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étendue et très pénétrante, qui réduit à rien les données déterministes admises aujourd'hui, par la plupart des savants en renom, comme des axiomes évidents ou comme des résultats définitivement acquis; le second, pour une détermination exacte, qui manquait partout ou à peu près, des conditions, des limites et du rôle de la liberté ; le dernier, qui ne faisait pas partie du Mémoire présenté à l'Académie, pour les belles et fécondes applications de la doctrine du libre arbitre à la métaphysique, à la science, à la morale et même à l'art.

A parcourir ces pages aussi brillantes que solides, on éprouve quelque chose comme l'embarras des richesses. Le livre est gros, mais si l'auteur n'avait pas avant tout le souci et le talent de l'ordre et de la précision, il l'aurait été deux ou trois fois davantage.

Il m'arrive quelquefois de recommander aux maîtres chrétiens des ouvrages qui ne le sont pas du tout, à titre d'information utile ou nécessaire. Cette fois, je puis leur signaler, même à ce titre, un livre animé de l'esprit le plus religieux. Il est difficile, par exemple, de trouver une meilleure exposition de la théorie de la sensation et de ses suites, au point de vue des derniers progrès de la psychologie, que celle qui ouvre le livre de la thèse du libre arbitre (p. 411-425). Quant à l'esprit chrétien, il paraît en bien des endroits, mais on n'a qu'à lire pour le bien saisir, les pages du même livre intitulées Pratique du libre arbitre: on sera frappé de la ressemblance de ce noble et ferme enseignement qui aboutit au « Chemin de la croix, » avec celui des pieux auteurs que nous nommons « les maîtres de la vie spirituelle; » et de fait M. Fonsegrive lui-même ne craint pas de renvoyer son lecteur à l'Imitation de Jésus-Christ, au Combat spirituel, que dis-je? à la Perfection chrétienne de Rodriguez!

Il y a certainement des imperfections, des lacunes, des taches dans ce grand et beau travail; mais elles se perdent, peut-on dire, dans l'éclat de ses mérites, auxquels je suis loin d'avoir rendu suffisante justice. C'est surtout dans les parties plus ou moins afférentes à la théologie chrétienne que les hommes du métier pourront relever quelques incorrections, tout en admirant la sagesse et la sûreté ordinaires du savant auteur. Ainsi, quoiqu'on puisse l'approuver d'écarter également les deux théories moliniste et thomiste de la grâce, on ne lui passera pas d'imputer aux molinistes cette hérésie formelle, que l'action humaine prévue par Dieu est la cause antécédente de la grâce divine (p. 123). Ailleurs, il accuse saint Thomas de mettre le principe d'individuation dans le non-être; mais la matière signata quantilate n'est pas le non-être !... J'ai noté quelques autres endroits plus ou moins susceptibles de correction. Je m'abstiens de les parcourir ici, parce qu'en somme ils sont de nulle importance dans un ouvrage si considérable et à la fois si bien pensé et si bien exécuté. Ai-je besoin FÉVRIER 1888. T. LII. 8.

d'ajouter que cet ouvrage ne saurait désormais être absent d'une bibliothèque philosophique sérieuse?

9. Les Notes et Réflexions de M. Charles Charaux, professeur de philosophie à la Faculté de Grenoble, se rapportent à la psychologie, puisqu'elles forment le complément de son livre sur la Pensée. Mais elles touchent également à l'esthétique et à la morale, et c'est une double recommandation de plus; car sur ces divers domaines l'habile et sobre écrivain sait à la fois charmer l'esprit, échauffer le cœur, élever l'âme, en philosophant au profit du spiritualisme le plus pur et de la foi la plus ardente. Cet aimable et utile volume a déjà été loué ici, mais l'édition actuelle, c'est la quatrième, je crois, renferme cent vingt pages de plus que la précédente, et c'est une raison pour y revenir, quand même toutes les occasions ne seraient pas bonnes pour aider au succès d'un bon livre. Je ne veux pas, du reste, parcourir les nouvelles pensées ajoutées à l'ancien recueil. La besogne serait assez difficile. Ces morceaux se trouvent répandus dans chacun des huit chapitres De la pensée en général, Histoire de la pensée, l'Ame humaine, la Parole, les langues, le Beau et les Arts,

l'Histoire, les Sciences, Philosophie et Religion. Ils sont placés pour le mieux à travers leurs aînés, et l'auteur n'a pas eu soin, comme son ancêtre La Bruyère, de les marquer d'un signe particulier. Ils ne se trahissent pas davantage par la doctrine ou par le ton ni la manière de penser ni le style de M. Charaux (c'est tout un chez lui) n'ont subi le moindre changement sensible. Tout au plus la nouveauté de quelques fragments se révèle par les allusions et les noms propres. Voici, par exemple, une remarque bien juste, qui vise particulièrement la très remarquable psychologie de M. Rabier: « Le grand inconvénient de ces psychologies, d'ailleurs fort savantes et fort utiles, quelques-unes faites de main de maître, c'est que pour y bien voir l'âme, il faut qu'on soit du métier et qu'on sache la langue. Autrement rien ne sert de s'y engager on est en grand péril de s'y perdre. » En voici une autre sur le dernier roman d'Octave Feuillet: « On peut lire dans la Morte, tout à la fin du volume, deux pages de philosophie spiritualiste, d'une force de pensée, d'une beauté d'expression à rendre jaloux tel de nos maîtres qui pour sûr ne les désavouerait pas... Il en faudrait beaucoup de semblables pour payer la rançon du roman contemporain : il en faudrait tellement que peut-être il mourrait, tous les lecteurs frivoles s'étant retirés de lui, avant d'avoir acquitté sa dette. » Citons, enfin, en dehors de toute visée personnelle, une pensée nouvelle où se montrent bien et la haute inspiration religieuse du penseur et l'art délicat de l'écrivain: « L'histoire de l'humanité est comme ces grands fleuves qui vont à la mer par toutes les voies, par tous les lits, par tous les détours que les circonstances ou la volonté de l'homme réussit à leur imposer: on

peut tout sur eux, sauf de les empêcher d'aller à la mer; on peut tout sur l'histoire, sauf de l'empêcher d'aller où Dieu veut. »

LÉONCE COUTture.

OUVRAGES D'INSTRUCTION CHRÉTIENNE ET DE PIÉTÉ

1. Démonstration de la divinité du catholicisme. Traité élémentaire à l'usage des maisons d'enseignement secondaire, par l'abbé A.-R. MOULIN, professeur de philosophie. Lille, Société Saint-Augustin, 1886, in-12 de vi-380 p., 2 fr. 50.-2. La Doctrine catholique exposée d'une manière simple, méthodique, complète, à l'usage des collèges, pensionnats, etc., par l'abbé CH. PORTAIS, licencié en théologie. Paris, Retaux-Bray, 1887, 2 vol. in-12 de x-442 et 468 p., 6 fr. 3. Le Christianisme en exemples. Complément de tous les catéchismes de première communion et de persévérance, par l'abbé ALEX. COURAT. Paris, Retaux-Bray, 1887, 2 vol. in-16 de iv-386 et 404 p., 6 fr. 4. Le Catéchisme expliqué aux enfants du peuple, par J.-J. MOREt, prêtre du diocèse de Moulins. Moulins, Gourjon Dulac, 1887, in-12 de vi-592 p. 5. Catéchisme historique en 50 leçons, avec un questionnaire, par l'auteur des Récits et Tableaux d'histoire sainte, etc. Bourges, Pigelet et Tardy, 1886, in-32 de 70 p. 6. La Libre-pensée et le Catholicisme. Conférences de Saint-Roch, année 1885, par l'abbé CHARLES PERRAUD, chanoine honoraire d'Autun. Paris, Jules Gervais, 1887, in-12 de xxiv-264 p., 3 fr. — 7. OEuvres oratoires du R. P. CONstant. Paris, Gaume, (s. d.), in-12 de x-282 p., 2 fr. - 8. Las Virtudes cristianas en la Vita Moderna. Conferencias por il doctor D. José TARONJI Y CORTÈS, canonigo del Sacro Monte. Madrid, 1887, in-8 de 201 p. 9. La Destinée, par le P. FÉLIX, S. J. Retraite de Notre-Dame. Paris, Téqui, 1887, in-12 de x-331 p., 3 fr. 10. La Chaire chrétienne, par le P. FÉLIX, S. J. Paris, Téqui, 1887, in-12 de Ix-56 p., 0 fr. 50. 11. Evangiles des dimanches et des fêtes, avec explications littérales, par l'auteur du Catéchisme historique. Bourges, Pigelet et Tardy, 1885, in-32 de 70 p. 12. Récits et Tableaux d'histoire sainte, par l'abbé CANTIN. Nouvelle édition. Bourges, Pigelet et Tardy, 1886, in-32 de 210 p. avec images et cartes. - 13. Sententiæ et Exempla biblica, e Veteri et Novo Testamento excerpta et ordinata ad usum concionatorum moderatorumque animarum... a P. J. BERTHIER, miss. salettensi. Salette près Corps, 1 vol. in-32 de xu-378 p. 14. Dieu et ses infinies perfections, d'après les livres saints, par le P. H. SAINTRAIN, de la Congrégation du T. S. Rédempteur. Paris, Casterman, 1887, in-12 de xu-358 p., 2 fr. 50. 15. Sous le regard de la divine Providence. 2e édition. Paris, Haton, 1887, in-12 de 312 p., 3 fr. 50. 16. Du vénérable sacrement de l'autel, par S. THOMAS D'AQUIN. Traduit, collationné et annoté par le chanoine HUMBERT, docteur en théologie. T. I. Lille, imp. Saint-Augustin, 1886, in-12 de vi-288 p., 3 fr. 17. La Communion par excellence, ou les Mystères de l'union de Dieu et de l'homme par la sainte Eucharistie. Conférence du R. P. VINCENT AMBROSIANI, chanoine de Perpignan, etc. 2e édit. Tours, Mazereau, 2 vol. in-12 de xu-228 p. - 18. Traité de la communion fréquente, d'après la doctrine et la pratique de l'Église catholique, par l'abbé J.-L. MAUREL, du diocèse de Rodez. Paris, Delhomme et Briguet, 1887, in-8 de XVII602 p., 7 fr. 50. 19. Les Beautés du rosaire, par Mgr CONRAD MARTIN, évêque de Paderborn, traduit de l'allemand par le docteur P. PROSPER. Lille, Société de Saint-Augustin, 1886, in-12 de x-452 p., 2 fr. 25. — 20. Le Virginal de Marie, la glorieuse Mère de Dieu, publié pour la première fois, d'après un manuscrit du XIVe siècle, par le P. TAGEY, S. M. Paris, Gaume (s. d.), in-12 de xxxv-127 p., 1 fr. 21. Marie, reine de l'univers, par l'auteur de Allons au Ciel. Paris, Delhomme et Briguet, 1887, in-32 de 88 p. 0 fr. 40.22. Mois de Marie, méditations sur les mystères de la vie de la T. S. Vierge, par ETIENNE GRAMIDON. Paris, Plon et Nourrit (s. d.), in-16 de 250 p., 2 fr. 23. Le Jardin des enfants, ou Légendes pour les enfants, par le P. G. HATTLER, S. J. Traduit de l'allemand. Lille, Société de Saint-Augustin, (s. d.), 4 vol. in-12 de xviu-268 p., vi-300, vi-272, viп-260 p., 8 fr. - 24. Devoirs mutuels des parents et des enfants, par l'abbé SALESSE, aumônier de la

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Solitude, à Lyon. Paris, Delhomme et Briguet, 1887, in-12 de vi-288 p., 2 fr. 25. Tobie, ou le Modèle de la famille, par l'abbé FOURNIER. Paris, R. Haton, 1879, in-12 de 308 p., 1 fr. 50. - 26. Le Petit Apôtre de la jeunesse, qui veut Dieu partout. Le Directoire pour tous. Paris, R. Haton, 1887, in-8 de xu-470 p. Suivi des Evangiles, 70 p., et du Précis d'histoire, 103 p., 0 fr. 95. 27. La Vierge chrétienne dans sa famille et dans le monde. Ses vertus et sa mission dans les temps actuels. 2e édition. Paris, Delhomme et Briguet, 1887, in-16 de XLVI-516 p., 2 fr. 50. 28. Choix de lectures chrétiennes pour les jeunes filles. Paris, Poussielgue frères, 1886, in-18 de 628 p., 3 fr. 29. Histoire de la Passion du Fils de Dieu fait homme, ou Chemin de la croix médité. Offert aux gens du monde par un homme du monde. Lille, Société de Saint-Augustin, 1887, in-8 de 515 p., 5 fr. 30. L'Esprit de saint Ignace. Pensées, sentiments, paroles et actions du fondateur de la Compagnie de Jésus, recueillis et mis en ordre par le P. XAVIER DE FRANCIOSI, de la même compagnie. Nancy, Lechevalier, 1887, in-32 de xvi-656 p. 31. Pensées et Fragments de M. l'abbé STANISLAS LAVERRIÈRE, chanoine de Lyon. Recueillis et publiés par son frère. Paris, Delhomme et Briguet, 1886, in-12 de xи-239 p., 3 fr. 50. 32. Manuel du chretien. Edition du chanoine GAUME. Nouveau Testament. Psaumes. Imitation de Jésus-Christ. Prières du chrétien. Paris, Gaume, 1887, in-12 de xxvi-1041-218-188-c p., 8 fr. 33. La Journée dominicaine à l'usage des Frères et Sœurs du Tiers Ordre de la pénitence de Saint-Dominique. 2e édit. Lille, Société de Saint-Augustin, 1887, in-16 de x-688 p., 3 fr. 50. 34. Petites fleurs de Mont-Roland, offertes aux pères, aux mères et aux enfants de la Franche-Comté et de la Bourgogne. Besançon, Jacquin, 1886, in-32 de 149 p. 35. Exercices pieux en l'honneur de saint Joseph, par un prêtre du diocèse de Nîmes. 3e édit. Nîmes, Gervais-Bedot, 1888, in-18 de 232 p., 0 fr. 80.

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1-5. Cours de doctrine. A l'heure où la libre-pensée s'efforce de réaliser son satanique projet de chasser Jésus-Christ de la société, il est consolant de voir se multiplier les défenseurs de la vérité, les apologistes de la foi: c'est ainsi que Dieu s'est toujours plu à mettre le remède à côté du mal. Il importe surtout de diriger la défense du côté où l'ennemi affecte de porter ses coups. L'enfance, la jeunesse, voilà le principal objectif de l'attaque; l'impie sait bien que la première influence se reçoit plus facilement et persiste plus longtemps; il veut saisir l'intelligence dès qu'elle commence à s'ouvrir, afin de s'en emparer pour toujours et de gagner ensuite plus sûrement le cœur. C'est à déjouer ce complot que devait tendre la sollicitude de l'Église; nos souverains pontifes Pie IX et Léon XIII n'ont pas manqué d'indiquer cette tactique, et, grâce à ce mot d'ordre filialement obéi, voici que nos maisons d'enseignement sont pourvues d'excellents traités d'instruction religieuse. Le premier dont nous avons donné le titre : Démonstration de la divinité du catholicisme, par M. l'abbé Moulin, nous paraît réunir toutes les conditions requises pour une œuvre de ce genre la concision, la méthode, la clarté; il forme un cours complet de religion, condensé dans 370 pages. Nous ne saurions mieux indiquer l'objet et la division de ce traité qu'en nous servant des termes mêmes de l'auteur: « C'est, dit-il, une exposition, sous forme élémentaire, des principes de la foi, des preuves sur lesquelles repose la divinité du catholicisme. Il est divisé en trois parties. La première renferme les notions préliminaires à la démonstration de la vérité

chrétienne, ce qui concerne la religion en général, la révélation et ses signes. Dans la seconde partie, on établit la divinité du christianisme par l'excellence incomparable de sa doctrine, par son établissement miraculeux dans le monde, par la constance et le témoignage des martyrs, par l'accomplissement en Jésus-Christ des prophéties relatives au Messie, par la sainteté de Jésus-Christ, par ses miracles et ses prophéties, et enfin par la divinité de la religion mosaïque et de la religion primitive dont le christianisme a été la suite et le développement... La troisième partie a pour objet la divinité de l'Église catholique. On y démontre que Jésus-Christ a fondé parmi les chrétiens une société spirituelle dont l'autorité réside dans saint Pierre et ses successeurs, dans les Apôtres et leurs successeurs, et que cette société n'est pas autre que l'Église romaine, qui seule possède les caractères dont Jésus-Christ a revètu son Église. » (Introd., v et vi.) A l'exposition fidèle de la doctrine viennent se joindre, à leur place respective, les principales objections que notre siècle a ressuscitées ou imaginées, et que l'auteur réfute avec une logique et une force qui n'en laissent rien subsister. Cette partie de l'œuvre n'est pas, il s'en faut, sans importance; elle vient très opportunément achever la tâche si bien commencée par l'auteur dans la partie consacrée à l'exposition; elle doit dissiper les moindres doutes qui pourraient s'élever dans l'esprit et surtout prévenir les insidieuses attaques, les séduisants sophismes que l'ennemi ne manque pas de reproduire dans ses journaux, ses brochures et ses livres contre la vérité catholique.

L'ouvrage de M. l'abbé Portais, la Doctrine catholique, contient plus de développements; il fait la part à peu près égale au dogme, à la morale et au culte, embrassant ainsi dans cette triple dénomination tout ce qui concerne le symbole des apôtres, le décalogue, les préceptes de l'Église et les sacrements. « Fruit de longues études et de plusieurs années d'enseignement, cet ouvrage, dit Mgr Freppel dans son approbation motivée, réunit toutes les qualités propres à en faire un manuel classique d'instruction religieuse pour les collèges, les pensionnats, les communautés et les familles chrétiennes. C'est un cours complet où, depuis le dogme et la morale jusqu'au culte, toute la théologie est présentée dans un ordre simple, méthodique, lumineux. Vous avez su condenser en deux petits volumes toutes les matières de ce vaste enseignement, de telle sorte que la science de la religion s'y trouve résumée avec autant de vigueur que de clarté. Pour les catéchismes de persévérance, cette petite somme théologique sera d'un grand secours, et les personnes plus avancées en âge, non moins que la jeunesse chrétienne, l'étudieront avec profit. » Ce jugement autorisé fait le plus grand honneur à M. l'abbé Portais; ce qui vaut encore mieux, il est la garantie de la sûreté de sa doctrine et la recommandation la plus

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