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plus puissamment. Son incrédulité parut jusque dans ses adieux : « Va, lui dit-il, et advienne au moment où elle partit, va "

ce qu'il pourra. »

La petite escorte de Jeanue d'Arc consistait en six personnes, savoir :

Jean de Novelonpont, dit de Metz, auquel Jeanne paraît donner le titre de chevalier ;

Bertrand de Poulengy, ou de Poulengey, écuyer.

Pierre d'Arc, troisième frère de Jeanne; Colet de Vienne, messager ou envoyé du Roi;

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Richard, archer;

Julien, Valet de Poulengy; et Jean de Honnecourt, ou Bonnecourt, serviteur de Jean de Metz.

Ces six personnes avaient juré, entre les mains du seigneur de Baudricourt, qu'ils la mèneraient saine et sauve au roi.

On était alors au dimanche, 13 février, 1429.

Jeanne paraissait pleine de confiance. Quelques personnes lui ayant demandé

comment il était possible qu'elle entreprît de partir, vu le grand nombre d'hommes d'armes ennemis qui battaient le pays aux environs de Vaucouleurs : « Je ne crains pas les hommes d'armes, répondit-elle, et je trouverai le chemin libre; car, s'il y a des hommes d'armes sur la route, j'ai Dieu, mon Seigneur, qui me fera mon chemin jusqu'à monseigneur le dauphin. » — « C'est pour celà que je suis née », disait-elle encore à la foule, étonnée de la voir s'exposer à de si grands périls. Au reste, elle assurait que les esprits célestes avec lesquels elle croyait être en communication, lui avaient donné bonne espérance: Va hardiment, lui avaient-ils dit ; quand tu seras devers le roi, il aura bon signe de te recevoir et croire.

Pour joindre Chinon, où résidait alors Charles VII, il ne fallait pas parcourir moins de cent cinquante lieues, et une bonne partie de cette longue route était infestée par l'ennemi : on prit des chemins détournés, et Pon traversa à gué plusieurs rivières, bien bien que la saison fùt peu favoTM

rable à cette manière de voyager. Si l'on eût éru Jeanne d'Arc, on n'aurait pas pris toutes ces précautions. Se prétendant, dans cette grande circonstance, continuellement inspirée et avisée par ses saints par ses saints protecteurs, elle répétait sans cesse, qu'il ne pouvait y avoir rien à redouter, ni pour elle, ni pour ceux de sa suite. Quelques-uns d'entre eux voulant éprouver jusqu'à quel pointon pouvait compter sur le courage et la tranquillité quelle faisait paraître, imaginèrent de s'écarter de la troupe, 'et de revenir en suite l'attaquer comme s'ils eussent été un parti ennemi : « Ne fuyez pas, dit Jeanne avec calme à ceux qui, étant restés auprès d'elle, faignaient de vouloir prendre la fuite; en mon Dieu, ils ne vous feront aucun mal. » Ses compagnons de voyage remarquaient que sa première pensée, chaque matin en s'éveillant, était de prier Dieu, et elle témoignait un grand désir d'assister à l'office divin, bien que, par prudence, eux, qui répondaient d'elle lui permissent rarement de se montrer ainsi en public dans les lieux qu'ils tra

versaient.

Arrivée à Fierbois, village de Touraine, situé à cinq ou six lieues de Chinon, elle envoya au roi une lettre, portant en substance« qu'elle désirait savoir si elle devait entrer dans la ville où il était; qu'elle avait bien cheminé l'espace de cent cinquante lieues pour venir vers lui à son secours, et qu'elle savait beaucoup de choses qui lui seraient agréables. >>

La réponse fut favorable, et ne se fit pas long-tems attendre, car Jeanne partit bientôt pour Chinon. Elle n'avait mis que onze jours dans tout son voyage.

Elle ne pouvait arriver à la cour dans un moment plus opportun. Le roi se trouvait sans moyens réels de secourir Orléans, qu'il regardait cependant comme sa dernière espérance. Il était presque sans troupes et sans argent. La dame de Bouligny, qui était alors dans la ville de Bourges, auprès de la reine, rapporte « qu'en ce temps-là, il y avait dans ce royaume, spécialement dans les parties obéissantes at roi, tant de calamités et si grande pénurie d'argent, que c'éta it pitié ; si bien que

les sujets fideles au roi étaient près de s'abandonner au désespoir; et le sait celle qui parle, ajoute en cet endroit la dame de Bouligny, parce que son mari était alors receveur général, lequel tant de la pécune (de l'argent) du roi, que de la sienne propre, n'avait en tout chez lui que quatre écus. Tout était désespéré, et l'on ne se flattait de recevoir aucun secours à moins qu'il ne fút envoyé de Dieu. >>

La mission divine que prétendait accomplir Jeanne d'Arc, semblait d'ailleurs justifiée par des prédictions, des prophéties, sortes de choses qui, à cette époque avaient, même à la cour, un fort grand crédit. Jeanne ne fut cependant point admise sur-le-champ, devant le roi on décida qu'elle serait d'abord examinée et interrogée par des prélats. Ce fut Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, qui la leur présentèrent. Les commissaires du roi lui firent beaucoup de questions, et lui demandèrent, entre autres choses, dans quel dessein elle était venue à Chinon, et ce qu'elle prétendait mais elle refusa d'abord de leur rien

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