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Cet état de solfatare temporaire se remarque sur la plupart des volcans actifs, et il ne semble être qu'un intervalle de repos, pendant lequel les forces du volcan se rassemblent pour éclater de nouveau dans toute leur puissance.

Mais l'état de solfatare peut tout aussi bien servir de transition à l'état d'inactivité. Dans ce cas, il est un signe de l'extinction définitive des réactions volcaniques, et cet état diminue alors lui-même d'énergie jusqu'à ce que la montagne par sa forme et par les matériaux dont elle est composée, indique seule les événements du passé.

Puisque l'activité d'une solfatare ne consiste que dans la production de gaz et de vapeurs, et que la quantité de ces produits dépend d'influences secondaires et de circonstances locales, on ne peut estimer la plus ou moins grande énergie des solfatares, que par la nature chimique des gaz des fumeroles.

Parmi ces substances il faut surtout considérer les suivantes : 1o La vapeur d'eau, qui dépasse en quantité toutes les autres substances réunies.

2o L'acide carbonique, qui ne se laisse pas facilement distinguer dans un mélange gazeux et qui, malgré sa grande abondance, ne peut être reconnu que par l'analyse chimique. Si cependant ce gaz sort avec de l'eau, on le reconnaît, comme dans les boissons gazeuses (eau de Seltz, champagne, bière, etc.), par les bulles de gaz qui s'échappent du liquide.

3o Gaz hydrogène sulfuré. L'odeur, déjà mentionnée, d'œufs pourris trahit sa présence, même quand il est en proportion

minime.

4° Acide sulfureux. Tout le monde connaît ce gaz à l'odeur âcre et piquante qu'il répand quand on lui donne naissance en brûlant du soufre.

5° Sel ammoniac, chlorure ferrique, combinaisons sulfurées de l'arsenic, acide borique, chlorure de cuivre. Ces substances sont accidentelles et manquent complétement ou partiellement dans certains volcans, mais elles sont principalement la cause des dépôts bigarrés qui se présentent d'une manière si remarquable autour des fumeroles.

Tant que les solfatares développent toute leur activité, les substances dénommées dans ces divers groupes, s'échappent sous forme de gaz ou de vapeurs. Mais en se mélangeant elles produisent un grand nombre de réactions chimiques, qui forment de nouvelles combinaisons, dont les unes se perdent dans l'air sous forme gazeuse, tandis que les autres se subli

ment de diverses manières et donnent naissance aux minéraux variés qui se déposent à la surface des roches, au voisinage des fumeroles. Le contact des deux gaz sulfurés, l'acide sulfhydrique et l'acide sulfureux, donne lieu surtout à une décomposition très-vive qui amène le dépôt du soufre qu'ils contiennent. La production de masses considérables de soufre constitue, par conséquent, un des signes les plus caractéristiques du degré d'activité des solfatares. Dans beaucoup de pays la consommation totale du soufre est entièrement couverte par la production nouvelle des volcans. Quelques volcans d'Arabie, entre autres le Dufan, se font remarquer sous ce rapport, aussi bien que le Patuha, à Java, et la solfatare de Krisuvik, en Islande.

Lorsque l'activité des solfatares sert de transition à l'inactivité volcanique, les petites proportions de composés chimiques, que nous avons énumérés dans le 5° groupe, disparaissent, ainsi que l'acide sulfureux. La formation du soufre est donc considérablement diminuée quoique l'acide sulfhydrique, qui se développe en grande quantité, donne encore lieu à quelques dépôts.

A ce degré d'énergie, l'activité de la solfatare peut encore se prolonger longtemps, jusqu'à ce qu'enfin l'extinction graduelle fasse de nouveaux progrès.

Ces nouveaux progrès vers l'inactivité absolue consistent dans la disparition du gaz sulfhydrique des fumeroles. Il n'y a plus alors que des vapeurs d'eau et de l'acide carbonique qui se dégagent. L'acide carbonique est mélangé à la vapeur d'eau, ou bien il se dégage seul à travers de nombreuses et étroites fissures et disparaît, inaperçu, dans l'air.

Le dernier degré d'activité est marqué par un abaissement si considérable de température que l'eau n'est plus réduite en vapeur. L'acide carbonique persiste en dernier lieu : il se développe encore sous forme de gaz, soit sur la montagne même, soit surtout à sa base; ou bien il se mélange à l'eau et donne naissance à des sources acidules chaudes ou froides. La montagne est depuis longtemps inactive et pour ainsi dire morte; le souvenir même de sa puissance antérieure s'est effacé; mais, pendant de longs siècles, le sol prodigue ses thermes salutaires ou ses rafraîchissantes eaux gazeuses. C'est à la nature volcanique du sol que l'Eifel rhénane et le district du lac de Laach doivent leur richesse en sources de cette nature, et les thermes renommés de l'île d'Ischia ainsi que les sources chaudes de Baja et de Pouzzoles, déjà si renom

mées sous les Romains, sont les derniers restes de volcans qui, il y a plusieurs milliers d'années, exerçaient là leur activité.

Comme l'eau chaude et l'eau chargée d'acide carbonique possèdent un pouvoir dissolvant beaucoup plus grand que l'eau pure et froide, ces sources volcaniques dissolvent les substances les plus variées contenues dans le sol, et surtout les sels déposés entre les roches par l'effet de l'activité volcanique. C'est pour ce motif que les contrées volcaniques possèdent un si grand nombre de sources minérales puissantes et variées.

Les solfatares permanentes nous paraissent invariables dans leur action. La chimie moderne y a cependant découvert de légères variations, des augmentations ou des diminutions dans leur activité, marquées par le nombre des fumeroles et par les changements que subissent leurs produits.

Dans la solfatare de Pouzzoles, il y a des fumeroles qui ne produisent que de la vapeur d'eau et de l'acide carbonique; cependant les dépôts de soufre qui les entourent, prouvent la présence antérieure de l'acide sulfhydrique. La température aussi bien que la quantité de gaz varient en peu de jours dans les grandes fumeroles, car quelquefois l'acide sulfureux disparaît dans le mélange d'acide sulfhydrique, tandis que souvent il y apparaît en grande abondance avec d'autres substances moins remarquables. On peut même observer de petites différences dans la composition chimique et dans la température des sources minérales situées à la base de la montagne. On eût certainement observé les mêmes faits dans d'autres solfatares, si on les avait soumises à des investigations aussi profondes que les volcans d'Italie, si favorisés par leur situation et par la beauté des sites qui les entourent.

La quantité de vapeurs qu'une solfatare émet continuellement, est vraiment prodigieuse. Les fumeroles isolées en produisent même en abondance.

Les bergers de Pantelaria, île très-pauvre en sources, ont l'habitude de mettre des fagots de broussailles devant les fumeroles, pour que les vapeurs qui les traversent lentement s'y rafraîchissent et s'y condensent en eau. Ils obtiennent ainsi la quantité d'eau nécessaire pour abreuver leurs troupeaux.

Plusieurs centaines de fumeroles peuvent ainsi se produire dans une seule solfatare et rester actives jour et nuit, et pendant plusieurs milliers d'années. Il faut par conséquent des quantités prodigieuses d'eau pour cet effet, et c'est la consom

mation d'eau qui constitue une partie essentielle de l'activité des solfatares. A des degrés plus élevés d'activité volcanique, les fumeroles augmentent dans la même proportion que les autres phénomènes.

VOLCANS ACTIFS.

Les solfatares qui, pendant des siècles, émettent des vapeurs et des gaz et donnent naissance à des dépôts de minéraux, ne peuvent point être considérées comme des effets ultérieurs d'éruptions précédentes. Elles attestent, par leurs produits variables, qui indiquent un accroissement ou une diminution dans l'activité, qu'elles sont le résultat d'une action volcanique continuée, quoique faible. On comprend cependant sous le nom d'activité volcanique, un second degré d'activité beaucoup plus énergique et caractérisé par la présence de roches incandescentes.

On rencontre habituellement un grand nombre de fumeroles sur la pente extérieure des volcans actifs, en sorte que l'activité solfatarique est fortement développée, même en dehors du cratère, et augmente de plus en plus, en se rapprochant du centre de l'activité volcanique.

Un développement prodigieux de vapeurs se fait au centre du cratère. Tout son bassin est fréquemment rempli de vapeurs qui empêchent d'en voir le fond. Ces masses de vapeurs s'élèvent en nuages denses au-dessus du sommet de la montagne, et annoncent au loin le degré d'énergie du volcan. Ces vapeurs sont mélangées avec de si grandes proportions de gaz délétères et asphyxiants, surtout de gaz sulfhydrique et d'acide sulfureux, que l'approche du centre de l'activité est rendu difficile et que l'examen des phénomènes qui s'y passent est parfois impossible. Quelquefois seulement, on peut réussir à jeter un regard sur les phénomènes qui se produisent dans l'intérieur du cratère, lorsque le vent chasse les vapeurs d'un côté, ou pendant de courtes interruptions dans leur production.

On reconnaît alors que les puissantes masses de nuages qui s'élèvent du cratère, ne sortent pas d'une grande ouverture mais qu'elles sont produites par des centaines de fumeroles, situées au fond et sur les parois du bassin cratérique, et qu'elles s'échappent même de la lave incandescente qui remplit la cheminée. Tous ces minces mais nombreux jets de vapeurs se réunissent seulement au-dessus du fond du cratère en un

immense nuage. Ils sont expulsés avec une telle force, que chaque fumerole en particulier produit un sifflement bruyant. Ces sifflements se confondent en un vacarme considérable, qui ne peut être comparé qu'au bruit d'une centaine de machines à vapeur mises simultanément en activité.

Les vapeurs qui s'échappent de la lave la font bouillonner et en détachent, avec un bruit sourd, des fragments qui sont lancés en l'air sous forme des scories incandescentes. Ces fragments retombent en majeure partie dans le cratère; les autres se précipitent pétillants, sur les flancs de la montagne, et renforcent ainsi le fracas confus et composé de tant de sons variés, que l'on entend pendant l'éruption.

Quand la lave apparaît, la cheminée volcanique, dont l'embouchure se trouve sur le sol du cratère et constitue la liaison entre le foyer volcanique et la surface du sol, est ouverte; tandis que, lorsque le volcan est éteint ou qu'il est à l'état de solfatare, elle est bouchée et ne peut être reconnue. La lave y est soulevée par des vapeurs et peut être visible au fond du cratère, dans des circonstances favorables, sous forme d'une masse incandescente portée au blanc. Elle s'élève lentement en se gonflant, jusqu'à ce que, tout à coup, une masse nuageuse dense et blanche s'en détache avec un bruit sourd ou décrépitant et se réunisse aux nuées de vapeurs des fumeroles. La lave s'affaisse alors jusqu'à ce que le phénomène se répète. Plus la lave est visqueuse, plus les explosions de vapeurs sont violentes et plus aussi les fragments sont nombreux et volumineux.

Lorsque la lave se présente en plus grande masse, elle se répand jusque dans le cratère. La lave en fusion qui remplit de plus en plus le bassin est dans un état de mouvement et de bouillonnement continus. Les vapeurs qui s'en échappent de tous côtés ne lui laissent pas un moment de repos et dès que sa surface commence à se refroidir un peu, ce qui se remarque à sa couleur d'un rouge plus foncé, elle est déchirée par de la lave fraîchement épanchée; les fragments solidifiés tombent au fond du cratère et la lave nouvellement expulsée de l'embouchure s'étend à la surface.

Il se forme donc dans la masse de lave une circulation analogue à celle de tout liquide qui se refroidit à sa partie supérieure et qui est continuellement échauffé à sa partie inférieure. La circulation de cette masse mobile devient très-manifeste par la différence de couleur de sa surface consolidée, qui est d'un rouge sombre, et de la lave fraîchement émise qui est d'un éclat brillant.

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