Imágenes de páginas
PDF
EPUB

solides. Le premier décret que leur Assemblée a porté a été l'abolition de la royauté en France; et l'acclamation non motivée d'un petit nombre d'individus, dont plusieurs même sont des étrangers (1), s'est arrogé le droit de balancer l'opinion des quatorze générations qui ont rempli les quatorze siècles d'existence de la monarchie française! Cette démarche, dont les seuls ennemis de la France devraient se réjouir s'ils pouvaient supposer qu'elle eût un effet durable, est directement opposée à la ferme résolution que leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse ont prise, et dont ces deux souverains alliés ne se départiront jamais, de rendre à sa majesté très chrétienne sa liberté, sa sûreté et sa dignité royale, ou de tirer une juste et éclatante vengeance de ceux qui oseraient y attenter plus longtemps.

» A ces causes, le soussigné déclare à la nation française en général, et à chaque individu en particulier, que leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse, invariablement attachés au principe de ne point s'immiscer dans le gouvernement intérieur de la France, persistent également à exiger que sa majesté très chrétienne, ainsi que toute la famille royale, soient immédiatement remises en liberté par ceux qui se permettent de les tenir emprisonnées. Leurs majestés insistent de méme pour que la dignité royale en France soit rétablie sans délai dans la personne de Louis XVI et de ses successeurs, et qu'il soit pourvu à ce que cette dignité se trouve désormais à l'abri des avanies auxquelles elle a été et est maintenant exposée. Si la nation française n'a pas tout à fait perdu de vue ses vrais intérêts, et si, libre dans ses résolutions, elle désire de faire cesser promptement les calamités d'une guerre qui expose tant de provinces à tous les maux qui marchent à la suite des armées, elle ne tardera pas un instant à déclarer son opinion

(1) L'américain Thomas Payne, le prussien Anacharsis Cloots, l'anglais Priestley. Ce dernier ne siégea pas à la Convention, où l'avait appelé le département de l'Orne; il motiva sa démission sur ce qu'il n'avait qu'une connaissance imparfaite de la langue française et des circonstances locales du pays; du reste le docteur Priestley déclarait conserver avec reconnaissance le titre de citoyen français, dont il avait été honoré en vertu du décret de l'Assemblée législative qui l'accordait aux philosophes étrangers.

en faveur des demandes péremptoires que je lui adresse au nom de leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse, et qui en cas de refus attireront immanquablement sur ce royaume, naguère florissant, de nouveaux et plus terribles malheurs.

» Le parti que la nation française va prendre à la suite de cette déclaration ou étendra et perpétuera les funestes effets d'une guerre malheureuse, en ôtant par la suppression de la royauté le moyen de rétablir et d'entretenir les anciens rapports entre la France et les souverains de l'Europe, ou pourra ouvrir la voie à des négociations pour le rétablissement de la paix, de l'ordre, et de la tranquillité, que ceux qui se qualifient du titre de dépositaires de la volonté de la nation sont les plus intéressés à rendre aussi prompte qu'il est nécessaire à ce royaume.

» Au quartier général de Hans, en Champagne, le 28 septembre 1792.

[ocr errors]

Signé CHARLES F., Duc de BRUNSWICK-LUNEBOURG. »

Des âmes républicaines devaient répondre à ces menaces du despotisme en déployant le courage qu'inspire l'amour de la liberté. Les temps anciens vont pâlir. Tout citoyen se fait soldat volontaire; la France entière est debout. La plupart sans habits, sans souliers, souvent sans pain, supportant des pluies continuelles, bravant toutes les privations, tous les obstacles possibles, les fils de la patrie ne demandent que du fer; ils marchent aux cris de vive la République ; ils combattent, ils meurent, ils triomphent en chantant l'hymne national! Bientôt ils ont dispersé ces cohortes de sujets qui ne se meuvent qu'à la voix d'un maître : ils reprennent, ils délivrent les cités de la République que l'ennemi avait souillées de sa présence, outragées par ses menaces; ils entrent victorieux sur le territoire étranger; enfin ils embrassent les Belges, ces dignes frères des Français que le despotisme des sceptres, l'ignorance et la perfidie peuvent seulş arracher à la grande famille. En même temps la Savoie, libre de ses tyrans, formait le vœu de s'incorporer à la République.

Vingt jours avaient éclairé ces prodiges. Cependant il restait à faire; la Convention nationale fit aux braves une

invitation qui devint pour toute la France un engagement

sacré.

ADRESSE de la Convention nationale aux volontaires nationaux. (Rédigée par Faure, député de la Haute-Loire.)

"

Du 19 octobre 1792. an er de la République.

Citoyens soldats, la loi vous permet de vous retirer : le cri de la patrie vous le défend. Les Romains ont-ils abandonné leurs armes quand Porsenna était encore aux portes de Rome? L'ennemi a-t-il passé le Rhin? Le sang des Français, dont il a arrosé la terre de la liberté, est-il vengé? Ses ravages et sa barbarie sont-ils punis? A-t-il reconnu la majesté de la République et la souveraineté du peuple? Soldats, voilà le terme de vos travaux! C'est en dire assez aux braves défenseurs de la patrie. La Convention nationale se borne à vous recommander l'honneur français, l'intérêt de la République, le soin de votre propre gloire.

[ocr errors]

ARRÊTÉ du conseil exécutif.

Du 24 octobre 1792, an er de la République. « Le conseil, délibérant sur la situation de la République relativement à la guerre qu'elle a entreprise contre les despotes coalisés ;

» Considérant qu'en vain le patriotisme des citoyens, la valeur des soldats et l'habileté des généraux auraient repoussé au-delà des frontières les armées ennemies si elles pouvaient encore, en s'établissant dans les pays circonvoisins, s'y renforcer avec sécurité, et y préparer impunément les moyens de renouveler incessamment leur funeste invasion ;

» Considérant que toute résolution généreuse, et nécessaire pour l'honneur comme pour la sûreté de la République, ne peut qu'être avouée par la nation et par la Convention nationale;

» Arrête que les armées françaises ne quitteront point les armes et ne prendront point de quartiers d'hiver jusqu'à ce que les ennemis de la République aient été repoussés au-delà du Rhin,

» Signé ROLLAND, CLAVIÈRES, MONGE, LEBRUN, Pache, GARAT (1). Pour copie conforme, GROUVELLE, secrétaire du conseil. »

(1) Pache et Garat étaient nouvellement entrés an ministère, le pre

[ocr errors]
[ocr errors]

Guerre aux despotes, fraternité avec les nations, tel était le cri de la République. Bientôt un décret solennel appellera tous les peuples à la liberté : écoutons auparavant les paroles de paix que la Convention adressa aux Suisses, alliés naturels de la France, mais que des événemens récens pouvaient rendre accessibles aux insinuations de la diplomatie étrangère.

LA CONVENTION NATIONALE AUX SUISSES. (Adresse rédigée par Mailhe, député de la Haute-Garonne.)

[ocr errors]

Du 9 octobre 1792, an 1er de la République française.

« Frères et alliés, depuis longtemps la maison d'Autriche travaille à vous entraîner dans la ligue qu'elle a formée contre la liberté. Votre déclaration de neutralité ne l'a pas déconcertée; elle cherche de nouveaux prétextes dans les événemens du 10 août; elle ose encore espérer de vous séduire par le langage de la calomnie et de l'intrigue : nous allons vous parler celui de la franchise et de la raison.

» Louis XVI ne régnait que par une Constitution qu'il avait juré de maintenir; le pouvoir qu'il tenait d'elle il s'en servait pour la renverser déjà s'avançaient des armées nombreuses, guidées par ses frères ; c'était en son nom qu'elles venaient conquérir la France; partout il avait organisé la trahison : le trône du despotisme allait être relevé.

» Le peuple craint pour sa liberté ; il se plaint; et pour réponse le signal de son massacre est donné dans le palais même de son premier fonctionnaire! Parmi ces assassins il voit une grande partie de ces gardes suisses dont l'éloignement était prescrit par la Constitution. Il fallait vaincre; il fallait briser les instrumens d'un pareil attentat, ou reprendre des fers : et, vous qui connaissez le prix de la liberté, nous vous le demandons, des citoyens libres devaient-ils balancer? Mais, au milieu même des désordres inséparables d'une victoire populaire, les parisiens surent modérer les mouvemens de leur juste vengeance; l'erreur de ceux qui avaient obéi par l'effet d'une discipline sévère ne

mier à la guerre, en remplacement de Servan, démissionnaire pour cause de santé, et le second à la justice, en remplacement de Danton, qui avait opté pour les fonctions de représentant du peuple.

[graphic]

Jean Mailhe

de l'assembre législative, de la convention, du conseil des cinq cents, etc. etc.

« AnteriorContinuar »