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seulement il lui abandonna Jérusalem et toutes les villes qui venaient de tomber en son pouvoir; mais les deux princes se réunirent pour dépouiller entièrement le prince de Damas. Il fut convenu que pendant que le sultan resterait en Palestine pour tenir tête aux Francs, Aschraf irait faire le siége de Damas.

Ce fut sur ces entrefaites que l'empereur Frédéric arriva dans la ville d'Acre. Aboulfeda remarque que le sultan eût bien voulu ne l'avoir pas appelé; mais il était là, et il fallait le satisfaire. Cet auteur ajoute que la présence de l'empereur jeta l'épouvante dans tous les esprits.

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An 626 (1229). Suivant l'historien des patriarches d'Alexandrie, l'empereur en arrivant envoya au sultan le seigneur de Sidon et le comte Thomas, son lieutenant, avec des présens. Le sultan vint au-devant des députés avec une grande pompe; toute l'armée musulmane prit les armes. Il s'établit dès lors des relations très-étroites entre les deux monarques; des présens furent envoyés de part et d'autre. Le sultan fit offrir à l'empereur un éléphant qu'il avait reçu d'Arabie. Frédéric insistait toujours sur la cession de Jérusalem et des villes qu'on lui avait promises. Le sultan, au contraire, faisait beaucoup de difficultés; mais la plus grande union semblait régner entre eux.

C'étaient les émirs Fakr-eddin et Schems-eddin qui traitaient au nom du sultan. Si on en croit Yafeï, Fakr-eddin était entré fort avant dans la confiance de l'empereur; ils avaient de fréquens entretiens sur la philosophie, et leurs opinions paraissaient se rapprocher sur beaucoup de points.

Ces étroites relations scandalisèrent beaucoup les chrétiens. Quelques seigneurs francs indignés (1) allèrent jusqu'à machiner la perte de l'empereur, et écrivirent à ce sujet au sultan. Le sultan, s'étant fait lire la lettre, l'envoya à Frédéric; mais l'empereur dissimula son ressentiment, et ne se montra que plus impatient d'obtenir l'effet des promesses qu'on lui avait faites, afin de pouvoir retourner dans ses états. Sa réponse au sultan nous a été conservée par Dehebi ; la voici : « Je suis ton ami. Tu >> n'ignores pas combien je suis au-dessus de tous les princes de >> l'Occident. C'est toi qui m'as engagé à venir ici. Les rois et le

(1)Parmi les chrétiens les plus ardens, on remarquait les Hospitaliers et les Templiers. Ce fait extraordinaire nous avait déjà été appris par l'écrivain anglais Mathieu Paris. Le témoignage des auteurs arabes doit lever tout doute à cet egard.

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» pape sont instruits de mon voyage. Si je m'en retournais sans » avoir rien obtenu, je perdrais toute considération à leurs » yeux. Après tout, cette Jérusalem, n'est-ce pas elle qui a » donné naissance à la religion chrétienne? N'est-ce pas vous » qui l'avez détruite? Elle est maintenant réduite à la dernière » faiblesse. De grâce, rends-la moi dans l'état où elle est, afin » qu'à mon retour je puisse lever la tête parmi les rois. Je re>> nonce d'avance à tous les tributs que je pourrai en retirer. » Makrizi rapporte que Frédéric avait d'abord demandé davantage; il voulait qu'on lui remît, outre Jérusalem, toutes les villes anciennement possédées par les Francs; il demandait aussi qu'on exemptât de tout tribut les marchands de ses états qui venaient commercer à Alexandrie et à Rosette. A la fin il se borna aux premières propositions. « Je n'aurais pas tant in» sisté, dit-il à l'émir Fakr-eddin, si je n'avais craint de perdre » tout crédit en Occident. Au reste, ajouta-t-il, mon but, » en venant ici, 'a pas été de délivrer la ville sainte ni rien de semblable, j'ai voulu seulement conserver l'estime des >> Francs. » De son côté le sultan eut beaucoup de peine à sacrifier Jérusalem, mais il avait à craindre les attaques d'un ennemi redoutable. « D'ailleurs, disait-il, nous ne cédons aux » Francs que des églises et des maisons en ruines. »

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Il déclara même, selon Yafeï, que c'était la seule raison qui le décidait, et qu'une fois l'empereur parti, ou même avant son départ, s'il manquait à un seul de ses engagemens, il s'emparerait de nouveau de la ville sainte.

La vérité est qu'en ce moment Jérusalem se trouvait sans remparts et sans fortifications, et que le sultan ne s'étant obligé à remettre que les villages qui mènent de la ville sainte à la ville d'Acre, les Musulmans demeuraient maîtres d'y rentrer quand ils voudraient. Il était convenu que Jérusalem serait laissée dans l'état de faiblesse où elle était, et que les chrétiens ne pourraient élever aucune nouvelle fortification. Les Musulsans devaient rester en possession de la mosquée d'Omar et de la chapelle de la Sacra; ils devaient conserver le libre exercice de leur religion. On laissait entre leurs mains les environs de la ville sainte. Les chrétiens ne devaient occuper que la route d'Acre. Tout étant donc réglé, la paix fut jurée entre les deux nations pour 10 ans, 5 mois et 40 jours, à partir du 28 de rebi premier. (24 fév. 1229.) (La fin au prochain cahier.)

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174. HISTOIRE DES EXPÉDITIONS MARITIMES DES NORMANDS, et de leur établissement en France au 10e siècle; par G.-B DEPPING; 2 vol. in-8,.; pr., 12 fr. Paris, 1826; Ponthieu.

Nous rendrons incessamment compte de cet ouvrage qui a obtenu en 1822 le prix à l'Académie des inscriptions et belleslettres.

175. PROEVE EENER Geschiednis der Kruistogten. Essai his orique sur les croisades jusqu'à l'invasion de Ptolémaïs en l'année 1291; par N. G. VAN KAMPEN. 1. partie, gr. in-8°., p. 36 et 439. Prix, fl. 30, 90. Harlem, 1824; Bohn.

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176. Mémoires sur L'ANCIENNE CHEVALERIE; par LA CURNE De SaintePALAYE Nouv. édit., avec une introduction et des notes historiques, par M. CH. NODIER, 2 forts volumes in-8°., ornés de pl., en style gothique. Prix de chaque volume, 7 fr. Paris, 1826; Girard.

177. GESCHICHTe der TempelherrEN IN BOHMEN. Histoire des Tem pliers en Bohème. Ouvrage rédigé d'après les sources les plus authentiques, et suivi de documens et des bulles adressées aux états de Bohème par le pape Clément V ; par GRAF. IV et 137 p. Prague, 1825; Endert. (Leipz. Lit. Zeitung, 1825, no. 289, nov., p. 2305.)

Cet opuscule, divisé en trois sections, offre en tête un précis historique où l'auteur aborde brièvement les monumens les plus marquans dans l'histoire des Templiers. La description des fêtes et des cérémonies qui accompagnaient l'élection d'un grand-maître y est très détaillée. La seconde section renferme l'histoire de cet ordre depuis le commencement de son établissement en Bohème jusqu'au moment de sa dissolution. D'après l'auteur, la première apparition des Templiers en Bohème est de l'an 1232, par conséquent sous le règne du roi Wenzel J. On trouve dans le cours de ce récit historique des observations sur des poésies sorties de la plume de ce prince. La troisième section offre un aperçu des domaines et propriétés de l'ordre, accompagné d'une description très-détaillée de la maison des Templiers. L'auteur termine son écrit en indiquant les principaux ouvrages qui traitent de l'ordre des Templiers. L. D. L.

178. DIE JESUITEN UND IHR BENEHMEN GEGEN GEISTLICHE UND WELTLICHE REGENTEN, etc. Les jésuites et leur conduite envers les princes régnans ecclésiastiques et séculiers, avec quelques pièces supplémentaires. Ouvrage puisé dans les écrits des jésuites mêmes, ainsi que dans d'autres écrits authentiques, par FRIEDMANN; in-8°., XVI et 393 p. Prix, 1 thlr. Grimma, 1825; Goschen-Beyer.

179. ARCHIWUM RUSI BIALEY. Archives de la Russie-Blanche; par GRYGOROWICK, t. 1, in-4°. Moscou, 1824. (Driennick Warsawski, 1825, no. 3.)

L'auteur des Archives de la Russie-Blanche est originaire de ce pays. Dans son travail il s'est proposé pour modèle la collection qu'a publiée le sénateur Malinowski, sous les auspices du chancelier Romanowski, sous ce titre : Zbior dawnych przywileiow i traktatow (Recueil d'anciens priviléges et trailés). Il avait aussi sous les yeux : Archiwum Moskiewskiego Kollegium spraw zagraniczych Archives du collège de Moscou pour les affaires étrangères) publié par une commission, que l'empereur Alexandre avait nommée pour cet objet. Le premier tome des Archives de la Russie-Blanche comprend 57 anciens diplômes, rangés selon l'ordre chronologique. Ils ont presque tous pour objet des concessions que les rois de Pologne ont accordées aux habitans de la Russie-Blanche, avant que ces contrées eussent été incorporées à l'empire russe par le traité d'Andrzeyow; ils ont ordinairement rapport aux libertés civiles et religieuses de ces habitans, qui, en général, sont attachés au rit grec. Quelquesuns de ces diplômes sont en latin; la plupart en polonais ou en ruske, qui est le langage usité dans la Russie-Blanche. Avant la réunion à l'empire russe, cet idiome, qui n'est ni le polonais ni le russe, qui est assujetti à des règles particulières, était même employé dans les transactions publiques, ce que le gouvernement russe ne permet plus. Cependant les habitans de la Russie-Blanche continuent à se servir de leur dialecte particulier dans leurs rapports sociaux et commerciaux. On ne peut déterminer d'une manière bien précise quelle était la population de la Russie-Blanche, lorsqu'en 1772 se fit le premier partage de la Pologne, par le traité d'Andrzeyow; mais il paraît, d'après des documens assez certains, qu'en 1789, dix-sept ans après la réunion à la Russie, la métropole de l'église ruske comptait 1926

églises catholiques, 2, 126 ecclésiastiques et 1,239,659 habitans catholiques. La population entière, en y joignant les habitans professant d'autres cultés, était de 3,248,659 ames.

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180. NOTICES HISToriques sur les KaLMOUKS nomades dans le pays des Cosaques du Don; par un officier supérieur des Cosaques du Don. (St.-Pétersb. Zeitschrift, 1824, nov. et déc., p. 159.) L'auteur s'étend dans ses notices sur le nom des Kalmouks. Il rapporte ensuite les causes de la migration de ce peuple et son assujettissement à la Russie. Les Kalmouks ou Kolmaks, dit-il, étaient anciennement connus sous le nom Uirjate ou Oïrote. Ils menaient une vie nomade sur les rivières qui tombent dans l'Ikar-Murgni (Goang). On croit avec raison qu'ils descendent des Mongoles ou Mungales, vu qu'ils leur ressemblent parfaitement soit sous le rapport de la figure et de la taille, soit sous celui de la manière de vivre, des mœurs, des habitudes, de la langue et de la religion. L'auteur prétend que le mot de Kalmuk dérive d'une espèce de bonnet qui est propre à ce peuple, et qu'on appelle kalmak. Kalmouk est, d'après lui, un sobriquet que leur avaient donné les Tartares, leurs voisins. Peut-être kalmuk dérive du mot arabe kalmak, ce qui signifie apostat.

L'histoire ne nous apprend rien sur l'origine des Kalmaks, qui portaient le nom de Sjungars ou Dsjungars, lorsqu'ils habitaient le territoire entre la Sibérie et la petite et grande Buccharie, à l'ouest de l'Altaï, sur les rives du fleuve Ili. Il paraît constant que les Sjungars demeurèrent sous la souveraineté mongolienne jusqu'à l'époque de la dissolution de la grande monarchie de Tschingi. Ce fut à cette époque que les Kalmouks de Sjungar ou les Kalmaks se divisèrent en plusieurs tribus indépendantes gouvernées par des Taïschas. Les guerres continuelles que ces petits souverains se faisaient entre eux décidèrent les Taïschas Lousang et Eldeng à se séparer des Sjungars (1620), en conduisant au delà de l'Emba les Torgoutes, une partie des Choschoutes (1) et les Derbètes (noms des tribus ). Après y avoir subjugué quelques tribus tartares, ils étendirent leurs possessions jusqu'au fleuve Oural et le long de l'Oru. Ayant

(1) Une autre partie des Choschoutes s'était retirée en Sibérie (en 1618), où ils sont connus sous le nom de Burjates ou Kalmuks Bratski.

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