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cavités et forme ainsi de petits lacs; dans d'autres Maars, le sol est recouvert par de la tourbe; d'autres enfin présentent un fond complétement sec. (Fig. 2 et 3.)

Les plus connus des Maars de l'Eifel sont : le Pulvermaar, l'Ulmermaar, les Maars de Daun, de Meerfelden, etc. On peut encore considérer comme de vrais Maars les petits lacs connus sous le nom de gouffre de Tazenat, lac de la Godivel et lac de Pavin, situés dans la France centrale, et les beaux lacs d'Albano et de Nemi, situés sur les montagnes d'Albano, près de Rome. Les Maars sont surtout très-nombreux à Java, autour des volcans de Lamongang et de Salak, puis dans la NouvelleZélande et aux îles Canaries.

On n'a pas encore eu, jusqu'ici, l'occasion d'observer le mode de formation d'un Maar. De toutes les hypothèses émises à l'effet d'expliquer ce curieux phénomène, la plus plausible est

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Fig. 2 et 3.1. Schiste argileux. 2. Couches de tuf ancien. 3. Couches de tuf récent. 4. Eau. celle qui attribue la formation des Maars à des effondrements du sol produits par l'écroulement de cavernes souterraines. Dans une contrée où des masses aussi considérables de roches fondues sont rejetées de la terre par l'action volcanique, il peut très-bien se former, sous la surface, des excavations dont le plafond s'écroule plus tard, pour donner ainsi naissance à des Maars. Il est tout aussi facile de comprendre que ces Maars, une fois formés, peuvent se convertir en un véritable cratère, car les produits volcaniques éruptifs se font jour avec plus de facilité dans un endroit où il existe déjà une excavation. Il pourra donc s'accumuler autour du Maar un bourrelet de débris de roches non volcaniques, puis du tuf et enfin un cône de scories jusqu'à ce que le Maar se soit transformé en cratère véritable.

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Parmi les Maars qui sont devenus plus tard des cratères actifs, il faut citer le lac de Laach, si remarquable par ses beautés pittoresques. Ce lac présente une surface ovale d'environ 9 kilomètres carrés. Ses bords escarpés sont constitués par du schiste argileux devonien et par de l'argile à lignites de l'époque tertiaire. Au-dessus de ces roches, on rencontre, en divers endroits, des couches de tuf et de scories mélangées avec d'autres roches

volcaniques remarquables par leur richesse minéralogique. Le Vandama, dans l'île de Gran-Canaria, se rapproche du plus grand des Maars, le lac de Laach, par son étendue, puisque le diamètre de ce lac est de 3750 mètres. Le Pupakisee, dans la Nouvelle-Zélande, présente cet état intermédiaire entre le Maar et le cratère que le lac de Laach et le Vandama nous ont déjà présenté. Il est situé au centre d'un grand nombre de petits Maars véritables et est entouré d'un cône de tuf d'environ 30 mètres d'élévation.

On connaît encore beaucoup d'autres districts où l'action volcanique semble s'être épuisée par la formation d'un grand nombre de volcans, comme dans l'Eifel, en Auvergne et dans la Campagne romaine, et où chacun de ces volcans est resté à la première période de sa formation. Dans toutes les contrées volcaniques étendues où se trouvent des montagnes élevées, on rencontre, à côté de ces grandes montagnes, des cônes isolés et à l'état le plus simple.

Le même cratère peut donner naissance, après des intervalles plus ou moins longs, à des éruptions répétées. Chacune de ces éruptions rejette de nouvelles laves et de nouvelles masses de scories et de cendres qui se superposent couche par couche, en alternant un grand nombre de fois, et finissent par transformer le petit cône primitif en une montagne élevée. La hauteur et la circonférence d'une montagne volcanique peuvent donc, jusqu'à un certain point, témoigner de l'activité prolongée du volcan ou de la violence de ses éruptions.

Le tableau suivant nous donne la hauteur des volcans les plus

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Les chiffres contenus dans ce tableau ne peuvent nous donner exactement la mesure de l'importance des volcans. Ils expriment en effet la hauteur du sommet de la montagne au-dessus du niveau de la mer, mais ils ne nous disent pas si la base du cône éruptif est située sur un haut plateau ou sur une montagne non volcanique. On comprend facilement que pour juger de l'importance d'un volcan, son altitude relative, c'est-à-dire la hauteur comprise entre sa base et son sommet a seule quelque importance. Malheureusement nous ne possédons qu'un trèspetit nombre de mensurations exactes de ce genre et cependant le rang relatif des volcans devient tout différent par ces mensurations, comme on peut s'en assurer en jetant les yeux sur cet autre tableau :

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Les puissantes montagnes volcaniques des Andes qui atteignent près de 7,000 mètres d'altitude n'occupent donc pas, d'après ces calculs, le premier rang parmi les volcans. Le plus haut des volcans est au contraire le Kliutshewskaja Sopka, dans le Kamtschatka, qui s'élève, sur le bord de la mer, à une altitude de 5,014 mètres et est entièrement composé de matériaux volcaniques. L'Etna est aussi un des volcans les plus puissants. Libre de tous côtés, il s'élève à une hauteur de 3,400 mètres; il dépasse ainsi tout le fouillis des montagnes siciliennes et semble dominer toute l'île. Sa base repose sur cette côte favorisée où la végétation la plus luxuriante s'épanouit, même en hiver, et son sommet se dresse dans ces régions froides d'où la glace et la neige ne disparaissent jamais. Cette hauteur colossale, si riche en contrastes, peut être embrassée

d'un seul coup d'œil lorsqu'on est en mer, et il n'existe peut-être pas sur la terre une autre montagne d'un aspect aussi imposant.

Il est facile de concevoir, d'après la façon dont nous avons expliqué la structure de ces montagnes, que les volcans en activité depuis des milliers d'années, auraient peu à peu formé des montagnes d'une hauteur incommensurable, si de temps en temps ils n'avaient détruit en partie leur ouvrage de plusieurs siècles.

En général, une activité volcanique modérée et égale augmente la hauteur des montagnes, parce que les produits éruptifs solides s'accumulent à leur sommet et sur leurs flancs. Mais les volcans qui se font remarquer par des alternatives de repos et d'éruptions puissantes, détruisent souvent partiellement et bouleversent la structure régulière de la montagne. Dans ces cas, le canal d'éruption (la cheminée volcanique) se bouche habituellement pendant la période de repos, de telle sorte que les vapeurs ne peuvent pas s'échapper lorsqu'une éruption se prépare. Elles s'accumulent donc dans les profondeurs de la terre jusqu'à ce que leur force devienne assez considérable pour vaincre l'obstacle qui s'oppose à leur sortie. Elles s'échappent alors, dans une explosion terrible, en projetant dans l'air la masse rocheuse qui les surmontait.

C'est pour ce motif que la hauteur d'un volcan à activité irrégulière est sujette à des oscillations. Le Vésuve nous fournit le meilleur exemple de ce genre. Le cône actuel, qui est en activité depuis les temps historiques, est, tantôt plus, tantôt moins élevé que les restes du cratère préhistorique connu sous le nom de Somma. Pendant ce siècle, en 1832, il avait 1,170 mètrès (Hoffmann), sa moindre élévation; il s'éleva en 1855 à 1,318 mètres (Schiavone) et retomba vers la fin de l'éruption à 1,267 mètres (J. Schmidt). En novembre 1867 il atteignit la plus grande hauteur qu'il ait jamais possédée, 1,424 mètres (Schiaparelli), mais qu'il n'a point conservée non plus.

Cependant on connaît des exemples de changements bien plus considérables que ceux du Vésuve. En 1845 l'Hekla s'abaissa de 170 mètres, à la suite d'une éruption. On rencontrait autrefois dans l'île de Timor un volcan dont l'activité était presque continue, mais qui fut complétement détruit à la suite d'une éruption, en 1638. La cavité qui en résulta est actuellement occupée par un lac. Le Tumboro, situé dans l'ile de Sumbava et qui a 2,830 mètres de hauteur, avait, dit-on, avant la grande éruption de 1815, l'une des plus formidables que nous connaissions, plus de 1,300 mètres de plus, Cette catastrophe

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a donc détruit une masse aussi considérable que la plus haute des montagnes du Schwarzwalp (ou des Vosges).

FORME ET CONFIGURATION DES VOLCANS.

Lorsqu'on déverse sur le sol des matières désagrégées telles que du sable, du gravier, de la terre, etc., ces matières forment des accumulations coniques. C'est pour ce motif que la forme conique est la forme naturelle et caractéristique des volcans. Chez les petits volcans on la rencontre presque exclusivement, mais on la trouve aussi, fréquemment, avec une

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régularité remarquable, chez des volcans élevés et puissants, et cette forme fait souvent reconnaître de loin la nature volcanique d'une montagne. Charmé par la beauté et l'aspect insolite qu'offre la forme conique régulière du Cotopaxi, Alexandre de Humboldt a donné autrefois une brillante description de cette montagne et a ainsi vulgarisé le nom de ce volcan. Le Pichincha, le Pic d'Orizaba (fig. 4.), Kasbeck, etc., malgré leur hauteur considérable, fournissent d'autres exemples de volcans à forme conique régulière.

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