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surpassé les vêpres siciliennes ; car les Français en Sicile com mirent des fautes tout à fait opposées aux qualités que le patriotisme français atteste maintenant. Mais après tant d'horreurs il restait encore au pape et à son gouvernement un crime à commettre ; c'est l'édit publié trois jours après les scélératesses du souverain pontife. Voici cet acte, qui n'est pas moins révoltant que le meurtre de Basseville et le projet de faire égorger tous les patriotes dans la ville de Rome. »

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ÉDIT.

« Autant sa sainteté notre seigneur le pape Pie VI, heu» reusement régnant a été sensible aux témoignages que » le peuple de Rome lui a donnés les jours passés de son atta»tachement à la religion et de son amour pour la personne » de S. S., autant le saint-père a été affligé que ce même peuple, au milieu des émotions par lesquelles il a cru devoir témoigner ses sentimens, se soit laissé emporter à quel»ques excès qui ont troublé la tranquillité publique; excès » peu dignes d'une nation qui doit se faire gloire d'être élevée » dans les bons préceptes, et nourrie d'une morale dont toutes >> les maximes recommandent la paix, la douceur et la charité envers le prochain.

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» En conséquence S. S. a ordonné expressément de publier » en son nom que tandis qu'elle s'occupe sérieusement et avec la plus active surveillance à conserver intacte la foi catolique, spécialement à Rome et dans l'état ecclésiastique, et qu'elle prend toutes les mesures propres à assurer le repos » de ses sujets, elle veut et exige d'eux qu'abandonnant entiè»rement l'emploi de ces moyens à sa sollicitude paternelle, » ils se tiennent à l'avenir dans une situation plus calme; » elle veut qu'ils évitent toute espèce de tumulte ou d'attroupe» ment, à quelque heure que ce soit du jour ou de la nuit, et pour quelque motif et sous quelque prétexte que ce puisse » être; elle veut qu'ils s'abstiennent de bruit, de clameurs; » elle veut enfin qu'ils n'endommagent aucun hôtel, aucune boutique, et qu'ils n'insultent nulle part et en quoi que ce » soit et en rien aux personnes, n'importe leur origine, leur »nation, non plus qu'à ce qui peut leur appartenir. Le » saint père déclare qu'il regardera comme personnel et comme un manque de respect à lui-même tout acte contraire à ces dispositions.

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» Le saint père, plein de confiance dans la religion, l'amour » et la docilité du peuple romain, se persuade que ce peuple » obéira scrupuleusement à ses ordres paternels, et que cette » occasion lui fournira, à ce peuple, un nouveau moyen de

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prouver son esprit de subordination. S. S. compte le trouver » aussi disposé à l'obéissance qu'elle est elle-même portée à éloigner de son cœur le chagrin d'avoir jamais à exercer des >> actes de justice rigoureuse contre des sujets que S. S. chérit » avec la plus grande tendresse.

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» Donné au palais du Vatican, le seizième jour de jan» vier 1793.

Signé F. X., cardinal de ZELADA.

DE LA CONDUITE DES GOUVERNEMENS ÉTRANGERS ENVERS LES CITOYENS DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.

On a vu que l'Autriche, la Prusse, l'Angleterre et l'Espagne n'avaient pas attendu l'état de guerre pour frapper de mesures injurieuses les citoyens français qui se trouvaient sur leur territoire; que Rome les avait proscrits, assassinés. La Russie, éternelle ennemie des droits de l'homme, craignant que le bruit du triomphe de la liberté ne parvienne jusqu'à ses esclaves, s'était empressée de rompre toute espèce de rapport avec la France, et de repousser outrageusement de son sein les Français restés fidèles à leur pays : mais elle avait accueilli, appelé les Français réfractaires; elle leur avait offert des arpens et des serfs pour former des établissemens dans ses déserts, exigeant d'eux toutefois un serment humiliant, qui répugnait autant à la raison qu'à la liberté (1).

(1) L'impératrice de Russie, par son ukase du mois de février 1793, en défendant toute communication politique ou commerciale avec la France, avait enjoint aux Français résidans en Russie de quitter cet empire dans le délai de trois semaines, ou de prêter le serment ci-après, également exigé des Français qui viendraient s'y établir; ces derniers devaient en outre être munis d'un certificat des princes frères de Louis XVI.

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« Je soussigné jure par le Dieu tout puissant et par son saint évangile que comme je n'ai jamais donné mon approbation, ni sciemment >> ni de fait, aux principes impies et séditieux qui ont été introduits en » France, et que je reconnais le gouvernement qui vient d'y être établi » comme illégitime et usurpé en violation de toutes les lois, ainsi que >> meurtre du roi très chrétien Louis XVI comme le plus abominable de >> tous les attentats et la plus détestable trahison envers un souverain » légitime; que j'en maudis avec exécration les auteurs, ainsi que tout

le

Ces divers gouvernemens, celui d'Angleterre surtout, peu. satisfaits d'appeler sur la France tous les malheurs d'une guerre que l'usage légitime, portaient encore en son sein les torches de la guerre civile; leurs stipendiés, ramas d'individus qui ne reconnaissent point de patrie, répandus à Paris et dans les départemens, entretenaient avec une sombre activité la corruption, les méfiances, les haines.

Sur un rapport du ministre Lebrun la Convention mit à la disposition du conseil exécutif les sommes qui seraient nécessaires pour secourir les Français expulsés par la violence des pays étrangers, et forcés la plupart d'y abandonner leur fortune; ensuite elle statua sur la police à exercer en France à l'égard des étrangers, écartant toute idée de représaille : en guerre avec les rois, la République était l'amie de tous les peuples. Le décret rendu à ce sujet, basé sur les principes de la morale, de la saine politique, offre un contraste frappant avec les mesures odieuses des gouvernemens despotiques. RAPPORT du ministre des affaires étrangères à la Convention nationale. (Séance du 20 mars 1793.)

"

Citoyen président, c'est avec la plus grande douleur que je soumets à la Convention nationale le récit des cruautés de toute

» homme qui pense bien doit le faire; que je suis convaincu dans ma » conscience de l'excellence de la religion telle que mes ancêtres me » l'ont transmise, et de l'obligation où je suis de demeurer fidèle et >> obéissant au roi à qui, suivant l'ordre de la succession, échéait la >>> couronne de France; je m'engage en conséquence, tant que je jouirai » de la protection assurée que sa majesté l'impératrice de toutes les » Russies a gracieusement daigné m'accorder, d'y vivre dans l'obser»vation des préceptes de la religion dans laquelle je suis né; d'être >> soumis aux lois et au gouvernement de S. M. I.; de rompre toute correspondance dans ma patrie avec les Français qui reconnaissent >> la forme monstrueuse de gouvernement qui existe aujourd'hui en » France, et de ne la reprendre qu'après que, l'ordre et la tranquillité » d'un gouvernement légitime dans ce royaume étant rétablis, j'en >> aurai reçu la permission de sa majesté l'impératrice. Et dans le cas où je viendrais à me rendre coupable d'avoir violé ce serment, je me >> soumets à toute la sévérité des lois dans cette vie, et pour celle qui » est à venir à l'épouvantable jugement de Dieu. Et pour sceller ce » serment je baise le saint Evangile et la croix de mon sauveur. Amen. »

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espèce qu'éprouvent en Espagne ceux de nos concitoyens que des affaires particulières ou le commerce ont attirés dans cette

contrée.

» J'ai rendu compte précédemment des injustices exercées contre plusieurs individus français, détenus dans les cachots et dépouillés de leur fortune. Ces mesures partielles, dictées par le préjugé et la haine, ont pris depuis quelque temps le caractère d'une proscription générale; des voyageurs, des négocians paisibles, des femmes, des enfans, des vieillards sont expulsés de leurs domiciles; leurs propriétés, tous leurs papiers sont saisis; eux-mêmes sont abandonnés aux besoins de toute espèce, à l'intempérie de la saison, et aux insultes barbares d'un peuple égaré que des prêtres fanatiques excitent au meurtre et à l'assassinat. Un manifeste, qu'on dit être sanctionné par le vice-roi d'Arragon, sollicite les habitans de faire main-basse sur ces malheureuses victimes du despotisme, « pour faire disparaîtrede la surface de la terre une race perverse également ennemie de Dieu et des rois. >>

» C'est en conséquence d'un ordre spécial du roi Charles que

se commettent ces atrocités.

» Par l'interprétation très étendue qu'on donne à cet ordre tyrannique, tous les Français qui ne sont pas en Espagne depuis le 10 août, ou qui n'ont pas prêté le serment requis par la cédule du 20 juin, doivent sortir du royaume dans le terme de quarante-huit heures : les individus frappés de cette proscription n'ont que le temps d'en être informés; on les chasse de leurs maisons sans aucun secours, on saisit tous leurs effets; plusieurs ne peuvent sauver les vêtemens nécessaires pour faire leur route; on a vu des femmes ayant des enfans à leur sein exposées presque nues dans les rues, et redoutant à peine la mort, dont les menaçait un peuple armé par le fanatisme. J'épargne à la sensibilité de la Convention une partie des horreurs de ce tableau affligeant. Il est de mon devoir de solliciter son humanité en faveur de ces citoyens que leur malheur et leur attachement inébranlable pour leur patrie ont rendus si intéressans : elle trouvera dans sa sagesse le moyen d'essuyer les larmes de ces infortunés, dont plusieurs ont été plongés dans la plus affreuse

misère.

» La Convention nationale sentira aussi qu'il est de sa justice et de sa dignité de venger l'humanité, si cruellement outragée dans les personnes de nos frères, qui, au mépris du droit des gens, des lois de l'hospitalité et des liaisons intimes qui ont subsisté si longtemps entre les deux peuples, au mépris des usages établis chez toutes les nations policées, viennent d'être inhumainement expulsés de l'Espagne et dépouillés de toutes leurs propriétés.

» Mais ce n'est pas seulement le roi Charles qui a provoqué d'une manière aussi outrageante le juste ressentiment de la République.

>>

L'impératrice de Russie, le roi d'Angleterre, le gouvernement stadhoudérien, la Prusse, l'Autriche, le plus grand nombre des petits despotes de l'Allemagne, l'évêque de Rome ont successivement adopté des mesures également arbitraires et funestes à nos concitoyens : partout des traîtres, qui ne méritent plus le nom de Français, ont été comblés de faveurs; partout les enfans chéris de notre patrie ont été avilis et opprimés. Malgré cet oubli général de tous les principes de l'hospitalité et de la justice, dans presque toute l'Europe la nation française a seule conservé son caractère antique de loyauté et d'humanité; - seule elle a accueilli avec intérêt les étrangers de tous les pays; elle les a protégés même ; elle leur a laissé la jouissance de plusieurs exemptions et priviléges qui les mettent au-dessus de ses propres citoyens.

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Cependant c'est cette nation seule qui a contre les étrangers les griefs les plus graves : c'est par les étrangers que sont travaillés journellement les citoyens trop faciles à égarer; c'est par les étrangers que se distribue avec profusion l'or qui corrompt une partie du peuple; c'est par eux que se répandent dans le sein de la République les faux assignats, les fausses nouvelles et les faux principes. Quelques uns d'entre eux ont poussé l'audace jusqu'à se former en comité secret pour correspondre avec nos ennemis; ils pénétrent jusque dans les assemblées populaires; ils empoisonnent l'esprit public; ils prêchent au centre de Paris, et même aux portes du sénat national, le mépris des lois, l'insurrection et le carnage.

» Le conseil exécutif a pris toutes les mesures qui dépen~

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