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petit cône de tuf siliceux. L'eau élevée constamment par les vapeurs s'écoule sans cesse par-dessus le cône et l'agrandit; l'ouverture centrale seule persiste et s'allonge peu à peu en un tuyau.

Plus le cône siliceux s'élève, plus le tuyau d'écoulement devient long, et sa partie supérieure finit par s'élargir et par former un bassin cratériforme. A cette époque du développement, le cône renferme un bassin de tuf siliceux d'un beau blanc rempli d'une eau bouillante et transparente comme du cristal : mais comme, au lieu d'une ouverture étroite, il y a une surface très-large, la vaporisation et le refroidissement de l'eau y deviennent très-apparents.

L'eau du bassin est toujours chauffée à la base et refroidie au contraire à la partie supérieure: l'échauffement et le refroidissement sont dans une lutte continuelle pour amener soit une élévation, soit un abaissement de la température de l'eau.

Lorsque le bassin devient assez large et assez profond, il arrive un temps où la masse d'eau n'est plus sans cesse en ébullition, et pendant lequel les couches les plus profondes arrivent, par la pression qu'elles supportent, à une température de plus de 100° C., tandis que les couches de la surface sont ordinairement au-dessous de 100° et n'arrivent que peu à peu à une température rapprochée de celle de l'ébullition. C'est à cette époque que les phénomènes des geysers se dessinent de la manière décrite plus haut.

La source reste alors pendant quelque temps active comme geyser. Mais l'agrandissement du cône et du bassin fait des progrès continus, et alors le refroidissement de la surface augmente et les conditions de température nécessaires à une nouvelle éruption ne se présentent plus qu'à des intervalles de plus en plus longs.

Le bassin finit par devenir tellement grand que le refroidissement à la surface devient prépondérant, les éruptions cessent et il ne reste plus qu'un bassin rempli d'eau chaude, mais dont la température est toujours au-dessous du point d'ébullition. Le bassin est rempli d'eau claire, d'un bleu foncé, calme et donnant naissance à de légères vapeurs : sur le fond on aperçoit, au milieu de formes fantastiques de tuf siliceux, les sombres contours d'une ouverture, la bouche du geyser d'autrefois, qui se perd dans une profondeur inconnue.

Dans les districts riches en geysers, on rencontre le plus sou13

FUCHS.

vent les unes près des autres toutes ces formes du développement des sources chaudes.

La chaleur volcanique échauffe l'eau dans les profondeurs du sol et la rend apte à dissoudre de la silice : la source s'élève toute bouillante. Ces sources deviennent avec le temps des geysers qui se transforment graduellement en un bassin rempli d'eau chaude. De même que, par la création de cònes de tuf siliceux, les sources se transforment en geysers, de même aussi leur propre activité leur fait perdre les propriétés des geysers. Lorsque, au bout d'un certain temps, elles bouchent elles-mêmes leur orifice d'écoulement, l'eau refoulée ou retenue dans la terre finit par se faire jour en un autre endroit et débute de nouveau comme source thermale, pour se transformer dans la suite en nouveau geyser.

LIVRE CINQUIÈME

GÉOGRAPHIE DES VOLCANS.

EUROPE.

Toute la région boréale du continent européen manque de volcans. La région moyenne ne contient elle-même que des volcans éteints, et le petit nombre de volcans actifs que l'on connaît dans ce continent se trouvent tous dans ses parties les plus méridionales.

ALLEMAGNE.

L'Allemagne est divisée dans son milieu, dans la direction de l'Ouest à l'Est, par un terrain qui contient des formations basaltiques et trachytiques extrêmement développées. C'est ainsi que les basaltes et les trachytes du Rhin se relient à ceux du Habichtswald, du Westerwald, de la région du Main, de la Rhoen, du Fichtelgebirge et, plus loin, à ceux de la Bohême. On rencontre, dans toute cette étendue, des sources nombreuses remarquables, les unes par leur température élevée et constituant des eaux thermales, les autres par leur teneur en acide carbonique et constituant par conséquent des eaux acidulées gazeuses. Par ces propriétés, c'est-à-dire par leur température ou par leur teneur en acide carbonique, ces eaux sont aptes à dissoudre une foule de substances qu'elles rencontrent dans leur parcours souterrain et deviennent ainsi des sources minérales d'une grande valeur. La plupart de nos bains les plus renommés ne se trouvent-ils pas dans cette région? Et l'on y trouve encore des centaines de sources inusitées jusqu'ici, et dans beaucoup d'endroits même, on voit surgir du sol des sources abondantes d'acide carbonique.

Ce n'est cependant qu'aux deux extrémités de cette région que l'on rencontre de véritables volcans avec des cratères visibles et des torrents de lave; ce sont toutefois des volcans éteints et préhistoriques. Ils se trouvent, à l'Ouest, dans le district de l'Eifel et, à l'Est, en Bohême. Il n'en existe pas plus au nord dans l'Europe continentale.

L'EIFEL.

Les volcans de l'Eifel sont situés dans le grand territoire de la formation dévonienne rhénane, qui se compose principalement de couches fortement redressées de schistes argileux et de grauwacke. De distance en distance on rencontre quelquefois sur ces couches du grès bigarré assez horizontal ou de l'argile tertiaire renfermant des lignites.

Ces couches sédimentaires ont été traversées par les roches volcaniques. Les vrais volcans se trouvent en relation trèsétroite avec les basaltes et les trachytes non-seulement au point de vue géographique mais encore au point de vue chronologique.

Dans ces contrées, les roches ignées les plus anciennes sont les basaltes qui s'étendent depuis le Siebengebirg jusqu'à l'Eifel, en suivant le bord du district volcanique sans y pénétrer. Puis viennent les cônes phonolithiques qui sont un peu plus récents que le basalte et qui pénètrent plus avant dans le district volcanique on rencontre même en certains endroits des phonolithes mélangées à des produits volcaniques proprement dits.

Les volcans paraissent être ainsi la dernière expression de l'activité volcanique qui a régné, pendant la période tertiaire, dans cette région de l'Allemagne moyenne.

La formation des roches volcaniques commença vers le milieu de la période tertiaire, probablement pendant l'Oligocène, tandis que les vrais volcans n'entrèrent en activité que beaucoup plus tard, et lorsque les laves récentes s'écoulèrent la surface de la contrée possédait déjà sa configuration actuelle.

Les vrais volcans se divisent en deux groupes : celui de l'Eifel et celui des environs du lac de Laach. Ce dernier groupe s'étend principalement sur les bassins de la Nette et du Brohlthal. Du côté sud ce groupe touche en un seul point la rive gauche de la Moselle, mais les produits éruptifs désagrégés, comme le tuf et la ponce, se sont étendus bien plus loin et ont recouvert partiel

lement les couches sédimentaires jusqu'à Boppard au Rhin et même beaucoup plus loin le long de la rive droite de ce fleuve.

Le premier groupe, celui de l'Eifel, est traversé par l'Uess, la Lieser et le Kyll. Près des confluents de la Nette, on rencontre les montagnes les plus boréales de la haute Eifel, le Niveligsberg et le maar de Boos, qui relient le groupe de l'Eifel à celui du lac de Lach.

Cette région rhénane est d'une grande importance pour l'étude des volcans, puisqu'on y rencontre le premier état de leur développement. Ces montagnes s'y présentent avec une grande simplicité de formes et de produits, quoique cependant les substances minérales rares qui s'y rencontrent offrent au minéralogiste une grande variété d'espèces.

Les volcans de l'Eifel sont surtout très-simples et ont été, à peu d'exceptions près, produits par une seule éruption. Les volcans du lac de Laach font voir un progrès dans l'activité volcanique, car des éruptions récentes avec d'autres produits y ont recouvert les produits anciens correspondant à ceux de l'Eifel.

On rencontre dans l'Eifel plus de trente cratères dont quelques-uns sont cependant incomplétement conservés. Dans l'Eifel antérieure ils forment une chaîne assez caractérisée, partant de Bertrich et se dirigeant vers le Nord-Ouest.

Les volcans suivants méritent une mention spéciale soit à cause de leur taille, soit à cause de leur parfaite conservation.

Le Mosenberg près de Bettenfeld, constitué par un cône éruptif considérable sur lequel on trouve plusieurs cratères disposés en ligne de l'ouest à l'est. Deux de ces cratères n'ont produit que des scories et de la cendre, mais le cratère le plus oriental a émis un grand courant de lave.

Le Firmerich, près de Daun, beau volcan à cratère bien conservé et présentant un courant de lave dirigé vers le nord. On peut parfaitement bien constater sur cette montagne que l'éruption s'est faite à travers les anciennes couches sédimentaires sans les soulever.

Le Rodderkopf, près d'Oberbeltingen, dans le terrain du grès bigarré, a épanché une lave basaltique; il est entouré de tufs renfermant des fragments de grès bigarré.

Le volcan de Gerolstein avec un des plus beaux cratères de la région et avec un courant de lave sorti de la pente nordouest de la montagne.

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