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nerveux et de l'activité du système musculaire avec les combustions internes sont les mêmes. Mais il existe, entre les manifestations de ces activités, une différence essentielle, fondamentale. Tandis que

l'action des muscles est toute extérieure, se réduit à une pression, à une traction, à un soulèvement de poids, ou à une communication de vitesse, l'action du système nerveux ne se traduit par aucun phénomène extérieur, s'épuise tout entière à l'intérieur de l'économie, se réduit à une intervention dans les fonctions des organes qu'il anime. D'où la nécessité, après avoir considéré le système nerveux en lui-même, de l'étudier dans ses rapports avec l'économie tout entière1.

Chez les animaux supérieurs, l'action nerveuse joue un rôle important dans l'accomplissement de toutes les fonctions. Évidemment, ce n'est pas le système nerveux qui sécrète la bile dans le foie, le suc gastrique dans l'estomac, le lait dans la glande mammaire, qui dans le rein sépare l'urée du liquide sanguin, qui dans les voies digestives détermine le passage des matériaux élaborés à travers la muqueuse intestinale, qui dans le réseau des capillaires généraux brûle les éléments organiques du sang, etc., etc., etc. Nulle

↑ Dans cette étude des rapports des activités du système nerveux avec les réactions physico-chimiques de la nutrition, nous n'avons pas abordé la question des manifestations psychiques; nous avons indiqué, dans notre préface, les raisons de cette abstention.

part il n'exerce une action directe sur les matériaux de l'économie; mais son influence est partout nécessaire pour que les fonctions s'accomplissent d'une manière normale et régulière.

Dans un organe dont toutes les communications avec les centres nerveux sont supprimées, l'intensité des combustions intérieures subit une notable dépression, la nutrition s'alanguit, mais en définitive la partie ainsi soustraite à l'action nerveuse ne meurt pas. C'est qu'en réalité, les phénomènes de nutrition sont du même ordre dans toute l'étendue du règne organique, chez les animaux et chez les végétaux, et par cela même sont, au fond, indépendants du système nerveux. Dans l'acte de la nutrition, le système nerveux, dont l'influence est considérable et incontestable, n'intervient donc pas à titre de modificateur direct des substances alimentaires; mais il crée, dans la trame des tissus, des conditions favorables aux mutations des matériaux organiques du sang.

L'observation de tous les jours démontre que la vue des aliments et l'action d'une substance sapide sur les nerfs de la langue suffisent pour activer la sécrétion salivaire. Les recherches des physiologistes et surtout celles de M. C. Bernard, ont prouvé qu'en agissant directement sur le système nerveux, on peut à volonté augmenter ou diminuer la quantité de salive excrétée dans un temps donné. En blessant un point déterminé de la moclle allongée, M. C. Bernard

est parvenu à modifier la sécrétion urinaire et à rendre artificiellement un animal diabétique. Le système nerveux exerce donc une très-grande influence sur les fonctions des organes sécréteurs. Cependant, l'observation ne permet aucun doute à ce sujet, il s'opère des sécrétions chez les animaux qui, comme les Polypes d'eau douce et les Rhizopodes, sont complétement dépourvus de système nerveux; d'autre part, on rencontre chez les végétaux des organes sécréteurs qui ont une grande ressemblance avec ceux des animaux. En réalité, toute sécrétion nous apparait comme un fait de nutrition intime. Nous devons enfin considérer les propriétés des éléments actifs des glandes comme indépendantes, au fond, du système nerveux dont le rôle se borne à modifier les conditions au milieu desquelles fonctionnent les éléments glandulaires, de manière à favoriser ou à contrarier leur action sur le liquide sanguin.

Nous avons déjà établi que la contractilité est l'activité propre de la fibre musculaire, complétement indépendante de l'action nerveuse. Quand ils interviennent dans la contraction musculaire, les nerfs jouent donc le rôle de simples transmetteurs des excitations internes ou externes, et nous devons nous demander si l'influence de la fibre nerveuse sur la fibre musculaire est le résultat d'une action directe ou indirecte.

La texture du système musculaire a été étudiéc,

dans ces derniers temps, par des micrographes d'une très-grande autorité; leurs recherches ont établi un fait d'histologie d'une haute importance. On a vu à l'aide du microscope, el cette observation a été vérifiée par M. Vulpian, des fibres musculaires se contracter bien qu'elles ne fussent en rapport avec aucune fibre nerveuse. De son côté, M. Rouget a constaté que toutes les fibres musculaires ne reçoivent pas de fibres nerveuses. Ajoutons enfin que les fibres musculaires, en rapport immédiat avec des tubes nerveux par l'intermédiaire des plaques motrices terminales, ne sont réellement en connexion avec ces plaques que par une faible étendue de leur longueur. Si l'influence du système nerveux était directe, il serait bien difficile de comprendre comment, à propos d'une excitation portée sur le tronc nerveux, la contractilité peut être mise en jeu dans les fibres dépourvues de tout tube nerveux et dans les parties des fibres placées en dehors des plaques terminales.

Après avoir démontré que le système nerveux est excité par des flux d'électricité trop faibles pour agir sur un galvanomètre ordinaire, M. Matteucci a déterminé avec soin la durée minimum du passage du courant électrique à travers un nerf moteur, nécessaire pour faire contracter le muscle auquel il se dis

1 Letture sul l'elettro-physiologia. Milano, 1867, page 35.

tribue. Le muscle fraîchement détaché étant fixé à un dynamomètre, il a soumis son nerf moteur à l'action du courant électrique réduit à son minimum suffisant d'intensité et de durée, et il a mesuré le travail mécanique effectué par le muscle en contraction. - D'une part, la dissolution du zinc dans le couple voltaïque pendant le passage du courant excitateur lui permettait d'évaluer, en unités de chaleur, la force dépensée pour mettre en jeu l'action nerveuse; d'autre part, le travail mécanique, produit pendant la contraction musculaire, transformé en unités de chaleur, fournissait l'évaluation de la force développée par le muscle sous l'influence de l'action nerveuse. Or évidemment, si l'action du système nerveux sur le système musculaire était directe, le nerf ne pouvant en réalité transmettre à la fibre musculaire que la force développée par le courant voltaïque pendant l'excitation et la force développée par le muscle ne pouvant, en aucun cas, être supérieure à celle que le nerf lui aurait directement transmise, il devrait y avoir équivalence entre le travail mécanique accusé par le dynamomètre et le travail chimique consommé dans le couple pendant le passage du courant à travers le nerf, entre le travail produit et le travail moteur. Or il résulte des mesures de M. Matteucci que le travail mécanique effectué par le muscle pendant sa contraction est égal à 30000 fois le travail dépensé pour produire l'excitation du nerf.

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