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susceptible. D'ailleurs, dans ce cas, le prix accordé eût dû être considéré plutôt comme un encouragement ou une indemnité, que comme une couronne, et peut-être ce triomphe eût-il eu peu de prix pour les savans qui ont bien voulu répondre à l'appel de la commission.

La commission, après un mûr examen des termes dans les quels est conçue la question, des moyens qui s'offrent pour la traiter dans son entier, et des mémoires qui lui ont été envoyés, a donc pris le parti de continuer encore le concours jusqu'au 24 avril 1828. Le prix sera de 3,600 fr. Les mémoires seront écrits en français ou en latin, et ne seront reçus que jusqu'au 1er janvier 1828.

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Ils devront être adressés, francs de port, au secrétariat de l'Institut..

486. MÉLANGES ASIATIQUES, ou choix de morceaux de critique et de mémoires relatifs aux religions, aux sciences, aux contomes à l'histoire et à la géographie des nations orientales; par M. ABEL-REMUSAT. TO. HI (1), in-8°. de 428 p. Paris; 1826; Dondey-Dupré.

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Les morceaux réunis dans ce volume, ont tous un rapport plus ou moins direct avec la paléographie, la grammaire et la littérature des Chinois : tous tendent à réformer les notions qu'on s'était faites de l'écriture et du langage de ce peuple, et la plupart ont pour but de déraciner certaines erreurs, qui subsistent même encore aujourd'hui, au sujet de l'esprit philosophique et du génie littéraire de la nation chinoise. Lorsque M. Abel-Rémusat fit paraître, en 1811, son Essai sur la langue et la littérature chinoises, ces opinions erronées étaient encore dans toute leur force; elles passaient pour des vérités qu'il semblait impossible de contredire ou d'attaquer; néanmoins cet ouvrage porta les premiers coups. Il fit voir l'absurdité de quelques-uns de ces préjugés, et s'il ne les détruisit pas, il les affaiblit considérablement. Plusieurs disparurent entièrement, quand, quatre ans plus tard, M. Abel-Rémusat prononça son discours d'ouverture, lors de la création de la chaire de chinois, au Collège de France, sur l'origine, les progrès et l'utilité de l'étude du chinois en Europe.

(1) Voyez le compte qui a été rendu de cet ouvrage, Bulletin, 1. vol., dans le mois de janvier 1826, no. 4.

Dans ce discours, qui est le premier morceau de ce second volume des mélanges, le savant professeur montrait combien était ridicule l'idée que l'on se faisait de la difficulté excessive de cette langue, et il examinait ce qu'avaient de réel ou d'exagéré les différentes opinions qui avaient cours à ce sujet. Depuis, nos connaissances à cet égard devinrent de jour en jour plus positives; le nombre des erreurs diminua sensiblement, et la langue chinoise, inconnue en quelque sorte dix ans auparavant, devint une des principales branches de la littérature orientale.

Les progrès immenses qu'elle fit, dès cette époque, en Europe et surtout en France, sont exposés dans le morceau qui suit le discours prononcé au collège de France. Il est intitulé: Lettre au rédacteur du Journal asiatique, sur l'état et les progrès de la littérature chinoise en Europe (1822). On a lieu d'être surpris, après la lecture de cette lettre, de la révolution subite qui s'opéra alors dans le monde savant, et du mouvement progressif, que les connaissances profondes de celui qui avait donné la première impulsion, firent éprouver à la littérature chinoise.

Dans les deux morceaux qui suivent, sont traitées deux questions du plus grand intérêt, et qui doivent exciter vivement l'attention de tous les philologues. Le premier est intitulé Sur les caractères figuratifs qui ont servi de base à l'écriture chinoise. « Si l'on pouvait démêler, dit M. A.-R., dans la foule >> des expressions d'une langue, celles qui ont appartenu de >> tout temps au peuple qui la parle, et celles qu'il a créées plus » récemment; séparer et trier les termes primitifs des termes » secondaires, il est probable qu'on jetterait beaucoup de jour » sur l'état antique et la marche progressive des opinions reli

gieuses et scientiques...., enfin sur tout ce qui constitue >> l'histoire des nations ». Cette opération n'est guère praticable à l'égard des langues alphabétiques, mais il est possible de l'exécuter sur l'écriture d'un peuple qui, depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, s'est attaché à peindre les objets, au lieu de représenter des sons, et chez qui le nombre primitif des images est resté le même. M. A.-R. est parvenu à extraire et à rassembler cet antique vocabulaire figuratif. Le nombre des signes qui le composent est de 200, et leur réunion présente un tableau curieux des idées et des connaissances des Chinois, à

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l'époque de leur invention. « Partant de ce principe, dit » M. A.-R., que le vocabulaire d'un peuple peut être considéré, » jusqu'à un certain point, comme le miroir de son génie, » voyons quelle idée les Chinois nous donnent d'eux-mêmes, » dans les rudimens de leur écriture. Presque point de religion, nulle idée morale, nulle observation des phénomènes » célestes, nulle connaissance de la division du temps; point » de villes, de murailles, de temples; etc., etc.» Peu à peu le nombre des signes augmenta, à mesure que de nouveaux besoins se firent sentir; mais il ne pouvait être question de tracer de nouvelles figures, qui auraient fini par se confondre en se multipliant. Il fallait, d'ailleurs, appliquer l'art d'écrire à des êtres moraux, à des choses qui n'avaient pas de formes; il fallait exprimer les idées abstraites et les opérations de l'esprit. Les Chinois ont vaincu toutes ces difficultés sans créer de nouvelles figures, en combinant ou groupant, deux à deux, ou trois à trois, les signes primitifs, de manière à former une multitude de symboles ingénieux, dont l'analyse offre des allusions, des traits piquans et épigrammatiques qui frappent l'imagination, et qui offrent autant de moyens mnémoniques, propres à les faire rǝtenir facilement. Ainsi, pour peindre la colère, on mit un cœur surmonté du signe d'esclave. Pour l'entraînement ou la séduction, on groupa l'image de femme avec celles de parole et de filet. Pour exprimer l'idée d'ami, on plaça deux images de perles à côté l'une de l'autre ; il est si difficile de rencontrer deux perles exactement appareillées! etc., etc., etc.

Dans le second morceau, qui a pour titre : Sur la nature monosyllabique attribuée communément à la langue chinoise, l'auteur combat cette opinion généralement reçue alors, que la langue chinoise est entièrement formée de monosyllabes, et il prouve d'une manière irréfragable, que les caractères chinois se réunissent souvent plusieurs ensemble, et de différentes manières, pour exprimer des noms et des idées simples, et qu'ils forment, par cette jonction, des expressions qui sont composées de caractères, comme les mots des autres langues sont composés de syllabes.

Les autres mémoires, qui composent ce volume, sont : 1°. Plan d'un dictionnaire chinois, dans lequel, après avoir examiné philologiquement et bibliographiquement les dictionnaires chinois composés jusqu'à ce jour par les Européens, M. A.-R.

donne une notice fort curieuse de quelques dictionnaires chinois manuscrits, et il termine en disant, que le dictionnaire du P. Basile de Glemona aurait pu être imprimé en 1 vol. in-8°., moins épais que le dictionnaire de Noël; or, cet ouvrage du P. Basile est cet énorme volume in-fol. de près de 1200 pages, qui a été imprimé depuis par les soins de M. de Guignes. M. A.-R. termine ce morceau par une notice, dans laquelle il passe en revue tous les travaux des Européens, ayant pour but la grammaire et les élémens de la langue chinoise, et où il trace le plan d'une introduction à l'étude de cette langue.

2o. Observations sur un ouvrage de M. Marshman, intitulé: Clavis sinica.

3o. Observations sur la grammaire chinoise de M. Morison. 4o. Examen du dictionnaire chinois de M. Morison. Ces trois morceaux se rattachent, en plusieurs points importans, à celui qui les précède immédiatement, et l'examen de ces trois ouvrages fait voir combien leurs auteurs se sont écartés des vues si judicieusement exprimées par M. A.-R., à la fin de son mémoire sur les dictionnaires chinois.

5°. Sur le supplément au dictionnaire chinois-latin du P. Basile, rédigé par M. Klaproth.

6o. De l'étude des langues étrangères chez les Chinois. Cette dissertation, qui offre plus d'un genre d'intérêt, est fort importante; d'abord parce qu'elle nous fait connaître un fait * ignoré jusqu'à ce jour, c'est que le sanskrit est étudié par les Chinois, sous le nom de langue Fan; ensuite parce qu'elle détruit de fond en comble une des erreurs les plus accréditées, au sujet des Chinois. « En effet, dit M. A.-R., parmi les con>> naissances qui occupent les veilles des lettrés de la Chine, on n'a pas coutume de placer l'étude des langues étrangères; >> il semble que cette branche importante de la philologie, peu >> en honneur dans l'Orient, devrait être encore moins cultivée » à la Chine que partout ailleurs, à cause de la haute estime » que le peuple de cet empire a pour sa propre langue, et du » mépris qu'il porte à tout ce qui est étranger,.... Les détrac>>teurs des Chinois n'ont pas manqué de le supposer chez lui encore plus opiniâtre et plus aveugle qu'il ne l'est réel.

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»lement ».

70. Explication d'une énigme chinoise.

8°. Sur l'inscription attribuée à l'empereur Iu.

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9o. Sur la traduction du Lun-iu, par M. Marshman,

10o. Sur la traduction de Mencius, par M. Stan. Julien.

11°. Sur les maximes de l'empereur Khang-hi.

12°. Sur une comédie chinoise intitulée : Le vieillard qui obtient un fils.

13°. Sur quelques nouvelles traduites du chinois M. Davis.

, par

14°. Sur les éditions chinoises de M. le baron Schilling de Canstadt.

15. Sur les livres chinois de la bibliothéque de Berlin. C'est l'analyse du savant catalogue que M. Klaproth publia en Alle-mand, en 1822.

16o. Sur les livres chinois de la Bibliothèque du Roi.

Nous regrettons que le défaut d'espace ne nous permette pas d'offrir l'analyse de chacun de ces mémoires. La plupart contiennent des faits peu connus, ou même entièrement ignorés, qui doivent vivement piquer la curiosité; quelques-uns renferment des vues nouvelles, des doctrines saines et judicieuses qu'il est important de propager; enfin, l'on retrouve, dans le moindre de ces opuscules, cet esprit philosophique si remarquable, tout à la fois, par sa finesse et sa rectitude, cette variété de connaissances, et ce talent supérieur, qui ont placé au premier rang le savant auteur des Recherches sur les langues tarC. LANDRESSE.

tares.

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487. AUSFUERRLICHES Largebabude der Sanskrita Sprache. Élémens de la langue sanskrite; par BOPP. 1. cah. in-4°. de 96 pag., pr. 1 thlr. 16 gr. (Gætting. gel. Anzeig. fév. 1825; no. 35, p. 345.)

Il paraît que le but de l'auteur est de développer d'une manière claire et précise la construction grammaticale de la langue sanskrite, en suivant un système propre à donner une con naissance etendue de cette langue, sans qu'on ait besoin d'une instruction verbale. L. D. L.

488. DICTIONNAIRE hindoustani, dans lequel on rectifie un grand nombre d'erreurs répandues en Europe sur la religion, les mœurs, les usages et les connaissances des Hindous; précédé d'une grammaire et d'un recueil d'étymologies indiennes contenant plus de mille mots européens dont l'ori

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