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une phrase entière soulignée. ). Versailles rappelle au roi de trop tristes époques, sa sûreté y serait peut-être compromise. SaintCloud et Rambouillet en sont près. Les Jacobins (entre deux parenthèses) ( il en sera fait mention pour la première fois) y ont des affiliés nombreux. Compiègne et Fontainebleau réunissent tous les avantages. (Là finissent tous les soulignemens.) Le roi sera prié de choisir entre ces deux villes. Il répondra qu'il se rend aux instances de son peuple; le peuple qui ne connaît pas d'obstacles à ses vues, et qui est expéditif dans ses moyens, répliquera que rien n'empêche le roi d'effectuer sa promesse; il peut monter à cheval ou en carrosse, son peuple l'accompagne, et sa famille le suit de près.

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› Jusqu'ici le roi n'est point compromis; il ne s'est montré que deux ou trois fois; son désir d'aller prendre l'air n'est pas extraordinaire. Quant à la députation du peuple, il s'est soumis à en recevoir tant de différentes, qu'il n'est pas en son pouvoir de refuser celle-ci; rien en vérité ne pourrait faire soupçonner la mission dont elle serait chargée, car aucun mouvement populaire ne l'aurait indiqué. Le roi hors des barrières, il faut pouvoir à deux choses : la célérité du voyage et la sûreté du roi; le peu de confiance que nous avons dans les subalternes nous fait préférer aux écuyers du roi le service des relais étrangers. Nous aurons besoin de consulter un militaire sur l'intelligence et la fidélité duquel il n'y ait aucun doute. Il en est un qui, quoique étranger à nos projets, nous paraît l'homme qui convient à notre opération. Il faut d'abord convenir que plus tôt sa majesté s'éloignera de Paris, et plus tôt sa couronne se reposera sur sa tête. La déclaration du 23 juin doit être le but des efforts réitérés du monarque et des amis de la monarchie. Nous soumettons notre plan à l'examen de la réflexion. Les moyens secrets sont les ateliers et leurs chefs, grand nombre d'écrivains, plusieurs corporations, telles que la basoche, etc., une société nombreuse du faubourg Saint-Antoine, qui suivra l'impulsion que nous lui donnerons. >

Pièces supplémentaires.- Lettre de Laporte, apostillée de la main du roi, 19 avril 1791.

Sire, il y a quelques jours que Rivarol vint chez moi. Le but de sa visite était de demander une place pour son père dans les domaines du roi. Il a parlé une heure et demie des affaires publiques; j'ai été silencieux sur ce chapitre, je lui ai témoigné de l'intérêt pour son père. Avant-hier il est revenu, il est resté deux heures, il ne m'a parlé de son père qu'en sortant. Cet homme est d'une loquacité rare, il faut, pour le suivre, une attention pénible. Voici en résultat ce qu'il m'a dit : le roi perd sa popularité, il faut, pour la lui rendre, employer les mêmes gens qui la lui ont enlevée; ce sont ceux qui dominent dans les sections, les Danton et autres; 'ces gens ne sont pas difficiles à gagner; on Ieur donne un peu d'argent et des diners.... »

Buzot. Si la Convention me permet d'interrompre le rapporteur, comme Rivarol est à Paris, je demande qu'il soit mis en état d'arrestation, et que les scellés soient mis sur ses papiers. Cette proposition est décrétée.

Le rapporteur continue: Observez (dit Rivarol) que ces gens de l'assemblée parlent mal; il est aisé de leur faire entendre que l'audace de l'assemblée ne vient que de ce que le roi n'y a point mis d'opposition. Voilà, sire, ce que m'a dit Rivarol. Il désire entretenir votre majesté. Je suis resté avec lui dans la plus grande réserve. Chargé des détails économiques de la maison de votre majesté, je me garderai bien de lui donner des conseils sur sa conduite politique ; tout ce que je me charge de lui dire, c'est que les millions qu'on vous a engagé à répandre n'ont rien produit ; les affaires n'en vont que plus mal. ›

Autre lettre de Laporte, apostillée de la main du roi, 22 avril 1791.

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«Sire, j'adresse à votre majesté une lettre écrite avant-hier, et que je n'ai reçue qu'hier après-midi; elle est de l'évêque d'Autun, qui paraît désirer de servir votre majesté. Il m'a fait dire

qu'elle pourrait faire l'essai de son zèle et de son crédit, et lui désigner les points où elle désirera de l'employer. La nouvelle faction qui s'élève aux Jacobins veut le rétablissement de la force publique, le maintien de la monarchie, l'anéantissement de la secte démocratique, et la sûreté de votre personne; mais je crois qu'elle veut vous dominer. Les législatures passeront, mais le roi existera. (On rit.) Conservez votre couronne, et vous reprendrez un jour votre autorité. La faction sait que votre majesté a répandu de l'argent qui a été partagé entre Mirabeau et quelques autres qui ne sont point nommés. Dans l'espérance d'avoir part à ces distributions, cette faction va combattre le projet d'attaquer la liste civile, qui est à l'ordre du jour ce matin. Il vaut mieux former sourdement l'opinion publique, et je crois être sûr qu'on y travaille efficacement. J'apprends qu'il ne sera pas question aujourd'hui de la liste civile, ou du moins des domaines. Le comité des finances a indiqué au comité des domaines une séance de réunion pour ce soir. Le président du comité m'a fait remettre ce matin son rapport, en me priant de le lui rendre avant midi.... Barrère. Le président du comité des domaines était Parent de Chassy.

Le rapporteur continue :

Autre lettre de Laporte au roi.

M. de Drucourt sort de chez moi; tout ce qu'il m'a dit est énigmatique; tout ce que j'ai pu comprendre, c'est qu'il est lié avec MM. Liers, d'Espréménil et de Bonnay. Ces messieurs sont de zélés serviteurs de votre majesté; mais leur zèle ne peut-il pas être inconsidéré? Il demande 70,000 livres, qu'il rendra dans un mois, si votre majesté n'approuve point l'emploi qu'il en aura fait. Je l'ai quitté en lui disant que je rendrais compte de sa demande à votre majesté. J'ai su de lui qu'il s'était présenté chez M. de Septeuil ; c'est un homme qui, sous un extérieur en apparence tranquille, cache une tête fort chaude: c'est un de ces serviteurs de votre majesté qui donneraient tout leur sang pour elle. J'ai reçu cet après-midi le billet de M. Duquesnoy; je rendrai

compte à votre majesté de la note que je lui ai fait passer. Merlin. Je demande que l'assemblée ordonne sur-le-champ que Duquesnoy, maire de Nancy, sera mis en état d'arrestation Cette proposition est décrétée.

Rhul fait lecture de deux autres pièces. La première, dų cidevant roi à Bonnal, l'ancien évêque de Clermont, sur la question de savoir s'il pouvait faire ses Pâques. La seconde est la réponse de Bonnal, contenant le résultat d'une consultation d'évêques d'une discrétion reconnue.

Lettre de Louis XVI à M. l'évêque de Clermont, sans dale et écrite en entier de sa main.

Jeviens, monsieur l'évêque, m'adresser à vous avec confiance, comme à une des personnes du clergé qui a montré constamment le zèle le plus éclairé pour la religion. C'est pour mes Pâques que je viens vous consulter ; je voudrais les faire dans la quinzaine. Vous connaissez le triste cas où je me trouve par la malheureuse acceptation des décrets sur le clergé. J'ai toujours regardé cette acceptation comme forcée, étant fermement résolu, si je venais à recouvrer ma puissance, à rétablir le culte catholique. Les prêtres que j'ai vus pensent que je puis faire mes Pâques; je vous prie de voir les évêques que vous jugerez à propos, et de me renvoyer ma lettre avec votre réponse. »

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Il me faudrait, répond Bonnal, pour prononcer sur cette importante question, toutes les lumières et la grace du Très-Haut. J'ai consulté les évêques les plus distingués, ils sont tous d'avis que votre majesté doit s'abstenir d'approcher de la sainte table; car enfin elle ne pourra, que par un grand nombre d'œuvres méritoires, se laver aux yeux de Dieu d'avoir concouru à cette révolution. Je sais bien qu'elle a été entraînée par des circonstances irrésistibles; mais ses fidèles sujets auront à lui reprocher encore longtemps d'avoir sanctionné des décrets destructifs de la religion, etc. ›

L'assemblée ordonne l'impression des différentes pièces de ce

rapport.

T. XXI.

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Rhul. Votre commission extraordinaire vient à l'instant de trouver dans les papiers de Dufresne Saint-Léon uue note qu'elle croit devoir vous lire. Elle n'est pas datée, mais elle se rapporte, comme vous allez le voir, à l'époque du 10 août.

« Imaginez-vous que ce matin, avant d'aller à l'assemblée, la reine a arraché de la ceinture de M. L. H. un pistolet qu'elle remit au roi avec fureur, en lui disant : Voici, monsieur, le moment de vous montrer; mais la bûche ne répondit rien. (Ceci soit dit entre nous.) »

N... Dans plusieurs des pièces qui vous ont été lues, Mirabeau est compromis. Trop long-temps le peuple s'est créé des idoles pour les encenser. Mirabeau était un traître; le ciel en a fait justice. Je demande que le sanctuaire de la loi ne soit plus souillé par l'image d'un homme que vous décréteriez d'accusation s'il existait. Je demande en outre que ses cendres soient tirées du Panthéon, et qu'à l'avenir ces honneurs ne puissent être déférés, aux hommes qui paraîtront avoir bien mérité de la patrie, que dix ans après leur mort. (Applaudissemens.)

Manuel. Citoyens, Mirabeau a dit lui-même dans cette tribune qu'il n'y avait pas lon du Capitole au mont Tarpeïen; et quand il l'a dit, il ne parlait que des vivans, car il ne pensait pas qu'un jour on proposerait de faire descendre le bourreau dans les tombes pour flétrir les cendres des morts. Je ne suis point ici l'apologiste de Mirabeau, mais j'observe qu'il n'est pas jugé. Il n'est qu'accusé, et il doit avoir les mêmes droits qu'il aurait eus de son vivant. S'il vivait encore vous l'entendriez: il faut donc lui nommer un défenseur officieux. Dans un moment où nous nous pressons de détruire les rois, ne nous pressons pas autant de détruire les statues de ceux qui ont contribué autant que Mirabeau à notre révolution. Je n'entrerai pas en ce moment dans le détail des services qu'il lui a rendus. Mettez, si vous le voulez, sa mémoire en état d'arrestation; mais ne le condamnez pas sans l'entendre. Je demande qu'un comité soit spécialement chargé de l'examen de sa vie.

Desmoulins. J'interpelle Pétion : j'allai le voir quelques jours

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