Imágenes de páginas
PDF
EPUB

tagne semblait percée de pores par où suintait la lave. Pendant le jour la clarté de ces petites ouvertures disparaissait mais leur situation était indiquée par autant de petits nuages de fumée. La ville de Naples était agitée continuellement pendant l'éruption, et à chaque détonation les vitres tremblaient. On ressentait aussi un frémissement du sol mais il n'était pas très-fort. Le 26 avril on put apercevoir de Naples deux courants de lave, dont l'un se dirigeait vers Torre del Greco, l'autre vers San Sebastiano et qui avançaient à peu près d'un kilomètre par beure. Entre ces deux courants qui étaient couverts d'une fumée épaisse, s'en trouvait un troisième plus petit se dirigeant vers Resina, mais n'avançant que très-lentement. Vers 4 heures du soir l'éruption augmenta avec une violence inouïe. Du sommet du volcan s'échappaient des colonnes de fumée et des scories incandescentes, et des torrents d'un rouge vif serpentaient le long des pentes. Pendant la nuit une tache de feu se présenta près du cratère, tache qui s'agrandit et s'étendit peu à peu, comme un manteau, sur le pourtour de la montagne.

Le 27 avril, vers 4 heures du matin, un grondement sourd ébranla l'air, des colonnes de fumée assombrirent le ciel, une odeur sulfureuse se répandit partout et la montagne fut presque complétement enveloppée par de la lave en fusion. C'est à ce moment que San Sebastiano fut complétement détruit par la lave et que Massa di Somma eut presque le même sort. A Torre del Greco la lave fit aussi de grands ravages, et des cendres ainsi que des scories tombèrent jusque dans Salerne. Deux courants de lave s'approchèrent de Ponticelli et de Cercoca, et un autre de San-Giorgo et de Portico. La montagne était couverte pendant le jour de nuées de fumée si denses qu'on ne pouvait l'apercevoir de Naples. Il tombait en outre dans la ville une pluie de cendres mélangées de particules salines, qui entravaient considérablement la respiration.

La lave s'écoula plus lentement pendant cette journée. Les détonations continuaient, mais on ne remarqua point de tremblement de terre. Le 28 avril les courants de lave s'arrêtèrent, mais la pluie de cendres continua. Le Vésuve tonnait encore; des éclairs illuminaient de temps en temps l'obscurité qui l'enveloppait et les scories étaient encore projetées à une hauteur de 1,500 mètres.

A partir de ce temps, l'éruption diminua d'intensité, et dans la nuit du 1er au 2 mai les phénomènes éruptifs cessèrent complétement.

ÉRUPTION DE L'ETNA EN 1865.

Après une éruption qui eut lieu en 1852 dans le Val del Bove, l'Etna, à part quelques ébranlements du sol, ne présenta rien de remarquable. L'expulsion habituelle de vapeur d'eau et de gaz de solfatare continuait cependant toujours.

Au mois de mai 1863 seulement, son activité se renouvela et atteignit son maximum par une éruption de cendres qui furent transportées, le 7 juillet, jusque dans la Calabre et à Malte. Une petite éruption de scories lui succéda, puis vint une période de repos qui dura jusqu'en août 1863. Pendant ce mois et le suivant, l'activité se borna à la projection d'un petit nombre de scories et le volcan devint de nouveau inactif. Mais pendant ce temps il rassemblait ses forces pour une grande éruption qui dura depuis le commencement de février jusqu'au mois de juin 1865.

Les tremblements de terre qui augmentèrent peu à peu d'intensité furent les précurseurs de l'éruption du 30 janvier. Tout à coup, après une violente secousse, ressentie à 10 heures du soir, une lumière éclatante éclaira la base du Monte Frumento, cône éruptif latéral. Un torrent de lave incandescente s'écoula d'une nouvelle fente au milieu d'un nuage de fumée, de cendres et de scories, et accompagné de grands coups de tonnerre: son éclat était encore augmenté par l'incendie d'une grande forêt d'épicea qu'il avait allumé sur son passage.

Les paysans dont les propriétés étaient menacées par l'approche de la lave, cherchèrent leur salut dans des pratiques religieuses. Se fiant à la protection de leur saint patron, ils entourèrent leurs propriétés d'images saintes ornées de fleurs. Mais le feu s'avançait toujours, brûlant sur son passage leurs récoltes et leurs maisons. Les familles à genoux récitaient des prières quand la masse brûlante les saisit et les anéantit sans en laisser de traces.

Le courant de lave se précipita le long des flancs de la montagne, chargé de scories, de blocs et d'arbres carbonisés, brûlant et anéantissant tout sur son passage. Bientôt il se divisa en plusieurs branches qui pénétrèrent dans les plus belles forêts et les mirent en feu. L'une de ces branches se précipita avec un terrible crépitement par dessus un roc abrupt de plus de 60 mètres de haut et situé au Salto, dit Cola Vecchia, remplit en peu d'instants la vallée située au-dessous, et continua alors sa marche destructrice.

La grande fente avait, pour ainsi dire, divisé le Monte Frumento en deux parties et passait exactement au milieu du grand cratère on pouvait même la suivre, par une série de fumeroles, jusqu'au voisinage du Val del Bove. Ce gouffre fut cependant bientôt comblé en partie par la lave, mais à son extrémité nord-est il se forma une série de nouveaux cratères. Quelquesuns de ces cratères ne restèrent que peu de temps en activité, mais sept d'entre eux formèrent des cônes cratériques réguliers et restèrent en éruption pendant 45 jours. D'abord la lave s'écoula avec une rapidité excessive; plus tard elle n'avança plus que très-lentement. C'est pour ce motif qu'elle n'atteignit heureusement que la limite supérieure de la zone cultivée et habitée et que les dévastations se bornèrent surtout à la région forestière.

Pendant les premiers jours de février, alors que les sept cratères s'étaient déjà formés, les éruptions de lave et de cendres étaient accompagnées de tourbillons de fumée qui étaient expulsés régulièrement à des intervalles de quelques secondes. La vapeur blanche s'élevait en formant des anneaux d'une grande délicatesse. Chaque fois qu'elle s'échappait avec violence, on entendait entre les détonations sourdes et souterraines des sons métalliques semblables à ceux qu'un marteau produit sur une enclume. Ce fait rappelle les mythes des anciens qui prétendaient que Vulcain et les Cyclopes forgeaient les foudres de Jupiter dans cette montagne.

Quoique les dégâts causés par cette éruption fussent trèsconsidérables, les villages menacés pendant les premiers jours purent cependant croire qu'ils étaient épargnés cette fois. Mais au commencement de mars un nouveau torrent de lave se fit jour dans le voisinage des précédents cratères, et pendant que l'ancien courant s'arrêtait, le nouveau s'avançait rapidement menaçant Linguagrossa; il s'arrêta cependant le 4 avril. Mais de chaque côté de ce courant, la lave s'échappait toujours, formant de nouvelles ramifications, et finissant par prendre l'aspect d'un vaste lac de feu qui resta en incandescence jusqu'à la fin de juin. Des vapeurs mélangées à des masses suffocantes de gaz acide sulfureux, expulsèrent au milieu de sifflements bruyants de nouvelles masses de lave et le courant qui menaçait Linguagrossa se remit de nouveau en marche, tandis que le torrent principal était déjà au repos.

Les phénomènes sonores diminuèrent peu à peu. Depuis le 1er février jusqu'au 16 mars, on avait continuellement, de jour et de nuit, entendu les détonations à Catane. Du 16 au 26 mars

FUCHS.

5

on ne les entendit plus que dans le silence de la nuit, et plus tard il fallut pour les percevoir se rapprocher de la montagne. L'intermittence des nouveaux cratères devint aussi beaucoup plus manifeste. Un seul cratère, cependant, garda une activité égale, tandis que les explosions devenaient de plus en plus rares chez les autres.

L'écoulement des laves diminua considérablement à partir du 19 juin; il cessa complétement le 28. La fente d'écoulement était alors fermée et n'agissait plus que comme fumerole. De temps en temps on voyait une expulsion plus considérable se produire, mais jamais avec assez de force pour rejeter des scories. Après quelques jours, ces derniers vestiges d'activité volcanique disparurent à leur tour et le petit monde de cratères nouveaux-nés, prit l'aspect des volcans éteints qui ne nourrissent plus que des fumeroles.

Toute cette longue éruption avait eu lieu bien au-dessous du sommet de la montagne. Le grand cratère du sommet resta presque au repos pendant tout ce temps; il ne montra sa participation aux phénomènes que par une activité un peu plus forte. De temps en temps il émettait de hautes colonnes de vapeurs, et toujours au moment où les cratères du Monte Frumento atteignaient le maximum d'intensité. Le sommet se comporta ainsi jusqu'au mois de juin. Mais à la fin de ce mois, pendant lequel les bouches s'étaient refermées, il émit de nouveau des vapeurs, et aux mois de juillet et d'août ces vapeurs devinrent si nombreuses qu'elles voilèrent complétement la montagne.

C'est à cette époque, c'est-à-dire à la fin de l'éruption, qu'il y eut aussi un violent tremblement de terre. Le 19 juillet, à 2 heures du matin, on ressentit le coup le plus violent, celui qui détruisit le petit village situé dans le Fondo Macchia. Les maisons ne formaient plus qu'un monceau de ruines, les mu· railles étaient détruites jusqu'à la base, et beaucoup d'habitants y furent ensevelis. Cette violente secousse s'était bornée d'une façon remarquable à un petit espace de 7 kilomètres de long sur un kilomètre de large, et plus loin on l'avait à peine remarquée. Des secousses plus légères se firent sentir jusqu'au milieu du mois d'août.

ÉRUPTION DU TEMBORO A SUMBAVA.

L'éruption du Temboro, en 1815, dépassa de beaucoup en violence les éruptions les plus formidables du Vésuve et de

l'Etna. Toutes les îles Moluques, Java, les Célèbes, Sumatra et Borneo, en furent plus ou moins atteintes. Elle se fit sentir à une distance de plus de 160 kilomètres, et à Java, c'est-à-dire à une distance d'environ 2250 kilomètres, les phénomènes éruptifs furent si violents, qu'ils répandirent la plus grande terreur.

L'éruption commença le 5 avril 1815, par des explosions qui se succédaient de quart d'heure en quart d'heure et qui partaient de l'intérieur du volcan, considéré jusqu'alors comme éteint. L'éruption atteignit son maximum le 10 avril, et pendant cette journée une immense colonne de fumée s'éleva du cratère et toute la montagne parut couverte de feu. Mais peu de temps après, tous ces phénomènes furent cachés aux regards par des masses de fumée noire. Les explosions étaient alors tellement violentes, que les murailles des bâtiments de Sumbava en furent ébranlées. Ces explosions ressemblaient de loin au bruit du canon, et ce bruit fut entendu à une distance aussi considérable que celle qui sépare St-Pétersbourg de Suez, ou Naples du cap Nord en Scandinavie, ce qui ne peut être expliqué que par une transmission souterraine.

Les explosions continuèrent sans se ralentir, pendant plusieurs jours, et les îles avoisinantes furent ébranlées par un violent tremblement de terre.

Le 10 avril, et par un calme plat, la mer se rassembla en une grande vague qui envahit la terre, arracha arbres et maisons, et lança les vaisseaux jusque dans l'intérieur de l'île. Ce mouvement impétueux de la mer dura trois minutes au plus, mais se fit sentir aussi aux Célèbes, et sur le rivage oriental de Java.

Les scories incandescentes et les cendres volcaniques recouvrirent toute l'île et une grande partie de la surface de la mer : les bâtiments croulaient sous le poids des cendres qui les recouvraient. La riche contrée dans laquelle se trouve le volcan, fut transformée en un désert aride, et 12,000 personnes y perdirent la vie. Dans une des îles voisines, Lombok, tout fut recouvert d'une couche de cendres de 5 à 6 décimètres d'épaisseur. Le volcan continua jusqu'au 15 juillet, pendant trois mois par conséquent, à expulser des masses considérables de vapeurs, et l'on entendait pendant tout ce temps des explosions qui devenaient moins fréquentes et qui diminuaient peu à peu d'intensité.

ÉRUPTION DU MAUNA-LOA EN 1866.

Le Mauna-Loa est le plus considérable des quatre grands volcans de l'île Hawaï. Il est peut-être même le plus grandiose

« AnteriorContinuar »