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accessible, au public qui s'occupe du développement des sciences naturelles, un sujet auquel j'ai consacré toute mon activité pendant un grand nombre d'années et sur lequel les progrès obtenus par les nouveaux moyens d'observation, ont, dans ces derniers temps, apporté bien des changements essentiels à nos connaissances.

Je n'ai point l'intention de fournir au public un ouvrage destiné à une simple lecture et à une distraction passagère. Supposant que le lecteur poursuit un but plus sérieux, je chercherai à expliquer toute cette partie de la géologie, avec la précision scientifique nécessaire, mais dans un langage que toutes les personnes instruites puissent comprendre.

Comme je ne pouvais supposer que tous mes lecteurs fussent familiers avec les diverses sciences auxiliaires de la géologie, je n'ai pu donner à toutes les parties de mon sujet l'extension qu'exigeait leur importance. Je ne crois pas cependant avoir dépassé la limite permise, même dans la description pétrographique des laves et des réactions chimiques qui les produisent : je crois toutefois avoir relaté tous les faits essentiels qui sont si nécessaires pour comprendre exactement le volcanisme.

Je me suis toujours placé à un point de vue aussi réaliste que possible. J'ai rarement parlé d'hypothèses et, dans ce cas, j'ai toujours séparé avec soin les faits scientifiques constatés des hypothèses qui reposent sur une plus ou moins grande probabilité. Les phénomènes volcaniques ont toujours été le terrain où l'hypothèse géologique prenait le mieux toutes ses aises, et où les descriptions, surtout les descriptions populaires, offraient à l'imagination le champ le plus illimité.

Afin de ne pas interrompre la marche de l'exposition, j'ai dù me borner à la citation d'un petit nombre d'exemples

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pour expliquer les volcans: le lecteur n'est donc pas suffisamment renseigné sur tous les faits. C'est pour ce motif que j'ai cru nécessaire de donner une description géographique des volcans, tout à fait indépendante de l'exposition des phénomènes, et d'en faire le sujet d'un livre particulier. Ce livre, sous une forme abrégée, comprend probablement l'énumération la plus complète des volcans, et tient compte de toutes les découvertes et de tous les événements récents. Le lecteur a donc la possibilité de s'instruire sur les faits qui lui paraissent intéressants, ou de se servir de ce livre pour faire des recherches.

Puisse cet ouvrage atteindre le but que je me suis proposé! C'est par la forme de l'exposition que j'ai essayé de rendre l'étude des volcans accessible à toutes les personnes instruites, et je pense en même temps avoir fourni, pour le fond, un ouvrage utile au cercle plus restreint de mes confrères en géologie.

K. FUCHS.

VOLCANS

ET

TREMBLEMENTS DE TERRE

INTRODUCTION

C'est pour nous conformer au langage ordinaire que nous réunissons sous le nom de phénomènes volcaniques, les volcans proprement dits, les tremblements de terre, les volcans boueux et les geysers.

La géologie d'autrefois avait déjà considéré ces phénomènes naturels comme étant simplement des réactions de la matière ignée et fluide de l'intérieur du globe contre la croûte terrestre consolidée; par conséquent elle avait non-seulement signalé l'étroite parenté qui relie ces phénomènes entre eux, mais elle avait aussi exprimé en même temps sa croyance à une même cause productrice de tous ces phénomènes. La tendance de la science à envisager la multiplicité des phénomènes volcaniques à un point de vue élevé, et à simplifier ainsi l'étude de la nature, semblait avoir reçu sa complète expression, et cependant cette hypothèse explicative avait précédé de beaucoup les recherches exactes de la science. A l'époque où l'on imagina cette théorie, on connaissait à peine l'histoire de quelques éruptions volcaniques remarquables et l'on n'avait que de bien minces notions géographiques sur la distribution des volcans. Nous ne pouvons plus, dans l'état actuel de la science, donner des volcans, des tremblements de terre et des geysers, une explication aussi simple ni aussi attrayante que celle qui a été formulée plus haut; nous ne pouvons même plus, comme on le faisait autrefois, admettre des relations aussi intimes

FUCHS.

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entre ces divers phénomènes naturels. Nos connaissances scientifiques actuelles nous apprennent en effet que les phénomènes compris sous le nom de phénomènes volcaniques ne sont pas, comme on l'admettait naguère, des effets divers d'une cause fondamentale unique, mais que ce sont, au contraire, le plus souvent, des effets semblables produits par des causes trèsdiverses.

C'est surtout dans les tremblements de terre que ce fait apparaît de la manière la plus nette et la plus étonnante. Les manifestations des tremblements de terre sont tellement identiques (lorsqu'on fait abstraction de leur violence respective et des effets produits), que l'on est facilement amené à considérer tous les tremblements de terre comme étant les effets d'une même cause; et cependant ces phénomènes sont produits par des causes extraordinairement variables.

Un certain nombre de tremblements de terre n'ont pas la moindre relation avec les volcans, tandis qu'un certain nombre d'autres sont entièrement sous la dépendance de l'activité volcanique. Ces deux classes de tremblements de terre ne se laissent distinguer par aucun caractère extérieur remarquable. C'est ainsi que, malgré des différences partielles intimes, nous sommes obligés d'admettre une liaison nécessaire et inséparable entre les phénomènes volcaniques, et ce n'est qu'en étudiant, à tous les points de vue, tout ce groupe de phénomènes que l'on peut parvenir à la connaissance complète de chaque phénomène isolé.

Tous les phénomènes volcaniques présentent certains caractères communs : d'abord, leur origine, située dans les profondeurs insondables de l'intérieur du globe terrestre, puis une certaine violence dans leurs manifestations. C'est à ces deux caractères surtout qu'est dû le vif intérêt que ces phénomènes excitent en nous. Ce sont, sans contredit, les phénomènes les plus grandioses de la nature, ceux qui doivent produire l'impression la plus vive sur notre esprit. L'homme se voit exposé, impuissant, aux forces destructives de la nature qui fondent à l'improviste sur lui et qu'il ne peut maîtriser malgré tous les efforts de sa puissance intellectuelle. Mais ces épouvantables phénomènes sont marqués d'une beauté si sublime et d'une grandeur si imposante qu'il ne peut se refuser à les contempler avec admiration. Des tableaux riches de coloris et de contrastes comme celui que nous offre le volcan Erèbe qui, au milieu du désert liquide de la mer polaire du Sud, s'élève à plus de douze mille pieds de hauteur et, dont les torrents de lave incandes

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