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de tous les volcans, car les phénomènes éruptifs qu'il présente dépassent en violence et en étendue tous les autres phénomènes de ce genre.

La montagne, située dans la partie sud de l'île, a 4,303 mètres de hauteur et est, avec le volcan Kea, placé près d'elle, la plus haute de l'île. Son sommet est large et plan. Sur ce sommet se trouve un grand cratère toujours en activité solfatarique, mais qui devient de temps en temps le centre d'une véritable éruption. Sur une pente plus basse.de la montagne, on trouve un cratère considérable ayant un diamètre de 4,500 mètres et constituant, par conséquent, un des plus grands cratères connus. Ce cratère donne aussi quelquefois naissance à des éruptions consistant principalement en courants gigantesques de lave qui se font jour sur des points encore plus déclives de la montagne.

Depuis la découverte de l'île, la plus grande éruption de ce volcan eut lieu en 1866. Un nouveau cratère se forma à une hauteur de plus de 3,300 mètres et laissa s'échapper, pendant trois jours, un courant de lave qui coula le long de la pente nordouest de la montagne. Il y eut ensuite un repos d'un jour et demi, puis un nouveau courant de lave se fit jour, mais beaucoup plus bas, à mi-hauteur environ de la montagne, et du côté est. Des masses considérables de fumée furent expulsées avec un fracas épouvantable, et, au bout de peu de jours, les scories formèrent un cône élevé.

La lave était lancée avec une telle violence qu'elle s'éleva sous la forme d'une puissante colonne incandescente. D'après les récits de témoins oculaires, cette colonne de lave avait plus de 30 mètres de diamètre et s'était élevée à une hauteur de 330 mètres environ.

Tout l'est de Hawaï ressemblait à un grand fleuve de feu, et la nuit était éclairée presque comme le jour. Les courants de lave parcoururent un espace de 56 kilomètres et ne se solidifièrent qu'aux environs de Hilo.

L'éruption continua pendant vingt jours avec la même violence. Les marins apercevaient la clarté du brasier à une distance de 320 kilomètres, et le bruit se propageait à plus de €0 kilomètres.

Au mois d'avril 1868, le Mauna-Loa fut de nouveau le siége d'une éruption considérable, et le Kilauea en eut une au mois de janvier 1872.

LA COLONNE DE FUMÉE ET LES CENDRES VOLCANIQUES.

Les vapeurs qui s'échappent des volcans à l'état d'activité faible sont blanches ou d'un gris clair. Dès que l'éruption commence, elles deviennent au contraire foncées, et s'accumulent alors seulement pour former une colonne de fumée qui, dans les grandes éruptions, prend la belle forme d'un pin.

Les cendres volcaniques se forment au début de l'éruption. Emportées par les vapeurs auxquelles elles sont intimement mêlées, leur masse est capable d'obscurcir le soleil et de changer le jour en une nuit obscure, lorsque la colonne de fumée s'étale au firmament.

La colonne de fumée doit sa couleur noire au mélange des cendres à la vapeur; c'est pour ce motif aussi que la pluie de cendres commence à tomber aux environs du volcan dès que la colonne s'étale. Ce fait prouve l'intime relation qui existe entre les cendres et les vapeurs. En effet, les vapeurs qui s'étalent dans l'atmosphère ont perdu la tension qu'elles avaient au moment de l'éruption et ne sont plus capables de maintenir les cendres à l'état de suspension. Les cendres retombent donc sous forme de pluie, et la force du vent est seule capable de les enlever et de les emporter parfois loin des frontières.

On comprend ordinairement sous le nom de cendres, le résidu incombustible d'un corps combustible. Cette idée que l'on se fait des cendres ne peut, en aucune façon, être appliquée aux cendres volcaniques: celles-ci ne doivent leur nom qu'à leur ressemblance extérieure avec la cendre de bois.

La cendre volcanique consiste en une poudre délicate, fine et grise, mais se compose des mêmes éléments que la lave. Examinée au microscope, on voit qu'elle est composée de nombreux petits cristaux et fragments de cristaux provenant de divers minéraux, et de petits fragments vitrifiés de lave. Comme les laves des différents volcans sont composées de mélanges divers de minéraux, leurs cendres contiennent aussi des espèces minérales différentes qui correspondent exactement à celles de la lave.

Les cendres du Vésuve contiennent des fragments d'augite, de leucite et rarement un peu d'olivine, mais une proportion considérable d'éclats vitrifiés. Souvent même de petits globules de verre sont accolés aux fragments des minéraux ou en sont quelquefois complétement enveloppés.

La cendre de l'Etna est principalement composée de fragments de feldspath et d'augite, d'éclats de substance vitrifiée et de fer ma

gnétique. Les minéraux de toutes ces espèces de laves, même de celles de l'Etna, se distinguent par leur état poreux dû à la vapeur.

Ce n'est point, par conséquent, la substance même de la cendre qui doit avant tout attirer notre attention; c'est l'état pulvérulent et délicat de la masse qui demande une explication, car cette masse apparaît ordinairement sous la forme de lave solide et dure, tandis qu'elle apparait sous forme de cendres au début de l'éruption.

Pendant la première partie de la période éruptive, les vapeurs, longtemps retenues, se frayent un passage à travers la lave qui remplit le cratère et la cheminée. La formation de la cendre dépend de l'état de cette lave et de l'énergie de l'expulsion des vapeurs. Les vapeurs qui brisent la lave projettent en l'air la couche superficielle qui les gêne et la pulvérisent en poussière des plus fines. Les petites particules de lave ainsi formées perdent rapidement, à cause de leur ténuité, leur état d'incandescence et apparaissent sous forme de cendre sombre ou de poussière. Le phénomène a beaucoup de ressemblance avec la décharge d'un pistolet contenant de l'eau. L'eau contenue dans le pistolet est également expulsée avec une grande violence et peut être réduite à l'état de gouttelettes d'une extrême exiguïté.

Les conditions de la formation des cendres consistent par conséquent 1° dans la grande fluidité de la lave; 2o dans la présence d'un grand nombre de particules non fluidifiables à la température régnante et qui nagent dans la lave; 3° dans la force explosive considérable des vapeurs qui se dégagent.

Cependant les particules de cendres ne sont point toutes préformées; il existe, au contraire, beaucoup de raisons de croire qu'une grande proportion de ces particules est constituée par de la lave fondue qui ne s'est solidifiée qu'après la pulvérisation.

Ces conditions de la formation des cendres se rencontrent habituellement au début des éruptions. Lorsque les vapeurs ont pu se faire jour en partie, leur force diminue, la lave ellemême devient plus tenace, de sorte que les vapeurs peuvent encore la gonfler en grandes bulles qui éclatent, et en arracher des lambeaux sous forme de scories, mais elles n'ont plus la puissance nécessaire pour la pulvériser. La lave peut aussi se pratiquer une issue latérale et s'écouler sous forme de courant, de sorte que les obstacles qui s'opposaient à sa sortie sont considérablement diminués. C'est pour ce motif que la fin de la pluie de cendres coïncide si souvent avec la première apparition d'un courant de lave.

Des cendres d'une nature toute particulière tombèrent à Naples au mois d'avril 1872. Parmi les composés minéraux habituels, on y trouva jusqu'à 0. 9 pour cent de particules salines analogues à celles qui se subliment d'ordinaire, comme : sel ammoniac, chlorure de sodium, chlorure de calcium, chlorure de magnésium et sulfate de chaux. Les vapeurs de ces sels qui habituellement se solidifient avec une grande rapidité et qui se déposent sur le volcan, furent, dans ce cas, entraînées au loin par la force des gaz et, se solidifiant seulement au moment de la chute des cendres, elles se répandirent sur le sol avec les autres substances pulvérulentes.

LA COLONNE DE FEU.

La colonne de feu, qui remplace pendant la nuit la colonne de fumée et qui se distingue non-seulement par sa hauteur incommensurable mais encore par le calme imposant qu'elle conserve au milieu du fracas de l'éruption, a été expliquée de diverses manières, parce que l'impossibilité d'approcher du centre de l'éruption et, par conséquent, l'empêchement apporté à un examen direct et précis, ont opposé des obstacles à la connaissance exacte du phénomène.

Autrefois on considérait une éruption comme la conséquence d'un immense phénomène de combustion, et l'éclat que l'on apercevait était dû, d'après l'explication la plus simple, aux flammes. La colonne de feu n'était donc, d'après ces idées, qu'une flamme gigantesque montant jusqu'au ciel et qui caractérisait le point culminant de l'activité volcanique.

Il ne fallait cependant qu'un peu d'attention pour s'assurer que cette explication était erronée, car l'instabilité et la variabilité des flammes manquent complétement à la colonne de feu. Celle-ci ne possède aucune des propriétés essentielles d'une flamme, et l'impression qu'elle produit lorsqu'elle s'élève au-dessus de la montagne dans un calme imperturbable que ne saurait troubler le vent le plus impétueux, cette impression, dis-je, est tout à fait particulière.

On a, par conséquent, cherché à remplacer cette première explication par une autre, qui consiste à dire que les petites scories de lave incandescente rejetées par la montagne se réunissent pour ainsi dire en un courant puissant et en apparence continu et qui offre ainsi l'aspect d'une colonne de feu. Mais cette explication ne répond pas non plus aux propriétés de la colonne de feu. La hauteur de la colonne est d'abord

trop considérable; d'un autre côté, la possibilité de voir à travers la colonne, malgré son grand éclat et son épaisseur, des étoiles de clarté très-faible, n'existerait pas avec une colonne compacte de scories incandescentes. On pourrait opposer encore des objections bien plus nombreuses à cette explication.

Il n'y a qu'une seule explication qui corresponde à toutes les propriétés de cette colonne lumineuse. D'après cette explication, la colonne n'est que le reflet de la lave qui remplit le cratère, reflet qui tranche vivement avec l'obscurité du ciel et qui est, pour ainsi dire, entretenu par les vapeurs ascendantes. L'éclat de la colonne pâlit peu à peu; puis, de temps en temps, reprenant de nouveau sa vivacité, il apparaît dans son état primitif. Cet éclairage variable est la conséquence de l'état variable de la lave dans le cratère, qui passe, en se refroidissant, de l'état le plus brillant à l'état rouge sombre, jusqu'à ce que, par l'éruption de vapeurs, de nouvelle lave sortie des profondeurs de la montagne arrive, fraîchement fondue, à la surface du cratère. Une telle colonne restera transparente en toute circonstance et, immobile, elle résistera à tous les mouvements de l'atmosphère. Cependant les traînées plus éclatantes qu'on y remarque de temps en temps et qui la traversent comme un éclair pour disparaître aussi vite qu'elles ont apparu, sont évidemment les trajectoires des scories lancées au milieu du reflet des laves incandescentes.

Comme on a pu prouver, avec la dernière évidence, que la colonne de feu n'est point une flamme gigantesque, on a nié aussi assez longtemps l'existence de flammes pendant les éruptions volcaniques. Effectivement, il a fallu une observation attentive et dans des circonstances favorables pour acquérir la certitude de l'existence de flammes pendant les éruptions.

On a recueilli une série d'observations de cette nature pour le Vésuve, et l'on y a reconnu avec certitude la production de flammes. Souvent, ce n'étaient que des flammèches de 12, 15 centimètres de hauteur, et de couleur verte (7 juin 1834); d'autres fois elles avaient 4 à 5 mètres de hauteur et étaient d'un rouge violacé (2 juin 1833), ou bien présentaient une teinte rouge de sang (août 1834); le plus souvent cependant elles sont d'un jaune intense ou d'un bleu pâle.

Pendant l'éruption de Santorin, en 1866, la petite île d'Aphroessa était, de temps en temps, complétement entourée de flammes qui apparaissaient à la surface de la mer. De petites

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