Imágenes de páginas
PDF
EPUB

factices, dont on ne pouvait imaginer même le modèle. Le stoïcisme, qui exigeait cette exaltation de vertus, ne pouvait trouver de sectateurs que parmi les amis de la philosophie, Le christianisme était un besoin, le christianisme pouvait seul réformer le monde, recréer la morale, et proposer à l'homme un assez noble but pour qu'il pût l'atteindre. Seul il pouvait, prenant l'homme au berceau, le conduire dans la vie en lui montrant le ciel comme une patrie nouvelle. Le christianisme a une force de reproduction, un besoin de prosélytisme qui devait étendre son règne. Dioclétien persécuta le christianisme comme troublant le culte dominant qui portait à la tolérance; souverain pontife, pouvaitil voir renverser les autels qu'il devait défendre? Constantin et Julien apparaissent sur la scène de l'histoire. Le premier achève de fonder l'empire d'Orient, en établit le siége dans la ville qui porte son nom. Le second, dans le court espace d'un règne de moins de trois ans, fit assez pour donner matière à l'éloge, et au blâme le droit de l'apprécier. Politique, empereur, homme privé, il eut tous les talens, toutes les sortes d'habiletés qui lui concilièrent les suffrages; philosophe, sa superstition s'accorda mal avec les prétentions qu'il affectait au stoïcisme. Son expédition des Gaules a révélé un héros; celle contre les Perses est restée imparfaite par sa mort. Son successeur obtint la paix en signant un traité honteux. Il rend aux chrétiens et leurs autels et leurs pasteurs, et meurt sans gloire après un règne d'un peu plus d'une demi-année. Telle fut la grandeur de Julien qu'il força l'estime de ses ennemis; telle fut la bassesse de Jovien qu'il ne put pas trouver de panégyriste.

[ocr errors]

Le débordement des Huns, des Goths, des Visigoths, de ces peuples que le Nord verse périodiquement sur le Midi, signale les règnes suivans. Les chefs de l'empire luttent avec des succès variés, jusqu'à ce que l'élévation des empereurs Arcadius et Honorius laisse la résistance inutile. Dans un état fort, un prince faible peut gouverner; le ressort est hors de lui mais lorsqu'une puissance est sur son déclin, la faiblesse amène la dissolution, les ruines appellent les ruines, l'abîme s'agrandit et finit par tout engloutir. L'anarchie régnait partout; elle eut ses maximes. Le caprice militaire avait réglé depuis trois siècles le sort des maîtres du monde. L'indolence et les dissolutions dominent à tel point la milice romaine,

:

qu'elle ne sait plus, même les armes à la main, avoir une volonté. En vain le génie de Stilicon voulut s'opposer à la ruine totale de l'empire; le génie est dans les temps de dégénérescence une inutile barrière.

Pendant que Stilicon et Rufin se disputent la puissance, Alaric descend de la Thrace, porte le fer et le feu dans la Grèce, dans l'Italie, assiége Rome, la saccage et va mourir dans la Calabre, emportant dans la tombe les regrets des Goths qu'il avait toujours conduits à la victoire. Il y a quelque chose de mystérieux dans le choix que firent ses soldats du lit d'un torrent pour y placer le lieu de sa sépulture. Le fleuve est détourné, une caverne immense est creusée, les trésors du conquérant y sont enfermés, et les captifs qui auraient pu révéler le secret du monument auquel on les avait forcés de travailler ne le sauraient divulguer. Le fleuve reprend son cours, et les esclaves sont égorgés. Ainsi périt le destructeur de Rome, le fondateur de la monarchie des Goths.

Les frontières de l'empire sont ouvertes de toutes parts; les Bourguignons, les Alains, les Vandales, les Suèves, les Visigoths, les Ostrogoths y pénètrent. On pourra, dans les 3., 4. et 5. livres des Annales, suivre leur marche ; c'est la vague de la mer qui, poussée par la tempête, dépasse sa limite ordinaire, couvre successivement et laisse à nu le rivage qu'elle envahit.

Un intérêt plus puissant nous entraîne vers l'époque qui nous occupe. Les Francs veulent avoir part aux dépouilles; leur courage ne connaît pas d'obstacles; leurs efforts participent dela ténacité du caractère des Germains. Ligue sacrée formée pour défendre leur liberté, plusieurs fois ils ont trouvé la mort au milieu des combats, mais jamais ils n'ont tendu les bras pour recevoir des fers après une défaite. Parmi ces tribus, mélange de cent peuples barbares, la plus considérable est celle des Saliens. En 428, guerrier plein de valeur, grand parmi les siens, Clodion leur chef traverse le Rhin, présente le combat à Aëtius et est défait. Il repasse le fleuve et va dans les cantonnemens où les siens se sont maintenus pendant deux siècles, chercher à réparer ses forces épuisées.

Attila paraît sur la scène il fut le prototype de tous les conquérans, Des extrémités de l'Orient jusqu'à l'Océan septentrional, la terre trembla sous le poids de ses armées. Son caractère fut grand et élevé; l'orgueil, la fureur brutale, la fé....

rocité innée à un Scythe, le besoin du sang, en forment les priucipaux traits. Il entraîne son armée, envahit le monde conuu : son irruption est semblable à celle du torrent; elle en a les ravages. Son regard était terrible, il lançait l'éclair; c'était le maî tre du monde, qui était appelé à le dominer. Il y a quelque grandeur à conserver pour soi l'escabeau, l'écuelle de bois d'un Scythe pour y déposer des mets grossiers, tout en s'entourant d'un luxe qui effaçait ce que Rome et l'Orient avaient imaginé de plus somptueux. Cependant Attila eut le sort de tous les conquérans. Après cent victoires, il reconuut un maître, il trouva un vainqueur. Sa marche est rétrograde; il cède et signale sa fuite par de sanglans exploits c'est le lion qui rentre dans sa tanière. Mais plus heureux qu'aucun autre dominateur des nations, il lui fut donné de ramener son armée aux lieux où il était né, et í années encore il fut le roi de ses soldats. Il se reconnut comme un instrument de vengeance dans la main divine; il remplit sa mission.

L'obscurité des temps s'accroît à mesure que l'empire penche vers sa ruine; les arts s'éteignent, les faits n'offrent plus de témoignagne. La chute des empires, lorsque leur constitution a été forte, est lente et insensible; mais arrivées au bord de l'abîme, les nations s'affaiblissent et disparaissent tout à coup. Les barbares s'établissent. Écoutons l'historien raconter luimême cette catastrophe; il perdrait trop à être mutilé.

Nous arrivons à grands pas, nous touchons presqu'au point où cette inondation va couvrir les Gaules et tout l'empire. Les frontières se retirent vers le centre, et le centre se réduit naturellement et, pour ainsi dire, parle cours nécessaire des choses.

» Ce qui nous montre que la destruction de la puissance romaine était le résultat inévitable des événemens précédens, c'est que les barbares, le plus souvent, ne se proposaient pas des conquêtes. La plupart avaient été placés par les Romains euxmêmes, comme protégés de l'empire, dans des provinces dépeuplées par de longs fléaux, à la charge d'en défendre les frontières contre les autres peuples qui s'y présentaient à leur tour. Plusieurs de ces peuples étaient eux-mêmes fugitifs plutôt que conquérans. Chassés de leur demeure par d'autres nations plus puissantes ou par la faim, ils ne demandaient aux Romains que la subsistance et un asile contre la férocité de leurs vainqueurs.

[ocr errors]

>> Si l'empire eût dû être ruiné par la force des armes, il l'eût

été bien auparavant. Les invasions les plus redoutables avaient eu lieu; elles s'étaient étendues de l'embouchure du Danube aux Thermopyles, avaient traversé d'une part l'Illyrie, toute l'Italie jusqu'au détroit de Sicile, et ne s'étaient arrêtées qu'au bord des Pyrénées; d'autres, des bords du Rhin, se dirigeant à tra vers les Gaules, l'Espagne et le détroit d'Hercule, avaient trouvé leur, terme en Afrique : et pourtant l'empire avait subsisté, et malgré les divisions et les discordes civiles qui l'agitaient encore au dedans, les armes de ses généraux avaient failli détruire plus d'une fois ces états barbares à leur naissance. Mais à mesure qu'un pays était ravagé par les barbares, un autre plus rapproché du centre devenait le but de leurs pillages. L'empire, sans subir précisément de conquêtes, diminuait insensiblement. Aussi, dit un célèbre écrivain (Montesquien), ce ne fut pas une certaine invasion qui perdit l'empire, ce furent toutes les invasions. >>

Telle est la manière de l'auteur; il recueille avec soin les témoignages, en fait un faisceau qu'il présente à la foi de ses lecteurs; sa conviction entraîne. Le commencement du 6. livre retrace, d'après Tacite, les mœurs des Germains, ces coutumes qui, quoique altérées, ont descendu jusqu'à nous. Bientôt Théodoric se présente à son pinceau avec une sorte de complaisance. Théodoric, appelé du fond de l'Illyrie par Zénon pour l'opposer à Odoacre, entre dans l'Italie, s'empare de Ravenne, et fait succéder le spectacle admirable d'un prince qui consacre par les lois les plus sages une autorité acquise par la violence. Ce roi des Goths est un modèle qui n'a pu être encore surpassé. Grand dans ses projets, sage dans leur exécution, affermissant le présent comme garantie de l'avenir, plaçant la puissance sur la double base de la force des armes et de la justice, protégeant les lettres, favorisant le commerce, Théodoric n'a aucun genre de gloire à envier, sous quelque point de vue que l'histoire le considère. Cependant quelques crimes que la politique excuse, mais que la morale ne saurait absoudre, ont terni l'éclat de tant de vertus héroïques.

Le 7. livre est entièrement consacré au règne de Clovis et de ses enfans. Cette époque de notre histoire est tracée dans les Annales du moyen âge avec cette étendue raisonnable qui, sans rejeter les secours de l'érudition, n'en reproduit pas périodiquement le fatigant étalage.

Nous espérons que les livraisons qui suivront, soit sous le rapport du style, soit sous celui de la sage ordonnance des matériaux, répondront à celle que nous analysons; mais nous engageons l'auteur à citer toujours ses sources. BERTHEVIN

56. Leurbuch der KirchengeschichтE, etc. Élémens de l'histoire de l'église; par GIESELER. 1er. vol. in-8°. 502 p. Darmstadt, 1824. (Gætting. gel. Anzeig. 1825, juin, p. 877.)

er

Le domaine de l'histoire de l'église a été exploité de toutes les manières, de sorte que les ouvrages de cette nature ne peuvent rien offrir de nouveau; mais cette circonstance ne tourne pas au préjudice d'un ouvrage qui expose avec un talent par→ ticulier les principaux faits que l'on trouve isolés dans les autres ouvrages et le plus souvent dénaturés. Le 1er. vol. que nous annonçons contient deux périodes dont chacune est divisée en trois sections. La première s'étend depuis l'an 1". jusqu'en 324. La première section comprend l'époque des apôtres jusqu'a u règne d'Adrien, ou jusqu'en 17. La seconde part de 117 jusqu'à l'avénement de Septime Sévère, ou jusqu'en 193; et la troisième conduit l'histoire jusqu'à l'autocratie de Constantin. La première section de la seconde période, -qui s'étend depuis 324 jusqu'en 726, comprend l'époque depuis 524 jusqu'en 451; la deuxième depuis 451 jusqu'en 622, et la troisième depuis 622 jusqu'en 726.

57. HISTOIRE DE LA RÉFORMATION; par M. W. MEINERS; in-12, 7 f. et demie, 1 fr. 50. Paris; 1825, Raymond.

[ocr errors]

58. A BRIEF SKETCH OF THE HISTOry and present situation of the VALDOIS. Esquisse rapide de l'histoire et de la situation présente des Vaudois; par HUGH DYKE ACLAND. In-8. Londres, 1825. Le sort des Vaudois excite un vif intérêt en Angleterre, Gilly a écrit sur leur état présent, et Jones a rédigé leur histoire. M. Acland en présente le résumé pour contribuer à rendre ce sujet plus populaire, et à mettre fin aux persécutions dont cette. secte est depuis long-temps la victime. L'auteur annonce en passant qu'il possède un des 8 à 9 exemplaires qui existent de l'histoire de la glorieuse rentrée des Vaudois dans leurs vallées, par le fameux Arnaud; M. Acland se propose d'en publier une tradaction avec les vues des localités d'après ses propres esquisses.

« AnteriorContinuar »