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qu'il ne faut pas admettre parmi les preuves de la liberté le témoignage direct et immédiat de la conscience; cet argument n'a pas une portée universelle. Il est beaucoup d'hommes à qui leur conscience n'a jamais rendu un semblable témoignage, parce qu'en effet ils n'ont jamais agi librement. Quand ils réfléchissent à leurs décisions, ils parviennent aisément à en rendre compte sans y découvrir la moindre intervention d'une volonté libre. Par rapport à eux, le déterminisme est rigoureusement vrai...

<< La liberté n'est pas une faculté comme les autres, que nous possédions naturellement, que nous apportions en venant au monde et dont les circonstances au milieu desquelles s'accomplit notre vie favorisent l'épanouissement tout au contraire, les influences extérieures tendent à l'étouffer, à en empêcher l'exercice... L'homme ne naît pas libre, il peut le devenir... La première des lois pratiques, dit M. Renouvier, avant ce qu'on appelle le bon usage de la liberté, c'est l'usage même; ce seul précepte: Exerce ta liberté, s'il est suivi, pose un premier fondement de la moralité des actes. Le premier devoir de l'agent libre est dans cela même, d'être libre... >>

L'intellectualisme ne domine pas tous les esprits, et ils sont quelques-uns déjà, les membres de notre Université, qui reconnaissent un impératif catégorique, qui distinguent entre la raison pratique et la raison pure. Voici M. Joyau qui oppose aux prétentions de la science le devoir de la personne autonome et fin en soi; nous aimons son livre, nous le recommandons à l'attention du lecteur.

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Après LA PROIE DU NÉANT, cette COMPLAINTE de L'ÊTRE; hier, les Notes d'un pessimiste; aujourd'hui, les Notes encore d'un pessimiste. Cela fait beaucoup de notes.

Elles offrent un intérêt plus que médiocre. Le pessimisme de M. Thiaudière n'a aucune valeur philosophique, il n'a aucune valeur morale.

Son pessimisme, il est fait de déceptions, rien de plus.

Les déceptions qu'il accuse peuvent bien lui faire mériter, à lui comme à tant d'autres qui les éprouvent pareillement, notre pitié, notre compassion, mais non pas, certes, cette admiration que M. Dietrich, en sa préface, nous dit ressentir. Mettons que M. Thiaudière n'a pas lu, avant

l'impression, cette préface-réclame, et mettons qu'il regrette qu'elle précède ses notes, puisque aussi bien il nous plaît de le tenir pour sincère quand il réprouve les petits et grands moyens dont usent nombre d'auteurs de peu d'intelligence et de peu de talent pour en imposer au public, qui ne demande, au reste, qu'à se laisser éblouir.

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M. Thiaudière est, au vrai, un catholique désabusé, de qui la mentalité, façonnée par la discipline que l'on sait, ne peut supporter le doute, et de qui la volonté, soumise du moins théoriquement à une obligation extérieure, ignore pourquoi et comment l'exercer, cette obligation apparaissant contestable; de là de véritables souffrances. Il admettait naguère la coexistence d'une âme et d'un corps; il admet présentement, même alors qu'il dit concevoir des doutes, car il lui faut des dogmes, que l'âme est un effet dont le corps est la cause; ce matérialisme, fait d'une moitié de spiritualisme, telle est bien la genèse de la doctrine par lui acceptée, ne lui a pas défendu, au contraire, la recherche de certaines satisfactions, et ni les hommes ni les choses ne lui ont donné ce qu'il attendait; d'où de nouvelles souffrances, celles-là plus aiguës, il y paraît. Il parle bien de la sympathie qu'il faut éprouver quand même la bonté nous fait une noblesse, elle nous procure des consolations; mais la théorie positiviste ou bouddhiste qu'il rappelle reste pour lui pure théorie. La véritable consolation serait de posséder « la foi », il le déclare, et cette foi, à la possession de laquelle il aspire, n'est rien qu'une adhésion de l'esprit à telle ou telle notion; elle est un oreiller commode pour dormir. Intellectualiste il était, intellectualiste il demeure. Ce qu'est le mal, le péché, il ne le sait ni le devine, Il n'a pas besoin de cette foi qui est pour la volonté telle suite de représentations qu'elle se peut choisir pour qu'elles fortifient son désir de l'affranchissement. Il veut d'une religion, mais non d'une religion fondée sur quelque morale autonome, non même de cette religion qu'il a pu connaître et qui impose une morale hétéronome. En même temps que des dogmes acceptés aveuglément, il souhaite l'oubli de soi, un sommeil très calme avec des rêves très doux, des jouissances encore, mais des jouissances exquises et qui ne trompent pas. L'artiste, le dilettante, qui est en lui, se souvient du chant des orgues, des parfums enivrants, de la lumière passant à travers les vieux vitraux et mettant des auréoles d'or aux fronts des personnages des très vieilles légendes. Il est mystique plus qu'à moitié, et son mysticisme n'a rien encore de philosophique.

Il nous faut transcrire quelques-unes des notes consignées par notre auteur? Faire un choix est difficile Plusieurs de ces phrases travaillées, et qui sentent l'huile, sont de simples jeux de mots; en voici deux :

« Cette vie nôtre, si stupidement emmalheurée, devient parfois bonne pour la brute qu'on panse, mais elle reste toujours mauvaise pour l'esprit qui pense. p, 113.

« Si c'est vraiment un Dieu qui a fait la terre, il a fait là une bien grosse boulette!» P. 107. D'autres phrases expriment des jugements assez banals.

elles sont au

mis encore d'éviter de leur donner des solutions risquées ou qui ne fussent pas généralement approuvées; il n'a que trop bien tenu la promesse qu'il s'était faite. Il n'a pas élargi les problèmes, au contraire, et les doctrines opposées à celle-là qui est « le plus généralement admise dans l'enseignement », c'est à peine s'il les a mentionnées; encore ne l'a-t-il fait qu'accidentellement et en les présentant par l'un quelconque de leurs côtés. D'histoire de la philosophie, il s'en trouve si peu en son livre qu'autant eût valu qu'il ne s'en trouvât pas du tout.

Qu'un professeur se conforme strictement au

Les réflexions qui méritent peut-être qu'on s'y plan d'un tel Cours, et les élèves qu'il fera entrearrête se rapportent toutes, ront dans la vie assez ignorants en somme des systèmes philosophiques.

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nombre de plus de cent, à la vanité de quelque ambition que ce soit. Telles sont les suivantes : « Lorsqu'on a eu la longue présomption de jouer un rôle supérieur et que tout à coup l'on est réduit à l'évidence qu'on était bon tout au plus à faire un avoué de province, quelle chute d'amour-propre! » P. 122.

« Ce qui donne quelque mépris au philosophe pour la renommée, c'est que, si le talent ou la vertu en est l'un des ingrédients habituels, il y est si peu nécessaire qu'on s'en passe très bien, tandis que vertu, talent et même génie combinés, mais sans autre adjonction, ne suffiraient point à la créer. Il y faut surtout de la présomption, de l'intrigue, de la rouerie, de l'impudence, de la servilité, de la tyrannie, de l'injustice, de la traìtrise, parfois de l'immoralité, tout au moins des circonstances très propices. » P. 132.

Dédaigner les grandeurs qui ne sont point à notre portée est une disposition d'esprit bien meilleure que de les envier. » P. 276.

M. Thiaudière devrait lire Pascal, il devrait lire saint Paul; il apprendrait de quelle portée peut être le scepticisme, de quelle valeur le pessimisme.

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Faut-il dire que nous n'entendons pas les scrupules de notre auteur? ajouter qu'on peut surcharger une intelligence en la meublant de trop de ces connaissances qui exigent des nomenclatures compliquées, mais qu'on ne la surcharge pas en lui ouvrant des perspectives nouvelles ou plus étendues? et ajouter aussi que l'examen de fin d'études secondaires est quelque chose d'autre que ces examens qu'on fait subir à de jeunes catéchumènes? Les programmes ont du bon; il ne faut pas les suivre à la lettre. Il est forcément, à toute époque, une doctrine régnante qui inspire le législateur, l'homme d'État; cette doctrine, il ne convient pas de la considérer comme une façon d'orthodoxie.

Dans l'ouvrage, des idées plus larges, si l'on veut, que celles qu'on est accoutumé de voir exprimées par des membres du clergé catholique mais la marque en même temps d'habitudes d'esprit contractées dans les séminaires.

F. G.

Études sur la raison, par FÉLIX CELLARIEr. Un vol. in-16. Paris, Félix Alcan; 1889. Prix 3 francs.

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- on se

Si, n'étant pas satisfait de la façon dont tel ou tel problème philosophique a été posé, abordé, et si, répétant les diverses solutions proposées, celles que l'ont connaît, seuls, les mieux informés ont peur de ne pas les connaître toutes, donne la peine de disserter, de rédiger un travail, si court soit-il, c'est assurément parce qu'on croit bien avoir à dire touchant la question dont on s'est occupé quelque chose de nouveau et quelque chose d'intéressant ; à quoi bon, partant, les précautions oratoires et l'affectation d'une humilité qu'on ne saurait éprouver ? L'auteur ose livrer ses « aperçus aux méditations des âmes d'élite, toujours préoccupées... » ; il les soumet, il les livre; mais cela va de soi; du moment qu'il

publie son travail, c'est pour qu'on le lise et qu'on le juge; il n'était pas besoin de cette circonlocution, ni tant d'autres. Il exprime des doutes: se serait-il trompé? Et n'est-il pas indigne de traiter des sujets aussi relevés? « Après une laborieuse navigation accomplie à travers mille écueils et mille difficultés, nous atteignons enfin le port, » - c'est le début du chapitre vi, le dernier de la première partie, «la modeste cargaison recueillie dans notre course un peu aventureuse nous payera-t-elle les fatigues du voyage? Ou bien pourra-t-on nous appliquer ce que le rabbin Akiba disait à un explorateur acharné du mètre oublié et perdu de l'antique poésie des Hébreux : « Tu as plongé dans des gouffres immenses et tu n'as rapporté qu'un tesson dans ta main » ? C'est ce que nous ignorons. » Tout cela sort du bon naturel. De ces protestations de modestie, il s'en trouve à toute page. Il s'en trouve vraiment trop; elles ne tromperont aucun lecteur. Elles ne dissimulent pas, elles accusent, au contraire, de très grandes prétentions. Il pense avoir réfuté Descartes, avoir réfuté Kant, et, vraiment, on pourrait croire qu'il se juge in petto plus grand que Descartes, et plus grand que Kant.

Exposons son système, appelé, pour peu que les âmes d'élite le veuillent bien méditer, à remplacer tous ceux qui ont été jusqu'ici échafaudés.

Ce système « a une base plus large et plus inébranlable que le minimum quid inconcussum de Descartes, son fameux : Cogito, ergo sum. Cette base, c'est l'affirmation absolue de l'être absolu par le moi ».

Jusqu'à ce jour, les idées rationnelles (celles dont l'origine est inexplicable pour les facultés empiriques) ont été considérées en tant qu'idées; mais une idée est une manière de voir de l'esprit qui n'entraîne pas nécessairement l'existence métaphysique de son objet, et les idées rationnelles, dont on dressait la liste, étaient toutes, par suite, de pures idées logiques. M. Cellarier distingue, lui, entre les idées métaphysiques et les idées logiques.

Il n'a pas voulu partir de l'idée pure; cela ne l'eût mené à rien; la réalité subjective de l'idée est incontestable; ce qu'il a voulu atteindre, c'est sa réalité objective.

« Nous avons remarqué, dit-il, que dans l'ordre contingent, le jugement précède toujours l'idée: si nous avons l'idée de moi, d'existence, c'est parce que ces idées nous ont été données par le jugement j'existe, dont nous les avons tirées, par l'abstraction. Nous nous sommes demandé s'il n'en serait pas ainsi dans l'ordre absolu, et nous sommes demeuré convaincu qu'il n'en saurait être autrement. Nous avons l'idée de l'être absolu;

est-ce là une idée purement logique, c'est-à-dire dépouillée de toute affirmation? Mais l'affirmation est contenue dans l'idée même de l'être... et du moment que l'on est en possession de la réalité de l'être absolu, tout découle avec la plus grande facilité. »

L'idée d'être est la première qui se présente à nous; elle fait son apparition dans l'affirmation absolue de l'être en général, qui accompagne nécessairement le sentiment de notre propre existence. L'idée de substance marche avec elle, et l'idée de cause vient enfin compléter la notion affirmative et vivante de l'être.

La plus générale des idées qui représentent des attributs, l'idée d'infini, se tire par abstraction de la notion de l'être absolu conçu sous son triple aspect d'être, de substance et de force. Les trois idées d'unité, d'identité, d'immutabilité sont virtuellement contenues dans celle d'infini, dont elles ne sont que l'analyse. Les idées de bien, de vrai, de beau se rapportent au relatif comme à l'absolu; pour celles de temps et d'espace, elles ne représentent ni des êtres ni des attributs, mais de simples rapports.

Après avoir ainsi fait sortir les unes des autres les idées rationnelles, dans la première partie de son travail, M. Cellarier, dans la seconde, expose une théorie des principes rationnels. Allons au point principal, à la distinction « entre l'essence et l'existence chez l'être absolu et chez les êtres contingents ».

Mais contentons-nous de transcrire :

« Avant nous, on ne distinguait l'essence de l'existence, dans l'être contingent, que vaguement... Nous, au contraire, en nous attachant fortement à cette distinction, nous nous sommes convaincu... que le caractère de l'essence pouvait différer complètement du caractère de l'existence; et, marchant dans cette voie, nous sommes arrivé à cette conclusion que l'essence de l'être fini pouvait être infinie, devrait être infinie; que, par conséquent, l'infini étant nécessairement un, il n'y avait qu'une seule et même essence, quoiqu'il y ait plusieurs existences diverses, et, par suite, une seule et unique raison absolue,immua. ble, infinie, puisque la raison est un attribut de l'essence, et non de l'existence qui ne fait que la manifester...

« Chez l'être fini une tendance vers un développement infini; cette tendance est un fait constant et qu'aucun psychologue sérieux n'oserait nier. Or, comment les philosophes expliquent-ils ce fait incompréhensible, et inconciliable avec l'idée d'une essence contingente ou de même nature que l'existence? Ils ne l'expliquent pas... Dans notre système, il n'offre plus rien d'obscur

et s'explique de lui-même. L'existence contingente c'est-à-dire la manifestation limitée d'une essence nécessaire, tend à un développement infini, c'està-dire vers la manifestation pleine et entière de cette essence nécessaire et absolue. Si vous placez chez un être une tendance à un développement infini, il faut, par une conséquence rigoureuse, que vous admettiez chez ce même être de quoi fournir à ce développement infini, de quoi le rendre possible. Cette existence, dans un être contingent, d'une tendance vers un développement infini est donc la preuve de l'infinité de son

essence. »

Et M. Cellarier de célébrer son système, d'une si haute valeur morale! De quel encouragement, s'écrie-t-il, n'est-il pas pour la vertu ! Qui se ipse norit, primum aliquid sentiet se habere divinum... Il nous redonne la phrase que l'on connaît de reste.

Au lieu du Cogito, ergo sum, dont se réclame le rationalisme et dont l'idéalisme pourrait se réclamer à plus juste raison, un sum, ergo aliquid divinum habeo, qui implique une façon de panthéisme.

Cette philosophie nouvelle sera-t-elle longtemps et beaucoup discutée? Nous en doutons fort.

L'Éducation morale dès le berceau, essai de psychologie appliquée, par BERNARD PEREZ. Deuxième édition, entièrement refondue. Un vol. in-8° de la Bibliothèque de philosophie contemporaine. Paris, Félix Alcan; 1888. Prix : 5 francs.

L'ouvrage a été remanié, mais, n'en déplaise à l'auteur, le livre, que nous sommes loin de condamner, est resté le même. M. Perez, dans sa préface, écrit que « la première partie, qui a trait aux moyens de discipline, ne doit presque rien à la première édition »; presque rien, c'est beaucoup dire; l'autorité des physiologistes y est plus souvent invoquée, les analyses psycho-physiologiques laissent paraître un plus grand éclectisme que devant; point d'autres changements.

L'auteur les tient pour considérables. C'est que son dessein, qu'il confesse d'ailleurs, a été, quand il reprit son œuvre, de contenter mieux encore tout le monde et son père. Il nous faudrait nous corriger nous-même et reconnaître que le livre, « tel qu'il est offert aujourd'hui au public, est, à beaucoup d'égards, un livre nouveau », que nous serions, alors, obligé d'ajouter et le livre, qui appelait autrefois des réserves, en appelle aujourd'hui, sinon de différentes, du moins de nouvelles et de plus précises ». Est-ce que la peur,

écrit encore M. Perez, est-ce que la colère, la jalousie, la véracité, la bienveillance, est-ce que toutes les tendances bonnes et mauvaises de l'espèce humaine ne sont pas les mêmes, et ne sont pas à diriger par les mêmes procédés, chez les fils des idéalistes et les fils des empiriques, chez les fils des croyants et ceux des sceptiques de tout nom et de toute nuance? Sachons donc, enfin, au lieu des sectaires que nous voulons paraître, nous montrer tout simplement les hommes, les frères, les concitoyens que nous sommes. La morale et l'éducation, de même que la science et le patriotisme, se trouvent sur un terrain neutre, celui où nous avons le plus d'intérêt et le plus de facilité à nous trouver tous d'accord. » Il fait sienne cette déclaration de M. Compayré: En dehors et au-dessus de toute doctrine confessionnelle, il y a une morale humaine qui ne relève que de la science pure, qui ne se fonde que sur la raison naturelle. C'est celle dont Voltaire disait qu'elle n'a rien de commun avec les dogmes, c'est celle que Talleyrand recommandait comme une science véritable dont les principes seront démontrés à la raison de tous les hommes, à la raison de tous les âges, comme un rendez-vous commun, où, malgré la différence des sectes, les hommes doivent tous se réfugier et se réunir. Qu'est-ce que cette science pure de laquelle relève la morale humaine? Et qu'est-ce que cette raison naturelle sur laquelle se fonde la science pure? La raison naturelle, quelque chose, sans doute, comme la raison impersonnelle, la science pure, tout cela n'a rien de commun avec les dogmes? M. Perez veut que nous nous montrions simplement des hommes; simplement? et des hommes ? Quoi ! ce serait si simple, pour tous, de concevoir les vraies fins, les vraies modes et les vraies conditions de l'activité, et si simple, pour tous, d'agir, en effet, comme il convient pour être vraiment hommes. Dogmes et postulat ne sont pas même chose; évidence et croyance non plus. Diverses mentalités pour les hommes que nous sommes, et nous disputerons toujours, c'est à croire; nous ajouterions volontiers: c'est à espérer, nous agiterons toujours la question de nécessité et celle du libre arbitre, celle du bonheur ou de l'intérêt et du devoir. M. Perez, après M. Compayré, s'illusionne s'il pense qu'on puisse concilier les doctrines de Kant avec les doctrines d'Herbert Spencer.

Le traité de l'Éducation morale dès le berceau, nous ne l'avons jamais recommandé, jamais nous n'avons souhaité qu'il devînt comme un manuel; mais nous sommes prêt à répéter ce que nous disions naguère quand parut la première édition de l'ouvrage : l'ouvrage mérite qu'on le consulte.

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Les régions invisibles du globe et des espaces célestes, par A. DAUBRÉE, membre de l'Institut. Un vol. in-8° avec 78 figures dans le texte, de la Bibliothèque scientifique internationale. Paris, Félix Alcan; 1888. Prix: 6 fr.

Quatre études dans ce volume; on les connaît toutes quatre elles ont paru dans la Revue des Deux-Mondes; la dernière qui a été publiée l'a été il y a un an.

Les titres de ces études sont, rappelons-le, pour la première: les Eaux souterraines, leur travail à l'époque actuelle; pour la deuxième : les Eaux souterraines, leur rôle minéralisateur; pour la troisième : les Tremblements de terre; et pour la dernière, enfin les Météorites et la constitution du globe terrestre.

Monde invisible que notre globe terrestre, mises à part les toutes premières couches superficielles, et, au-dessus de nos têtes, d'autres mondes invisibles. M. Daubrée explore ceux-ci après celui-là, observant, analysant, raisonnant par analogie et induction.

On aimera de relire ses relations de voyage, si l'on veut, à travers les mondes qu'on ne voit pas • qu'on peut connaître toutefois quant à leur constitution, à leur formation à travers les àges historiques et préhistoriques, quant aux mouvements qui agitent notre planète ou qui emportent les astres. Le voyageur, dans la première de ses relations, parle du régime des eaux souterraines, des puits artésiens, des puits naturels, des gouffres et abîmes, du rapport de la composition chimique des eaux souterraines avec la constitution géologique du sol, de l'origine de la température des sources; dans la deuxième, il dit les idées qu'on se faisait autrefois de l'origine des minéraux, il traite de l'action des eaux souterraines sur les

terrains sédimentaires, des modifications opérées dans les roches éruptives, du rôle des eaux souterraines dans la formation des gîtes métallifères, de l'intervention de ces eaux dans les phénomènes métamorphiques. Dans le troisième, il rappelle les derniers tremblements qui se sont produits, il démêle les caractères essentiels du phénomène, il recherche les causes de production et conclut à l'intervention probable de la vapeur d'eau surchauffée. Quatrième relation : des obser. vations quant aux phénomènes qui précèdent et accompagnent les chutes de météorites, l'étude de la constitution chimique et minéralogique des météorites, les hypothèses que peuvent suggérer la forme extérieure des météorites, l'état poussiéreux de corps de provenance céleste, les expériences tentées en vue de vérifier ces mêmes hypothèses, des considérations générales sur la formation des astres et du globe terrestre.

Les figures intercalées dans le texte l'illustrent heureusement, et l'ouvrage, qui a une valeur scientifique, peut être lu de ceux-là mêmes qui n'ont jamais fait qu'entrouvrir, à l'occasion, quelque traité de géologie ou de cosmologie.

Hypnotisme, états intermédiaires entre le sommeil et la veille, par COSTE DE LAGRAVE, docteur en médecine. Un vol. in-16. Prix: 2 fr.

Officier d'un certain ordre, chevalier de plusieurs autres, M. Coste de Lagrave est peut-être bien un médecin de grand mérite; il a cédé à la mode du jour, il s'est occupé, lui aussi, d'hypnotisme, nous ne l'en blâmons pas autrement; mais ses propres observations et les observations dont il a pu entendre parler, il les a recueillies, et de là ce livre, dont l'essor est assez peu pardonnable.

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