expérience de cette nature pratiquée sur un chien familier, élevé dans son laboratoire, M. Brown-Séquard a observé un fait de la plus haute importance. Au moment où l'injection de sang défibriné et oxygéné avai ramené les manifestations de la vie, il appela le chien par son nom... les yeux de cette tête séparée du tronc se tournèrent vers lui... comme si la voix du maître avait été entendue et reconnue.

Comme les muscles, comme tous les organes de l'économie, le système nerveux est le siége d'un travail incessant d'assimilation et de désassimilation; il se nourrit aux dépens du liquide sanguin qui lui fournit tous les matériaux nécessaires à son développement. Sans doute la science n'est pas encore par

venue à pénétrer la nature des réactions chimiques qui se passent dans l'intimité du tissu nerveux; on n'y a encore constaté expérimentalement ni une absorption d'oxygène, ni une exhalation d'acide carbonique. Mais le sang artériel pénètre, rutilant et riche en oxygène, dans le système nerveux, et le sang veineux en sort noirâtre et chargé d'acide carbonique; ce fait, à lui seul, prouve d'une manière incontestable qu'à l'état de repos, les matériaux organiques du sang sont brûlés dans les capillaires des nerfs et des centres, comme dans le réseau vasculaire de tous les tissus de l'organisme.

A l'état

Lorsque le système nerveux entre en action, l'observation démontre que les combustions internes acquièrent un plus haut degré d'intensité. de repos, la réaction chimique des nerfs est neutre ; les expériences de 0. Funke ont établi que, dans le nerf fortement excité, cette réaction change de nature et devient manifestement acide. - Sous l'empire d'une forte excitation nerveuse longtemps soutenue, l'exhalation d'acide carbonique augmente et, d'après Davy' et Bærensprung, la température du corps éprouve une élévation appréciable; ces deux faits sont la preuve incontestable d'une accélération des combustions internes. Et, du moment où la dépense organique est ainsi exagérée, on comprend facile

1 Archives générales de médecine, 1846, supplément.

ment pourquoi, dans ces conditions, le sentiment de la faim, accusant un besoin impérieux de réparation, se prononce en même temps qu'une véritable fatigue comparable à celle que détermine l'exercice musculaire. « La chaleur, dit Burdach1, augmente par l'effet de l'espérance, de la joie, de la colère et de toutes les passions excitantes. Martin a vu la température monter de 35°,5 à 37°,5 dans un violeut accès de colère. >>

Dans ces derniers temps, M. Byasson a repris l'étude de cette question de physiologie générale dans un travail d'une grande importance sur les rapports qui existent entre l'activité du système nerveux et la composition des urines2. Pendant neuf jours, il s'est soumis à un régime alimentaire régulier et déterminé, et a analysé avec soin ses urines. Ces neuf jours d'expérimentation se divisent en trois périodes de trois jours chacune.

Pendant la première période, il s'est abstenu, autant que possible, de tout travail musculaire et cérébral; c'est la période de repos.

Pendant la seconde période, ou période de travail musculaire, il a évité toute contention d'esprit et a exercé fortement son système musculaire.

1 Traité de Physiologie, traduction de Jourdan, tome IX, page 645. 2 Essai sur la relation qui existe, à l'état physiologique, entre l'activité cérébrale et la composition des urines. Thèses de la Faculté dem édecine de Paris, 1868, no 162.

Enfin, pendant la troisième période, ou période de travail cérébral, en même temps qu'il prenait le moins d'exercice possible, il s'est livré, avec ardeur et d'une manière soutenue, à l'étude de questions difficiles de physiologie et de mathématiques.

Les analyses très-exactes de M. Byasson prouvent que, le régime alimentaire restant identique, la quantité moyenne d'urée rendue en vingt-quatre heures a varié ainsi qu'il suit :

Pendant la période de repos.

20gr,46

Pendant la période de travail musculaire. 22, 90 Pendant la période de travail cérébral. . 25, 88

L'excitation du système nerveux rend donc la production d'urée plus abondante, et exerce sur les combustions internes le même genre d'influence que l'exercice musculaire.

Les résultats de ce travail de chimie biologique de M. Byasson déposent en faveur de l'exactitude des observations très-remarquables de M. le docteur J.-P. Lombard'. Ce jeune physiologiste s'est assuré que, indépendamment de toute modification de la circulation, sous l'influence d'un travail cérébral intense, d'une forte émotion et en général de toute cause attirant fortement l'attention, la température des masses encéphaliques s'élève. M. Lombard, dont

Archives de Physiologie normale et pathologique, tome I, page 670.

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