Imágenes de páginas
PDF
EPUB

mais isolé, mais dont la raison lui démontre l'existence, il l'appelle successivement: Spiritus vitalis, instrumentum vitæ, elixir vitæ summe necessarium. - Le but réel de la respiration est de rendre l'esprit nitroaérien au sang que les veines rapportent au cœur; si le système veineux versait dans le cœur du sang artériel, c'est-à-dire riche en esprit nitroaérien, la respiration serait inutile. « Et hoc, ajoutet-il', inde confirmari videtur, quod dum sanguis arteriosus ex uno cane in alterum, noto jam experimento, transmittitur, canis in quem sanguis transfertur, quamquam antea anhelus, et intense respirans, sanguine tamen arterioso intus recepto, vix omnino respirare videtur. »

Convaincu que cet élément de l'air, cet esprit nitroaérien, est indispensable au développement comme à l'entretien de la vie de l'animal, Mayow n'hésite pas à affirmer que le fœtus respire dans le sein de sa mère. Après avoir longtemps cherché les voies par lesquelles peut s'opérer cette respiration, il déclare que les vaisseaux ombilicaux et le placenta sont un véritable appareil respiratoire : « His præmissis, dit-il2, statuimus, sanguinem embryi per arterias umbilicales ad placentam delatum, non tantum succum nutritium, sed una cum eodem particularum nitroærearum portiunculam commeatu suo ad fœtum ad

1 Loco citato, de Respiratione, page 321. 1 Loco citato, de Respiratione, page 319.

vehere plane ut sanguis infantuli per circulationem suam in vasis umbilicalibus factam, eodem modo ac idem in vasis pulmonalibus, particulis nitroæreis imprægnari videatur. Proinde ut placentam non amplius jecur, sed potius pulmonem uterinum, nuncupandam esse arbitrer. »

A l'époque où Mayow exécutait ses travaux, le grand principe de l'indestructibilité de la matière n'était pas encore introduit dans la science, la balance n'intervenait que très-exceptionnellement dans les recherches de la chimie, les procédés d'investigation étaient incomplets et souvent vicieux. Sans autre guide que leur génie, les esprits éminents de l'école chimiatrique ont souvent entrevu, deviné la vérité, mais en réalité ils n'ont rien démontré d'une manière décisive. Ces passages, dans lesquels ils ont consigné le fruit de leurs méditations et que nous aimons à tirer de l'oubli où ils sont tombés, nous apparaissent dans leurs écrits comme des assertions sans preuves à l'appui, ou déduites d'explications et de théories inadmissibles. Si ces éclairs de génie sont insuffisants pour constituer une science, ils mettent du moins en lumière la fécondité de la voie que les travaux de l'école chimiatrique avaient ouverte aux physiologistes.

Bientôt les esprits prirent une nouvelle direction : le sceptre de la biologie passa aux mains des médecins mécaniciens et mathématiciens. Les propriétés

mécaniques des tissus et des liquides furent considérées comme la cause déterminante de tous les phénomènes de l'économie. La théorie de la calorification n'échappa pas à cette réaction; la chaleur animale ne fut plus que le résultat du frottement du sang contre les parois des vaisseaux et surtout des capillaires. Ces doctrines sans portée et sans avenir, dont Hales a donné une excellente exposition dans son Hémostatique, séduisirent le grand Haller lui-même, comme le prouve le passage suivant de son traité de physiologie1: «Hactenus certe maxime probabile videtur, utique a motu sanguinem incalescere, et si nondum constat, quare magis quam aqua, et quare non super certum gradum incalescere possit. »Cet envahissement de considérations empruntées aux mathématiques et à la mécanique souleva parmi les physiologistes une réaction à laquelle s'associèrent de grands esprits étrangers aux études médicales.

Révolté par cette manie de demander à l'algèbre l'explication des phénomènes de la vie, qui poussait des hommes d'un grand mérite à chercher leur point de départ dans de vaines hypothèses alors que l'expérience leur faisait défaut, d'Alembert dénonça en termes très-vifs, dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie, l'inanité de ces tentatives d'autant

1 Elementa physiologia, tome II, page 307.

2 Discours préliminaire de l'Encyclopédie, p. XII.

plus dangereuses qu'elles cachaient le vide de la pensée première et l'erreur de la conclusion sous une apparence trompeuse de profondeur et de pré

cision.

«On a voulu, dit-il, réduire en calcul jusqu'à l'art de guérir, et le corps humain, cette machine si compliquée, a été traitée par nos médecins algébristes comme la machine la plus simple ou la plus facile à décomposer. C'est une chose singulière de voir ces auteurs résoudre d'un trait de plume des problèmes d'hydraulique et de statique capables d'arrêter toute leur vie les plus grands géomètres. Pour nous, plus sages ou plus timides, contentonsnous d'envisager la plupart de ces calculs et de ces suppositions vagues comme des jeux d'esprit auxquels la nature n'est pas obligée de se soumettre. »

Dans les dernières années du dix-huitième siècle, en même temps qu'il créait une science nouvelle en donnant à la chimie des bases inébranlables, Lavoisier tourna ses vues vers la physiologie et fixa plus spécialement son attention sur les phénomènes de la nutrition. Les matières alimentaires introduites dans l'estomac, digérées, liquéfiées, sont absorbées et versées dans les vaisseaux, où elles se mêlent au sang; d'autre part, l'air introduit à chaque inspiration dans la cavité pulmonaire cède au sang une partie de son oxygène. Frappé de ce double mouvement centripète, Lavoisier se demanda ce

que deviennent ces matières mises en présence dans les vaisseaux de la circulation sanguine. Procédant à cette recherche avec toute la rigueur de l'analyse chimique, il démontra que l'oxygène introduit par les voies respiratoires attaque les substances organiques fournies par la digestion, les brûle, se combine avec leur carbone et leur hydrogène pour former de l'acide carbonique et de l'eau. Il montra que cette combustion lente des matériaux organiques du sang est une source incessante de chaleur dont il chercha à constater la puissance.

Des expériences, instituées et exécutées avec une précision jusque-là inconnue, lui permirent de déterminer la quantité de chaleur enlevée à l'animal par le rayonnement, par le contact de l'air et aussi par l'évaporation des liquides à la surface de la peau; d'autre part, il mesura la quantité d'oxygène consommée, évalua les proportions d'acide carbonique et d'eau produits par la combinaison de cet oxygène avec les matériaux du sang, et calcula la quantité de chaleur dégagée pendant ces réactions. De la comparaison des résultats de ces deux séries d'observations, il conclut que les réactions chimiques accomplies dans les profondeurs de l'économie fournissent assez de chaleur pour maintenir la température propre des animaux. Pour vérifier l'exactitude de cette proposition fondamentale, Lavoisier étudia l'intensité de ces combustions intérieures

« AnteriorContinuar »