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B 2949 D4

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AVERTISSEMENT.

Le principal morceau contenu dans ce volume, l'Essai sur la dialectique de Platon, a été déjà publié. C'est une thèse présentée en 1848 à la Faculté des lettres de Paris. Comme ce travail a paru à quelques personnes une utile introduction à la philosophie de Platon, j'ai cru devoir le réimprimer en essayant d'y apporter quelques améliorations. Mais pour lui donner un intérêt un peu plus présent, j'y ai ajouté une étude sur la dialectique de Hégel, afin qu'on pût voir les analogies et les différences de ces deux philosophies et de ces deux méthodes, Hégel ayant souvent lui-même donné sa dialectique comme une application et un perfectionnement de celle de Platon.

En publiant des études d'un caractère si abstrait et spéculatif, je sais que je vais contre la tendance du moment, qui paraît de moins en moins favorable à la métaphysique et à la philosophie pure. Et cependant

JA.

je persiste à croire que ces recherches sont le plus haut et le plus digne objet des investigations humaines, et que leur abandon serait un grand signe d'abaissement intellectuel. C'est dans cette pensée et dans cette crainte que j'ai écrit récemment le morceau qui sert d'introduction à ce volume. Il m'a semblé qu'une défense de la philosophie et de la métaphysique ne serait pas mal placée ici, et protégerait en quelque sorte les études qui suivent.

INTRODUCTION..

LA PHILOSOPHIE ET SES NOUVEAUX ADVERSAIRES.

La situation de la philosophie est aujourd'hui assez délicate et même périlleuse. A la vérité, elle paraît moins menacée d'un certain côté qu'elle ne l'était il y a quelques années. La théologie est beaucoup moins agressive à son égard, et lui laisse une sorte de paix, qui peut paraître douce après les violences et les injustices des temps passés; elle lui emprunte même son secours, et au lieu de répéter sans cesse, comme il y a vingt ou trente ans, que la philosophie conduit nécessairement soit au scepticisme, soit au panthéisme, elle recommence elle-même à philosopher; elle reprend la tradition de saint Augustin et de Malebranche; elle comprend enfin qu'il est beaucoup plus prudent de se servir de la philosophie que de s'armer contre elle.

Mais tandis que d'un côté les hostilités paraissaient

a

s'apaiser, ou tout au moins changer de caractère et de tactique, de nouveaux périls se sont découverts et sont aujourd'hui tout à fait présents. D'où viennent-ils? Des sciences exactes et positives, dont le développement considérable devait évidemment amener un jour ou l'autre l'état de choses où nous sommes aujourd'hui. Les sciences, après avoir été sous le gouvernement de la philosophie, pendant le xvII et le xvi siècle, ont commencé à marcher sans elle, à partir de la révolution. Depuis cette séparation, elles ont fait des progrès considérables, et elles ont surtout conquis une grande puissance sur la vie pratique. Aussi ont-elles laissé entrevoir de nouvelles ambitions; elles ont voulu avoir dans le monde moral la même part d'influence que dans le monde physique; il ne leur a plus suffi de s'être affranchis de la philosophie; elles ont prétendu la détruire et la remplacer. Tel est l'esprit d'une nouvelle école, qu'on appelle l'école positive, dont l'empire est extrêmement puissant aujourd'hui, parce qu'il correspond à deux tendances généralement répandues, l'aversion pour les principes, et l'admiration pour les faits.

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A la vérité, quelques esprits plus éclairés que positivistes absolus essaient de soutenir une thèse plus modérée. Suivant eux, la philosophie est condamnée comme science distincte; mais l'esprit philosophique, le sentiment philosophique ne périra pas.

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